94
263.
Giuseppe VERDI
. L.A.S., Genova (Gênes) 18 décembre 1895, au S. Antoni ; 1 page et demie in-8 ; en
italien.
800/900
Il se gardera bien de porter un jugement sur ses compositions. De tels jugements sont toujours prétentieux et faux. Il a
peut-être un peu trop recherché la couleur locale… Mais c’est là aussi un jugement faux : à 82 ans !!! (« gli 82 anni !!! »)…
264.
Richard WAGNER
(1813-1883). L.A.S., [Paris 26 juin 1860], à son éditeur Gustave
F
laxland
; 1 page in-8
sur papier pelure rose (montée sur onglet avec traduction anglaise ancienne) ; en allemand. 2 500/3 000
Il importune encore une fois Flaxland ! Il est très occupé aujourd’hui ; son domestique est très stupide et ne comprend
pas le français. Wagner sait qu’il y a beaucoup de chicanerie associée à l’envoi de musiques, mais en tout cas l’éditeur
doit avoir quelqu’un qui s’occupe de ces choses correctement. Donc il le prie d’avoir la bonté de débrouiller le paquet
de musique qui est arrivé (il espère que c’est la partition tant désirée de
Tannhaüser
), afin qu’il l’ait avant ce soir…
[Le 4 janvier 1860, Wagner avait passé un contrat avec l’éditeur musical parisien Gustave
F
laxland
(1831-1899),
pour la publication de ses ouvrages en français. Entre avril et juillet 1861, la partition pour chant et piano et quelques
morceaux détachés de la version française de
Tannhäuser
furent ainsi publiés par Flaxland, mais la partition pour chant
et piano de la version française du
Vaisseau fantôme
traduite par Wagner et Nuitter ne parut qu’en 1864.]
*265.
Richard WAGNER
. L.A.S., Paris 11 août 1860, [à Agnes
S
treet
-K
lindworth
] ; 4 pages in-8 très remplies ;
en allemand (encadrée avec un portrait photographique).
4 000/5 000
T
rès
belle
et
longue
lettre
écrite
la
veille
de
son
retour
en
A
llemagne
après
un
exil
de
onze
ans
. [Le roi Johann I de Saxe
venait d’accorder à Wagner une amnistie partielle : il pouvait séjourner dans tous les états d’Allemagne, sauf la Saxe. À
Paris, où ses concerts parisiens ont été un échec financier, l’Opéra a reçu l’ordre de Napoléon III de monter
Tannhäuser
.
En mars, il avait donné deux concerts à Bruxelles, où il avait été reçu par le diplomate Georg Klindworth et sa fille
Agnes
S
treet
-K
lindworth
(1825-1906), pianiste et élève de Franz Liszt.]
« Sie sind wirklich di Güte selbst, theuerste Freundin ! » Elle est la bonté même, et sera toujours pour Wagner
comme une lumière plus belle. Mais elle ne peut se représenter la véritable nature de sa souffrance. Il n’agit pas par
ambition ; et s’il peut faire jouer à Paris son
Tannhäuser
, c’est parce qu’il attend de la réalisation de cette performance
et de ses effets un véritable apaisement intérieur. Rien au monde, même la plus importante considération pour sa
situation matérielle, ne pourrait le décider à cette réalisation, dès lors qu’il devrait faire la moindre entorse, la moindre
concession quelle qu’elle soit. Sur ce point il ne pourra jamais entrer en conflit avec lui-même…
Depuis qu’il a laissé son amie à Bruxelles, il a été tellement dépassé par les soucis, qu’il n’a trouvé aucune envie
pour quelque épanchement que ce soit, et les témoignages d’enthousiasme l’ont notamment touché de façon
incroyablement amère. Cela s’est un peu éclairci à présent, il peut au moins à nouveau ouvrir son esprit à des soucis
plus nobles qu’à cette époque-là. Mais il doit renoncer cet été à tout rafraîchissement extérieur, et pendant ces beaux
jours, son seul refuge dans la nature sera le bois de Boulogne ! Il va cependant user ponctuellement de la grâce du
Roi de Saxe, en partant quelques jours sur les bords du Rhin, pour notamment rendre visite à la Princesse de Prusse
[Augusta] à Coblence, avec laquelle il doit avoir une discussion personnelle, afin de savoir une fois pour toutes à quel
point il peut se fier à cette dame quant à la future représentation de ses nouvelles œuvres [les trois premières parties de
la Tétralogie :
Das Rheingold
, Die Walküre et
Siegfried
, ainsi que
Tristan
]. Et il profitera de l’occasion pour aller chercher
sa femme à Soden [Minna Wagner était en cure à Bad Soden]. Il ne pourra partir que 5 ou 6 jours en tout.
Puis il en vient au récit du voyage de son amie chez Franz
L
iszt
, qui confirme ce que tous lui en ont dit. Quant à son
chagrin, il n’a qu’une chose à pleurer, et c’est sa dépendance à une femme [Carolyne von Sayn-Wittgenstein], qui
l’attriste énormément. Rien ne trahit cependant qu’il ressent du chagrin, mais il se désole seulement pour la peine que
chaque relation lui apporte, sans vouloir en reconnaître la raison. On ne peut pas l’aider, même pas le consoler. Wagner
s’inquiète beaucoup pour lui : il ne peut pas être franc sans blesser Liszt, qui est si sensible en ce moment.
Wagner envisage un voyage en Allemagne dans la seconde moitié de l’hiver, et il ira rendre visite tout d’abord à
Liszt. Quant à son propre avenir, il lui est complètement inconnu. L’Allemagne lui est ouverte, mais en réalité il n’y a
pas d’asile pour mon art… [
Auch meine Zukunft ist mir ganz unbekannt : Deutschland steht mir offen, aber nun erst
gewahre ich recht, dass ich eigentlich für meine Kunst gar kein Asyl habe
.]
Il ne peut plus s’intéresser sérieusement à la politique. Il n’a plus la conscience des changements de la situation
mondiale, car il ne peut pas ressentir le fondement du monde : ainsi lui échappe un intérêt passionnant et divertissant ;
il a en revanche l’unique avantage de précisément reconnaître l’essence du monde dans des incidents isolés de la
vie en apparence insignifiants, alors qu’ils se perdent en de grandes dilatations du temps et de l’espace de manière
indéfinie et méconnaissable, si bien que nous croyons entrevoir les réalités, là où il ne planent par essence rien d’autre
que des illusions trompeuses »...
Sämtliche Briefe
, XII, 196.
266.
Jean WIÉNER
(1896-1982) pianiste et compositeur. 5 L.A.S. ; 7 pages et demie formats divers, une à son
en-tête.
150/200
7 septembre 1936
, à sa femme Simone, et leurs enfants : carte postale cosignée par plus de 20 personnalités du
spectacle : Raimu, Jean et Pierre Renoir, Viviane Romance, Junie Astor, Clément Doucet, Maurice Chevalier, Louis Jouvet,
Raymond Aimos, Jean Gabin, Suzy Prim, etc.
1958
. Photo dédicacée à l’acteur Christian Brocard.
27 septembre 1961
, à
Jean
E
ffel
, au sujet de la composition de sa musique pour le film d’animation d’Eiffel,
La Création du monde
.
19 novembre
1962
, à la chanteuse Cora
V
aucaire
, sur son concert dit
Salade de musique
, « dans la tradition des Concerts Wiéner »… Etc.