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84.
HUYSMANS (Joris-Karl). L
ETTRE AUTOGRAPHE
SIGNÉE À
[A
LBERT
D
ELPIT
], [après le 13 février 1877], 2 pages et
demie in-16 (122 x 100 mm), sur un bifeuillet, sous chemise demi-maroquin noir moderne.
800 / 1 200 €
L
ETTRE
INÉDITE
,
SUR
LES
SIMILITUDES
ENTRE
MARTHE
ET
LES ROMANS DE
Z
OLA ET DES
G
ONCOURT
.
Huysmans commente un article paru dans
L’Événement
le 13 février 1877, signé « Le Sphinx », pseudonyme désignant trois
chroniqueurs, Victor Brunière, Adolphe Avernier ou, plus probablement, Albert Delpit. À propos de
Marthe
, paru en septembre
1876, il déclare :
Je vous remercie tout d’abord d’avoir parlé de la pauvrette. Je me permettrai seulement une observation : Vous
me dites « si ce n’est là un pastiche voilà du moins une curieuse rencontre ». Mon volume a paru à Bruxelles au mois de sept.
dernier, il est donc antérieur à l’Assommoir. J’ajouterai que le sujet étant le même que celui de la fille Élisa de Goncourt, j’ai, à la
fin de Marthe, mis des dates afin d’établir bien ma priorité.
Il souligne les similitudes entre son œuvre et celle de Goncourt (
que
j’admire d’ailleurs de tout mon coeur) : il y a eu rencontre et non pastiche
.
Quant à Marthe elle-même, elle n’est pas si noire que vous pouvez le penser. La censure l’a bien interdite, mais cela prouve-t-il
grand chose ? Du reste voulez-vous accepter un ex. de ce rarissime volume. Je suis sûr
[...]
que vous trouverez la fille plus avenante
que les journaux ne la présentent, ce n’est certes pas une vertu, mais c’est peut-être bien pour cela qu’elle est attrayante.
85. HUYSMANS (Joris-Karl). L
ES
S
ŒURS
V
ATARD
.
Paris, Charpentier,
1879
. In-12, maroquin brun, encadrement d’un double listel vert serti
de filets dorés s’entrecroisant aux angles, dos orné de même, doublure
de maroquin vert foncé, filet doré, gardes de soie moirée brune, tranches
dorées sur témoins, couverture et dos, étui (
Huser
).
4 000 / 6 000 €
É
DITION ORIGINALE
.
U
N DES
10
EXEMPLAIRES
SUR HOLLANDE
,
SEUL TIRAGE EN GRAND
PAPIER AVEC
2
CHINE
.
Superbe exemplaire de la bibliothèque Charles Hayoit (III, 2001, n° 501).
86. HUYSMANS (Joris-Karl). L
ETTRE
AUTOGRAPHE
SIGNÉE
À
O
CTAVE
M
IRBEAU
, [avril ? 1888], 3 pages in-12 carré (154 x 116 mm), sous
chemise demi-maroquin noir moderne.
800 / 1 200 €
B
ELLE
ET CURIEUSE
LETTRE
SUR
L’A
BBÉ
J
ULES
.
Bien que tous deux naturalistes, puis membres de l’Académie Goncourt, Huysmans
et Mirbeau, qui s’étaient rencontrés vers 1875, ne se fréquentaient guère. Ils avaient
peu d’affinités, cette lettre est la seule connue de Huysmans à Mirbeau. Quand il reçut
L’Abbé Jules
, paru en avril 1888, Huysmans
laissa passer du temps avant de remercier Mirbeau, peut-être pour ne pas le heurter ; sa réponse est en effet assez paradoxale : il
reproche à l’auteur d’avoir fait de l’abbé Jules un prêtre, ce qui est pourtant la base même du roman. Cette lettre pourrait aussi faire
présager de la future évolution religieuse de Huysmans.
Mirbeau lui ayant écrit, il s’excuse de son retard :
mais de convention tacite, il était entendu que l’horreur de s’écrire des lignes
était absolue, immense.
Il a lu le roman et avoue tout de suite :
Il me déconcerte un peu, en tant qu’abbé — Je vois pardieu bien que
vous l’avez fait sardonique et que vous l’avez mystérieusement campé ! Sa vocation — si tant est qu’il en ait une — étonne sa
famille, car elle ne s’explique point — son séjour à Paris reste dans l’ombre et suggère d’hyperboliques et sacrilèges ruts — mais
c’est là ce qui m’arrête. Il me semble qu’un prêtre arrivé comme celui-là à une rosserie telle et à un pareil sadisme, deviendrait,
fatalement, défroqué
[...]
La soutane gardée étonne.
Le grand écueil, pense-t-il en effet, c’est la psychologie des prêtres :
Je ne crois
pas que le prêtre puisse être fait par des romanciers — qui ne sont pas prêtres. C’est si particulier, si étrange ! — une cervelle
maniée, pétrie, pendant des années, toujours dans le même sens, la physionomie, l’allure, la marche même restent ineffaçables,
tant c’est puissant.
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