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UNE
LETTRE AUTOGRAPHE D
’É
MILE
Z
OLA
, datée de Médan, le 5 janvier 1890 (2 pages in-8) :
Il y a là des pages très braves et très
intenses, qui m’ont ravi. Tout le morceau sur le satanisme est superbe. Vous avez une vie de style extraordinaire, et vous lire est
pour moi un plaisir physique, en dehors même des idées. Il y a dans votre outrance un comique spécial, que personne n’a, qui est
une de vos originalités supérieures, selon moi. Enfin, mon cher ami, votre dernière œuvre a été mon grand régal du mois passé.
–
UNE
LETTRE AUTOGRAPHE
DE
C
LAUDE
M
ONET
, datée de Giverny, le 22 février 1890 (2 pages et demie in-12) :
Cher Monsieur
Huysmans, Vous seriez bien aimable de m’adresser votre souscription (25 fr.) pour l’achat de l’Olympia de Manet, souscription
que l’ami Duret m’a chargé d’inscrire à votre nom
[...]
je profite de l’occasion pour vous témoigner tout le plaisir que j’ai eu à la
lecture de votre dernier livre (Certains). C’est superbe, et bien que ne partageant pas complètement vos opinions sur certains
artistes que j’aime, à tort ou à raison, je trouve que l’on a jamais si bien, si hautement écrit sur les artistes modernes. Recevez ce
modeste témoignage d’admiration et croyez-moi bien cordialement votre Claude Monet.
E
N
OUTRE
,
L
’
EXEMPLAIRE
EST
TRUFFÉ
DE
26
PAGES
DE
NOTES
INTERCALÉES
DANS
LE
TEXTE
,
PRISES
PAR
H
UYSMANS AU
COURS
DE
SES
VISITES DE MUSÉES
ET D
’
EXPOSITIONS
:
IL
S
’
AGIT
PRINCIPALEMENT D
’
IMPRESSIONS
ET DE CRITIQUES
SUR DIVERS ARTISTES
:
– à propos de GustaveMoreau (9 pages) : après de brillantes et admiratives notes relatives au
Ganymède
et à l’
Hérodiade
, il émet une sévère
critique de ses aquarelles pour les
Fables
de La Fontaine :
Aussi faut-il qu’un Roux soit bête pour commander les Fables de La Fontaine à
Moreau et que celui-ci soit Juif pour illustrer des choses qui ne pouvaient lui aller. 150.000 francs je crois, pour le tout.
– après sa visite à l’Exposition des Arts décoratifs en 1883 (7 pages), Huysmans dit avoir vu
un coin de la collection japonaise de
Burty, les étoffes orangeade, avec des poissons,– extraordinaires –, quelques reliures de Marius Michel à mosaïques, des rinceaux
thé sur fond La Vallière. Quelques livres Didot, meubles, puis une salle spéciale pour Tissot
. Au sujet de ce dernier, il écrit :
En
somme le talent de Tissot est réellement dans ses eaux-fortes
[...].
C’est Londres et la Tamise
[...].
Les femmes bien anglaises, jolies,
sans grandes pensées, sans raffinement, de bonnes et bienveillantes bêtes, des ruminantes dévouées
[...].
– sur Whistler et son portrait de Sarrazate (2 pages et demie) :
Le gris de Whistler !... Il rentre dans le cadre, contrairement à tous
les portraits du Salon, à ce balourd de Bonnat, avec son Pasteur. Et c’est fluide, irréel, une vision dans l’ombre, prête à s’évanouir,
y rentrant, peinture unique au salon, un Edgar Poe ! Ça vit, mais d’une vie qui inquiète. Ça sent la larve. Quel art mystérieux !
[...]
Au fond, ce que ça fiche tout le reste par terre !
– certaines notes annoncent le terrible article sur les peintres de la salle des États au Louvre, ainsi que les célèbres pages sur Ingres
et Delacroix (3 pages) :
Les Léopold Robert se craquèlent. Salaud !... cartonneux — un forçat gagnant 2 ans de grâce sur sa peine,
à s’appliquer. Il y a du réclusionnaire chez lui et aussi chez Ingres.
Correction autographe de Huysmans p. 150, 7
e
ligne : « [...] le Ver de Médine [...] qui se
love
(au lieu de
lave
) dans le pus des abcès
qu’il forme ».
De la bibliothèque Pierre Guerquin, gendre de Beraldi (1959, n° 342).
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