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Henri M. PETIET

1894 -1980

Henri Marie Petiet, “H.M.P.”, était un homme hors du commun. Doté d’une grande intelligence, d’une

mémoire prodigieuse, d’une curiosité insatiable, d’une précision et d’une exactitude presque maladives dans

ses recherches et ses écrits, d’un exceptionnel esprit d’observation et d’un coup d’œil infaillible, d’un flair et

d’une habileté parfois redoutables, il était au physique d’une stature altière et distinguée. Le tout, complété

d’une rare culture, lui conférait une grande autorité dont il avait certes conscience mais qui n’empêchait pas ce

célibataire essentiellement sensible d’être en fait un timide qui dissimulait sous un aspect bourru ses marques

de gentillesse.

Issu d’une famille qui s’était illustrée depuis plus de deux siècles dans l’Administration, l’Armée, la Politique,

l’Industrie, la Technique, - et même les Lettres puisque Stendhal en était membre et avait été accueilli par

elle à son arrivée à Paris - il en avait hérité d’un attachement viscéral pour les siens et le sens de l’histoire. Sa

connaissance de celle-ci était en partie due au rôle même que ses ascendants et leurs collatéraux y avaient

joué : n’est-ce pas Claude Petiet (1749-1806), son aïeul, qui comme ministre de la guerre du Directoire avait

recommandé à ce dernier le jeune général Buonaparte comme commandant en chef de l’Armée d’Italie et signé

sa lettre de nomination ? Le choix n’était pas mauvais et l’on connaît la carrière qui s’ensuivit.

Certains de ses ascendants lui avaient légué leurs caractéristiques spécifiques : le goût de la mécanique, des

chemins de fer, des livres, la passion de collectionneur. Avec son frère aîné, le Baron Petiet, il eut aussi celui de

l’automobile. Il y ajouta ceux de l’estampe et de la peinture.

Son grand-père, Jules Petiet (1813-1871), ingénieur de génie, métallurgiste et mécanicien de premier plan,

doublé d’un tempérament d’homme d’action, fut le créateur sur le plan technique du chemin de fer du Nord

après avoir été major de la première promotion de l’École Centrale, dont il devint directeur en plus de ses

responsabilités au Nord. Henri M. Petiet en hérita la passion du chemin de fer. Non seulement il réunit une très

vaste documentation, mais il édita plus de 750 cartes postales ferroviaires dotées de notes techniques qui font

autorité. La constitution, avec l’aide de son grand ami, John T. Van Riemsdijk, créateur du “National Railway

Museum” à York en Grande-Bretagne, d’une impressionnante collection de modèles réduits lui a permis d’allier

à son amour du chemin de fer son tempérament de collectionneur hérité de son père Marie-André Petiet (1853-

1903). Ce dernier avait réuni une remarquable collection d’armes et d’objets militaires dont les 400 pièces firent

l’objet en 1929 d’une vente à Drouot restée mémorable.

Marie-André Petiet avait aussi légué à son fils le goût des livres. Henri Petiet s’y intéressa dès son adolescence

et le catalogue de la vente à laquelle il procéda à Drouot, à l’âge de 33 ans, en cinq vacations, en novembre

1927, est le témoignage de la sûreté et de l’importance de ses achats : plus de 1 200 éditions originales et livres

illustrés, la plupart sur beau papier, publications de la société “Les XX”, le tout de la qualité qui a toujours

été la marque de son exigence. Cette recherche de la qualité s’exprime pleinement lorsqu’il édita en 1930 les

Contrerimes

de P.-J. Toulet, avec des gravures au burin de Laboureur, imprimé par Daragnès, l’un des beaux

livres illustrés du XX

e

siècle.

Henri Beraldi l’avait formé à la bibliophilie, et dès qu’il le put il acquit des livres et des éditions à tirage limité

avec des reliures signées d’artistes tels que Bozerian, Canape, Carayon, Cretté, Cuzin, Kieffer, Pierre Legrain,

Marius Michel, Maylander, Noulhac, Simier, Thouvenin, Trautz-Bauzonnet, etc., provenant de bibliothèques

comme celle de Barthou, Beraldi, Claude-Lafontaine, Descamps-Scrive, Esmerian, Roudinesco, Sickles, Vautier,

Veve, Villebœuf…

Collaborateur de son frère le Baron Petiet (fondateur des Automobiles Ariès (1903-1937), président de

la Chambre Syndicale des Constructeurs d’Automobiles de 1918 à 1953 et du Salon de l’Automobile de 1919

à 1958), Henri M. Petiet, réformé pour insuffisance cardiaque, travaille de 1915 à 1920 aux usines Ariès où

la production des camions du même nom, l’un des plus célèbres durant la guerre de 1914-1918, devait être

poussée au maximum pour les besoins de l’armée. Henri M. Petiet apprit ainsi la technique automobile dont

il devint l’un des meilleurs connaisseurs. Sur un autre plan, il avait connu Georges et André Boillot, Jules