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l’engagement une gratification »… Suivent quelques détails sur l’entrée en vigueur des appointements, et le remboursement des frais du
voyage. Il faut leur dire « que ce n’est pas là comme à S
t
Domingue et que le séjour de la campagne est très sain dans les États-Unis »…
O
n
joint
une L.A.S. d’Auguste
B
ottée
à un camarade,
Paris
9 pluviose XI (29 janvier 1803, à son en-tête et vignette), transmettant
cette lettre et des instructions supplémentaires : « Vous peserez et l’interet de l’ouvrier et celui du maître »…
Reproduction page 153
486.
Jean-Henri FABRE
(1823-1915) entomologiste.
M
anuscrit
autographe,
Les Fourmis
; 5 pages in-fol. (dont une découpée
en deux, taches).
500/700
Chapitre L d’un ouvrage pédagogique d’histoire naturelle ; le manuscrit a servi pour l’impression. « Qui n’a pris plaisir à observer
l’activité des fourmis autour de leurs petits monticules de terre, dont le sommet est percé d’un trou pour la sortie et pour l’entrée.
Il y en a qui montent du fond du monticule ; et d’autres les suivent, et puis d’autres encore, et toujours, et toujours. Elles portent
entre les dents un mince grain de terre […] Arrivées au sommet du tas, elles laissent tomber leur charge, qui roule sur la pente, et
redescendent aussitôt dans leur puits. Que font-elles donc qui les occupe tant ? Elles se construisent une ville souterraine, avec
ses rues, ses places, ses dortoirs, ses magasins ; elles se creusent une demeure pour elles et pour leur famille, d’abord immobiles
vermisseaux. À une profondeur où la pluie ne puisse pénétrer, elles fouillent le sol et le percent de galeries, qui s’allongent en rues de
grande communication, se subdivisent en ruelles, se croisent en carrefours »… Etc. Plus loin, Fabre s’intéresse également aux « fourmis
laitières », chargées d’aller chercher sur les pucerons de sureau une liqueur sucrée qu’elles distribuent ensuite aux travailleuses… Fabre
finit par un questionnaire. La dernière page, destinée au « Livre du maître », donne les dix réponses au questionnaire, sur les excavations
des fourmis et leur alimentation…
Reproduction page 153
487.
Sigmund FREUD
(1856-1939) fondateur de la psychanalyse.
N
ote
autographe
signée
au bas d’une L.A.S. à lui adressée
par Alexander
S
tiglitz
, Roznava (Slovaquie) 20 novembre 1933 ; 4 pages in-8 ; en allemand.
2 000/2 500
Ayant obtenu son adresse d’un médecin réputé, Stiglitz se permet de lui soumettre cette affaire : son frère cadet, âgé de 25 ans, bégaie
depuis qu’il a quatre ans. Dans sa deuxième année, il a souffert de rachitisme, mais est parfaitement guéri. Les origines du bégaiement
s’expliquent probablement par un coup qu’il reçut sur la tête ou le front, mais qui n’avait laissé aucune marque. Leur père ne se souvient
plus si le bégaiement avait commencé immédiatement après ou quelques jours plus tard. C’est à cette occasion que Stiglitz apprit que son
père s’était également mis à bégayer à l’âge de 11 ans après être tombé sur la tête, mais il ne bégaie désormais qu’avec le son « k ». Le frère
de son père a bégayé temporairement, sans raison apparente. La souffrance de son frère s’est aggravée, surtout depuis deux ans. Il bégaye
à chaque syllabe… Les professeurs déjà consultés n’ont obtenu aucun résultat. Aussi il interroge Freud pour savoir si une guérison est à
son avis possible et combien de temps durerait le traitement… Freud a inscrit au bas de la lettre « Zur gefälligen Beantwort[un]g 10/XII
Ihr Freud » (pour réponse appropriée) laissant son collaborateur répondre.
Reproduction page 153
488.
Jacques LACAN
(1901-1981) psychiatre et psychanalyste.
M
anuscrit
autographe,
D’un syllabaire
, [1966] ; 6 pages et
quart, et 13 pages in-4.
3 000/4 000
D
eux
brouillons
successifs
pour
le
texte
D’
un
syllabaire
après
coup
, publié dans les
Écrits
de 1966 (p. 717-724) à la suite de l’étude
Sur la théorie du symbolisme d’Ernest Jones
. La fin manque.
Le premier manuscrit, sans titre, de premier jet, avec de nombreuses ratures et corrections, et d’importants passages biffés, semble
être d’abord une note à ajouter au texte de 1959 sur Ernest
J
ones
à propos d’Herbert
S
ilberer
[auteur de
Probleme der Mystik und ihrer
Symbolik
] : « Un note serait attendue au moment où apparaît dans ce qui suit le nom de
Silberer
. Elle ne manque qu’à être là, mais
dissoute dans notre texte. Place indiquée au point de réduire celle où nous donnions à Jones rendez-vous »… La fin de ce premier jet,
au moment où Lacan l’abandonne, n’apparaît pas dans le texte revu : « Car seule une juste définition du symbolisme nous permet aussi
cette notation de l’imaginaire dont seulement peut résulter une juste appréciation de l’une et l’autre des incidences qui sont les leurs
dans le réel ».
Le second manuscrit, dont le titre primitif
Extrait d’un syllabaire
est corrigé en
D’un syllabaire
, apparaît d’abord comme une mise
au net élaborée d’après le brouillon, dont elle donne un texte très différent, proche de la version définitive (mais avec des variantes).
Mais très vite, de nombreuses ratures apparaissent, ainsi que d’importants passages biffés, où Lacan met au point la formulation de son
raisonnement. «
S
ilberer
donc entend tracer ce qu’il advient de l’incidence (historique) du symbole laquelle il qualifie (très pertinemment)
de
phénomène matériel
quand elle passe à la
fonction
de déterminer un état psychique, voire de fixer ce qu’on appelle constitution d’un
rythme ou d’un penchant. Le
phénomène fonctionnel
qu’il en forge, est cette fonction récupérée dans ce qui est matériel d’où résulte
que ce qu’il “symbolise” désormais. C’est une structure élaborée, et à d’autant meilleur droit qu’en fait elle est de sa conséquence.
Nous forçons l’illustration qui en reste notoire à qualifier de millefeuilles le gâteau dont il nous témoigne avoir eu fort à faire pour y
planter la pelle adéquate, dans la transition au sommeil où la bagarre avec ce gâteau était venue se substituer à son effort pour retourner
son attention sur le niveau d’éveil nécessaire à ce qu’elle fût à la hauteur de son existence de sujet. La strate psychique s’évoque là,
déplaçant le phénomène à suggérer une endoscopie : de profondeurs qui confinent aux sublimités. Le phénomène est incontestable. Ce
pour quoi
F
reud
lui fait place en une addition qu’il apporte à la
Traumdeutung
en 1914, et notamment sous l’aspect le plus frappant à
ce que Silberer l’y promeuve en 1911, comme la symbolique du seuil (
Schwellensymbolik
), laquelle s’enrichit éventuellement de ce que
s’y ajoute un gardien »... Etc. Le manuscrit s’interrompt à la fin de la page 13 avec ce début de paragraphe : « Car c’est de ce concret que
prend force et argument toute la fiction qui, affectant au symbolisme les cotes de la primitivité, de l’archaïsme, de l’indifférenciation,
voire de la désintégration neurologique »…