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les collections aristophil
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CATHERINE DE MEDICIS
(1519-1589) Reine de France,
femme d’Henri II, mère de François II, Charles IX et
Henri III.
L.A.S. « Caterine », Paris 6 février 1586, à son cousin le duc
de GUISE ; 1 page 3/4 in-fol.
7 000 / 8 000 €
Longue et belle lettre de conseils pour réconcilier le duc de Guise
avec Henri III
.
Elle désire autant que lui le voir « hors de la peine en laquele vous ont
mys les raports qui ont ayste faicts de vous au Roy mon fils », et va
tout entreprendre « pour vous en sortir tant pour le cervice du Roy
mon fils que pour le bien que je vous vœux. Je vous ay ayscrit des
le commencement quil estoit malcontent de vous pour deux causes
de lune desqueles vous laves tresbien esclaircy et satisfaict par les
letres et certificats que vous luy aves envoye qui est pour le regar de
cete bule que lon disoit que vous avyes proposee et poursuyvie a
Romme au prejudice de son armee. Mais cest chose que vous naves
encore faite de lautre qui concerne sa personne et ses actions que
lon a dit ausi avoyr ayste par vous blasmee »... Il lui a demandé les
noms des auteurs de ces rapports, mais elle trouve qu’un chemin
plus court serait d’écrire au Roi, « clairement et en termes exprès que
cet chouse que vous naves faite ny eu voulante de fayre le supliant
avoyr agreable la declaration que vous en fetes la recevoyr en bonne
part et vous tenir tousjours pour son treshumble et fidele cerviteur.
Ce quil me semble que vous deves executer au plustost afin de metre
une fin a tous ces propos sans vous arester davantage a demander
que les auteurs dyceux vous soyent nommes dautant que cela cer-
viroit plustot a aygrir le mal que a le guarir et a augmenter la peine
en laquele nous nous trouvons que a vous en tirer »...
[En 1585, Henri III a signé le traité de Nemours avec la Ligue catho-
lique, dirigée par son cousin Henri de Guise. Le roi y reconnaissait la
Ligue, révoquait les édits de tolérance et s’engageait à expulser tous
les calvinistes du royaume. Ce traité marqua le début de la huitième
guerre de religion, la plus longue, qui durera jusqu’à l’Édit de Nantes
en 1598. L’alliance entre Henri III et la Ligue des Guise n’était toutefois
qu’une façade : les Guise reprochaient au roi sa sympathie pour
Henri de Navarre et sa faiblesse à l’égard des protestants. De l’autre
côté, Henri III s’agaçait de la trop grande popularité de la Ligue et de
ce qu’elle n’apporte pas un soutien total à sa politique ; et Henri de
Navarre ne manquait pas de mettre en garde Henri III contre le duc
de Guise. Les manœuvres de conciliation entreprises par Catherine
de Médicis n’y feront rien. Ayant convoqué les Etats-Généraux à Blois
pour la fin de l’année 1588, Henri III y invite Henri de Guise et le fait
assassiner le 23 décembre, sans en avoir averti sa mère. Catherine
de Médicis meurt quelques jours plus tard.]