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les collections aristophil
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PROUST MARCEL (1871-1922)
Lettre autographe signée « Marcel » adressée
à Jacques RIVIÈRE
[Paris, 8 ou 9 février 1921], 8 pages in-8 à l’encre
2 500 / 3 000 €
Lettre autographe signée, adressée à Jacques Rivière, homme de
lettres et directeur de
La Nouvelle Revue Française
de 1919 à 1925.
« Dans l’enthousiaste émerveillement de votre livre dont je n’ai lu
qu’une toute partie quand je vous ai écrit, je me désole qu’une crise
qui ne cesse d’aller en augmentant me rende impossible jusqu’ici de
vous écrire les choses nécessaires (et qui ne sont que des détails,
la publication de ce chef-d’œuvre s’imposant quant à l’ensemble).
Pour le cas ou je n’allais pas mieux d’ici q.q.jours , dites moi combien
de temps vous resterez absent, afin que je voie s’il serait assez tôt
de vous écrire en détail à votre retour. […] Votre lettre m’a désolé : 1°
parce que vous avez l’air de croire que je me figure que ce serait de
la gentillesse et de l’amitié de vous dire combien c’est bien, si je le
trouvais [le livre] mal. Ce serait cela au contraire qui serait inamical.
2° parce que vous parlez d’anémie cérébrale […]. Ce qui me frappe
toujours chez vous c’est (moi justement je manque de cela) le par-
fait fonctionnement physique, la rapide irrigation sanguine de votre
cerveau. Un exemple entre mille, (car je suis physiquement incapable
d’écrire ce soir et je ne peux pas dicter une telle lettre) […]. Je n’avais
pas de réputation littéraire à perdre quand j’ai publié Swann chez
Grasset... Vous en avez une très grande. On ne s’attend pas à un
roman. On trouve l’Allemand, Rimbaud, le Sacre du Printemps, le
Rossignol, la Revue elle-même, une grande richesse d’œuvre. Il ne
faut frapper qu’à coup sûr car les yeux seront ouverts. Or justement
le propre de ce livre est au début de ne pas « frapper » au mauvais
sens du mot. […] C’est pour cela que je vous conseille des coupures
à rétablir, une fois qu’on aura compris Bérénice. ».
Lettre magnifique.