E
nluminures
5
4
[ENLUMINURE]. D
eux
initiales historiées
(
buste de
soldat
;
buste d
’
homme
)
et deux
figures
enluminées
dans
l
’
entrecolonne
(
deux
personnages
couronnés
)
Fragment extrait d’un livre de droit (recueil de conciles ?)
Tempera, gouache, encres et or bruni sur parchemin.
Italie, Bologne, premier quart du XIV
e
siècle
Attribuable au Maître de 1328, « Second (ou Quatrième) Maître de San Domenico »
Dimensions : fragment (H. 90 x L. 51 mm) ; initiales (H. 17 x L. 22 mm)
500 / 600 €
12396/25
Ce fragment de feuillet offre deux initiales historiées sur fond d’or : l’une avec une figure de soldat dans une armure, l’autre
avec une figure d’homme. L’entrecolonnement est illustré d’un homme couronné, vêtu d’une tunique et d’un manteau bleu
rehaussé de motifs trilobés d’or, se tenant debout sur le dos d’un personnage recroquevillé, lui aussi couronné (couronne de
prince ?) et vêtu d’une tunique couleur marron/bordeaux rehaussée des mêmes motifs trilobés d’or et d’un manteau vert.
Bologne fut un centre important de production de manuscrits juridiques, avec le célèbre « Studio » ou université qui fit la
réputation de la ville et les peintres étaient au contact d’influences de plusieurs nations qui affluaient dans la cité bolonaise. Les
visages des personnages avec leurs regards marqués par de grosses pupilles très noires, ainsi que le personnage couronné et
recroquevillé sur lui-même dans sa tunique marron/bordeaux sont des caractéristiques types du style du Maître de 1328, que
l’on retrouve dans un autre manuscrit au décor attribué à ce miniaturiste nommé « Quatrième Maître de Saint Dominique »
par Venturino Alce in :
La Basilica di San Domenico in Bologna,
1961 (Justinien, Digestum, Paris, BnF, latin 14341, fol. 15v). Les
trilobes d’or que les personnages royaux portent sur leurs habits font également écho à ceux que l’on peut voir dans la figure
du roi allongé du f. 283 du Digestum précité ou encore sur le tissu suspendu derrière la Madone trônant du manuscrit de la
Matricola dei merciai (1328) (Bologna, Museo Civico, ms. 633).
Texte : en latin, écriture ronde juridique. Extrait du Concilium Veneticum (Concile de Vannes) : « Sortilegi […] [re]ligionis […]
sci[enti]am profitent[ur] […] scripturarum […] ». Voir Concilium Veneticum [CCSL, t. 148], Turnhout, Brepols, 2010. Il s’agirait
d’une référence au canon 16 de ce concile qui se tint en 465, sous l’égide de saint Perpétue, premier archevêque de Tours.
Ce canon impose l’excommunication aux membres du clergé qui se mêlent de divination.
Comparaisons : Paris, Bibliothèque nationale de France, Latin 14341, Iustinianus, Digestum novum cum glossis Accursii, f. 15v,
f. 283. La décoration de ce livre de droit est attribuable à l’artiste anonyme bolonais appelé par Alessandro Conti « Maître
de 1328 » en référence à la peinture figurant en tête de la Matricola dei merciai de 1328 (Bologna, Museo Civico, ms. 633). Il
fut grand producteur d’ouvrages juridiques, dont les Décrétales de Vienne (Österreichische Nationalbibliotek, cod. 2040), le
Décret de Gratien de Madrid (Biblioteca Nacional, ms. Vitr. 21-2) et bien d’autres.
État : au recto, encre pâle par endroits, écaillures de peinture ; or frotté par endroits. Au verso, trace de papier suite au collage
entravant en partie la lecture du texte.
Bibliographie : F. Avril, M.-T. Gousset et alia,
Manuscrits enluminés d’origine italienne, t. 3, XIV
e
siècle – II. Émilie-Vénétie,
Paris,
2013. pp. 53-57, notice 17 ; Milvia Bollati,
Dizionario biografico dei miniatori italiani : secoli IX-XVI,
Milan, 2004, pp. 473-474.