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Il évoque ensuite un ami
qui croyait avoir la vocation — après une retraite, en quelques heures, il avait été sondé, éclairé, par un
psychologue de la Chartreuse plus fort à coup sûr que l’ami Bourget
[Paul Bourget]
.
Bref, pour l’abbé Jules,
inaptitude absolue à
la prêtrise
, décrète-t-il :
J’eus
[sic]
donc mieux aimé l’abbé Jules pas prêtre.
Il reconnaît cependant de grandes qualités au roman :
Il y a dedans une certaine fièvre, des vues rouges, un galop de pouls, des craquements de doigts, des cris qui mettent le livre à part.
Puis la langue, dans la scène par exemple où l’abbé se jette sur la fille, charrie des braises
[...].
Il le loue enfin pour ses peintures
d’intérieurs :
ce sens de la maison de province, de l’intimisme des chambres un peu froides, vous l’avez comme personne. Dans le
Calvaire
[1886]
, c’était manifeste déjà — et les jardins autour ! La retraite de l’abbé revenu chez lui est étonnante, il y a là un
enclos que j’ai relu, d’un charme tout pénétrant.
Lettre inédite, absente des
Lettres à Théodore Hannon
(éd. P. Cogny et Ch. Berg, Saint-Cyr-sur-Loire, Christian Pirot, 1985 et des
Vingt lettres à
Théo Hannon
(éd. J.-P. Goujon, À l’écart, 1984).
87.
HUYSMANS (Joris-Karl). C
ERTAINS
. G. Moreau – Degas – Chéret – Wisthler [sic] – Rops – Le Monstre –
Le Fer, etc.
Paris, Tresse & Stock, 1889
. In-12, maroquin rouge, janséniste, doublure de maroquin de même
couleur serti d’un filet doré, gardes de soie rouge, doubles gardes de papier peigne, tranches dorées sur témoins,
couverture, étui (
Georges Mercier s
r
de son père
).
6 000 / 8 000 €
É
DITION ORIGINALE
. L’ouvrage contient les meilleurs articles de Huysmans en tant que critique d’art.
U
N DES
15
EXEMPLAIRES
SUR
JAPON
,
SECOND
PAPIER APRÈS
10
HOLLANDE
.
S
AVOUREUX
ENVOI AUTOGRAPHE DE
H
UYSMANS À
SON AMI
L
ÉON
H
ENNIQUE
:
Voici, mon cher Hennique,
un peu de sadisme mystique
et une nausée sur les temps actuels
ton J.-K. Huysmans
Huysmans rencontra Léon Hennique (1851-1935) en 1876 : le romancier naturaliste faisait ses débuts dans
La République des
Lettres
, périodique créé par Catulle Mendès. Les deux écrivains devinrent rapidement des amis proches (ils se tutoyaient même,
fait rare chez Huysmans). Tous deux firent partie du groupe de Médan et composèrent ensemble une pantomime sur le thème de
Pierrot, publiée en 1881 mais jamais représentée sur scène.
O
N A AJOUTÉ À
CET
EXEMPLAIRE
4
LETTRES ADRESSÉES À
L
’
AUTEUR
ET CONCERNANT
L
’
OUVRAGE
:
–
UNE
LETTRE AUTOGRAPHE DE
F
ÉLICIEN
R
OPS
, datée du 25 juin 1889 (2 pages sur deux feuillets in-12) :
Dégringolez donc de la rue
de Sèvres jusqu’à la boutique Petit pour « regarder » l’exposition Rodin. Vous m’en direz quelques nouvelles
[...].
Puis je vous
montrerai, moi, des croquis de 1876 qui vous expliqueront la genèse de bien des choses. Je pourrais réclamer « mon propre »,
comme le meunier de Sans-Souci ; mais à quoi bon ? En vaudrai-je plus ?
[...].
Ah ! on vient de me dire que j’étais Chevalier de la
Légion d’honneur. J’espère ne pas avoir mérité de récompense « officielle », & j’espère seulement le prouver dans quelque temps.
Je ferai passer un pied du rouge de la honte sur les joues des braves gens qui ont cru me faire plaisir
[...]. Il continue longuement
sur ce ton et conclut :
Cela me mettra bien avec les filles de joie, voilà le vrai
[...].
Jamais, M
r
, la Légion d’honneur n’est descendue
si bas ! C’est la Pornographie officialisée ! Il n’y a plus rien ! Que dira Detaille
[...].
–
UNE
LETTRE AUTOGRAPHE
D
’E
DMOND
DE
G
ONCOURT
, datée du 16 novembre 1889 (une page et demie in-12, enveloppe jointe) ; il
espère le voir longuement pour lui dire tout le bien qu’il pense de son livre
Certains
:
Entre le bourgeoisisme ou le décadentisme
des bouquins de l’heure présente, vous êtes presque le seul qui me donniez à la lecture la petite volupté d’une prose exquisement
raffinée, et aussi claire que si elle était mal écrite. Et puis, il y a chez vous la bravoure de jugement que personne n’a plus devant
le couillonnisme de tout le monde en présence du succès.
Puis Goncourt loue ses pages sur Moreau, Degas, Forain ou encore Millet :
Ah ! mais, votre beau, votre grand, votre haut morceau
[...]
c’est votre morceau sur Rops : voici de l’érotisme d’un penseur, d’un
artiste, et si vous permettez l’expression à mon amitié, d’un cochon supérieur qu’on aime et qu’on admire.