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168

les collections aristophil

1219

ROUSSEAU JEAN-JACQUES (1712-1778).

MANUSCRIT MUSICAL autographe,

Armida… oh stelle !

non partirò. Scena del Sigr Antonio Sacchini

, Milano

1772 ; cahier oblong in-4 d’un feuillet de titre et 19 pages

lié d’un ruban bleu (quelques infimes taches d’encre aux

première et dernière pages), sous chemise ancienne de

soie brochée vert d’eau doublée de moire rose avec ruban

de satin vieux rose ; boîte-étui demi-maroquin noir doublé

de daim rose (

Loutrel

).

20 000 / 25 000 €

Beau manuscrit de copie musicale par Jean-Jacques Rousseau

.

Jean-Jacques Rousseau a conté dans les

Confessions

(livre VIII)

comment il cessa en 1751 de travailler pour Dupin de Francueil et se

mit à copier de la musique pour gagner sa vie. En septembre 1770, il

reprit son métier de copiste de musique et l’exerça jusqu’en 1777, à

dix sols la page. On lira, dans son

Dictionnaire de Musique

, le long

article

Copiste

, où Rousseau explique la supériorité de la musique

copiée sur la gravure, et les soins qu’il convient d’y apporter : « Le

plus habile Copiste est celui dont la Musique s’exécute avec le plus

de facilité » ; il doit pour cela « rendre sa Note bien lisible et bien

nette », en choisissant du « beau papier fort, blanc, médiocrement

fin […] L’encre doit être très-noire […] ; la Reglure fine, égale et bien

marquée, mais non pas noire comme la Note ; il faut au contraire que

les lignes soient un peu pâles, afin que les Croches, Doubles-croches,

les Soupirs, Demi-soupirs et autres petits signes ne se confondent

pas avec elles, et que la Note sorte mieux. […] si le Copiste veut se

faire honneur, il doit régler son papier lui-même ». Pour la musique

italienne, il faut un papier réglé « dont la longueur est dans le sens des

Lignes. […] Le Papier à l’italienne est ordinairement à dix Portées, ce

qui divise chaque page en deux Accolades de cinq Portées chacune

pour les Airs ordinaires ; savoir, deux Portées pour les deux Dessus de

Violon, une pour la Quinte, une pour le Chant, et une pour la Basse »…

On ne saurait mieux décrire notre manuscrit, réglé en longueur, avec

dix portées tracées à la main d’une encre un peu pâle, chaque page

étant divisée en deux « accolades » de cinq portées, la quatrième

étant réservée au chant. Quelques erreurs de copie ont été grattées

avec soin de façon presque invisible, et corrigées.

La scène, chantée par Rinaldo, avec quelques brèves interventions

d’Ubaldo, s’ouvre par un

Recitativo

marqué

Allegro

: « Armida Armida

Oh Stelle non partiro »… Suit la

Cavatina

,

Andante affannoso

: « Idol

moi se più non vivi morirò »…

Antonio SACCHINI (1730-1786) fut un des maîtres de l’opéra italien au

XVIII

e

siècle. Son opéra

Armida

, dont Rousseau a copié cette scène,

fut créé à Milan pendant le carnaval de 1772 ; Sacchini le reprit et en

donna une version nouvelle sous le titre

Rinaldo

pour Londres en

1780, puis une version française sous le titre

Renaud

à l’Opéra de

Paris en 1783. En mai 1771, Charles Burney envoyait à Jean-Jacques

Rousseau son livre

The Present State of Music in France and Italy

,

en lui écrivant : « selon moi n’y a rien de plus belle dans la Musique

que cette elegante Simplicité qui regne dans les ouvrages de Per-

golesi, de Hasse et quelquefois dans ceux de Buranello [Galuppi] et

de Sacchini ». Rousseau aimait particulièrement la musique italienne.