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les collections aristophil
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HENRI III
(1551-1589) Roi de France.
P.S. « Henry », Paris 24 février 1576 ; contresignée par le
secrétaire d’État Simon
FIZES
(†1579) ; cahier de 6 pages
in-fol., papier (transcription jointe).
4 000 / 5 000 €
Important document historique : instructions données au duc de
Montpensier pour traiter la paix entre le Roi et son frère, le duc
d’Alençon, et mettre fin aux guerres civiles et religieuses
.
[Moins d’un an après avoir été sacré Roi de France (février 1575),
Henri a vu son frère François duc d’A
LENÇON
s’enfuir de la Cour et
prendre avec le duc de
CONDÉ
la tête du parti des Huguenots, et le
pays envahi à l’Est par les reîtres du Comte Palatin
JEAN-CASIMIR
,
qui sont miraculeusement repoussés par le duc de Guise. Inquiète,
Catherine de Medicis réussit à conclure avec Alençon la trêve de
Champigny (21 novembre), qui doit durer sept mois : les reîtres vont
recevoir une gratification, et cinq villes sont données à Alençon ;
mais Bourges et La Charité ne veulent pas obéir, et Henri III en profite
pour refuser de donner à son frère les places promises par sa mère.
Alençon menace de marcher sur Paris, Condé et Casimir passent
la Meuse et envahissent la Bourgogne. Devant le danger, Henri III
charge son fidèle Louis de Bourbon duc de
MONTPENSIER
(1513-
1582) d’appliquer la trêve ; il est déjà trop tard, et le 6 mai la paix de
Beaulieu-lès-Loches, ou « paix de Monsieur », fera d’importantes
concessions au parti du duc d’A
LENÇON
.]
Le Roi n’a plus singulière recommandation que de voir vivre tous
ses sujets « en bon repos et transquillité », et s’est avisé, « pour y
pouvoir plus facillement parvenir et divertir le mal que ce Royaume
pouvoit recevoir du grand nombre destrangers qui estoient prests
a y entrer », d’accorder une trêve et suspension d’armes générale
dans tout le royaume jusqu’à la fête de St Jean-Baptiste ; « et pour
y faire condescendre Monseigneur duc d’Alencon son frere et tous
les seigneurs gentilzhommes et autres qui laccompaignent et tiennent
son party, Sa Ma
té
leur auroit octroié par forme de depost les villes de
Bourges, Angoulesme, La Charité, Nyort, et Saumur, pour s’y pouvoir
retirer et y demeurer seurement, durant le temps dicelle tresve, et
celle de Mezieres pour la retraiste de monsieur le prince de Condé ».
Mais les villes de Bourges et La Charité n’ayant pas voulu se rendre
aux commandements qui leur ont été faits, Henri III confie à son frère
en attendant les villes de Chinon et Amboise...
Sa Majesté a désigné le duc de
MONTPENSIER
, pair de France,
gouverneur et son lieutenant général en Bretagne, pour veiller à ce
que ses ordres soient exécutés « doucement » et sans altération,
selon les instructions ici stipulées. « Estant arrivé en chacune des-
dites villes fera venir a soy le gouverneur ou commandant [...] avec
les maire eschevins et principaulx habitans auxquels fera bailler les
lettres closes que le Roy leur escript et ausd. gouverneur avec les
lettres closes les patentes contenant leur descharge de la delivrance
quilz feront desdites villes et apres quilz en auront faict lecture leur
fera entendre lextreme ennuy que sa Ma
té
a porté et porte en son
cueur de veoir ses subjects si miserablement affligez de la guerre et
divisions civilles que la malice du temps a faict sourdre entre eulx, a
quoy luy aiant lexperience du passé faict congnoistre que le remede
de la force, au lieu de mettre fin a si grand mal le rengrege et accroist
de jour a autre par la perte destruction et deppopullation que sondit
royaume en souffre. A ceste cause et que la clemence et doulceur
sont les premiers moiens quon doibt tenter aux grandes emotions
comme plus salutaires a tous estats que la rigueur, et en causant ung
desespoir faict souvant precipiter les hommes en leur propre ruyne,
ayant aussi sa Majesté comme prince tresbening, ung soing paternel
du salut et conservation de tous ses subjects, Elle auroit des son
retour de Polongne essayé de reconcilier amyablement a soy tous
ceulx qui sestoient distraicts de son obeissance »... Il rappelle ses
efforts restés vains, et accuse la méfiance du duc d’Alençon et de ceux
de son parti d’être l’obstacle principal aux négociations de la paix...
Aussi leur a-t-il accordé comme lieux de retraite temporaires les
villes désignées, « a condition touteffois que ou les reistres et autres
estrangers levez par mondit seigneur ne se vouldroient retirer par
son mandement et passeroient deça le Rhin et entreront dans ce
royaume, au cas que lesd. villes leur ayent ja esté consignées, ilz
seront tenus les remettre et laisser libres en lobeissance de sa Ma
té
avec les Chateau citadelles artilleries et munitions au mesme estat
quelles leur auront esté baillees promptement et sans delay »...