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littérature

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PROUST MARCEL (1871-1922)

Réunion de deux lettres autographes signées

« Marcel » adressées à

Jacques

TRUELLE

[Paris], octobre 1919 et fin décembre 1919 ou janvier 1920, 3

et 4 pages in-8 à l’encre sur papier fin anglais. (Très petits

accrocs aux extrémités des pliures, et quelques tâches).

8 000 / 10 000 €

À la fin de la guerre 14-18, Proust avait perdu plusieurs de ses amis,

tués au front, suicidés, ou éloignés de la vie parisienne. Il lui fallait

les remplacer. C’est ainsi qu’apparurent Emmanuel Berl, Jacques de

Lacretelle et Jacques Truelle. Jeune attaché d’ambassade à Rome,

ce dernier semblait particulièrement réceptif à son œuvre.

Dans la première lettre, Proust ne lui parle que de maladie et d’appar-

tement, celui dans lequel il vient d’emménager : « … 44 rue Hamelin où

moyennant 16 000 fr. par an j’ai trouvé un 5

e

pas chauffé, minuscule

et qui « représente » 2 500 fr. ». Quoi que ne voulant pas « faire le

médecin à distance », il préconise à son ami de la quinine ou un équi-

valent, utile dans son « insalubre Rome » ; puis, pour le risque d’une

« fièvre paludéenne, des purgatifs répétés (à condition de les rendre)

et des désinfectants ou fébrifuges comme la quinine ou l’aspirine. »

Il fait allusion à Henri Rochat, ancien valet de pied du Ritz, qui ne

laissait pas Proust indifférent et qui vivait à ses côtés rue Hamelin.

La seconde lettre, dans laquelle Proust se plaint comme toujours d’être

« d’un malade ! » est d’intérêt plus littéraire. Le 10 décembre 1919, il

reçoit le prix Goncourt pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs :

« Moi qui n’ai pas répondu aux lettres Goncourt, pour vous j’ai fait

exception. » Mais il se plaint que Truelle n’ai reçu ni lettre ni dépêche

« … généralement j’oublie les absents. Mais je pense toujours à vous.

Et même sur ce terrain secondaire et restreint des livres, quand on

me donne des éloges (ce qui arrive enfin !) je me dis : « Jacques

avec deux mots en dit plus que tous ! » […] en vertu d’un système

de dislocage que je blâme la NRF va sans doute paraître dans les

2 mois, seule, en un volume, la 1

ère

partie du Côté de Guermantes.

Avez-vous lu dans la NRF l’article de Jacques Rivière sur moi ? Je

le trouve non seulement trop élogieux mais faux. »