Sans transition, il lui écrit une longue déclaration qui occupe presque toute la lettre :
Lou je t’adore et t’adorant je me souviens de
toute ma vie passée, de mes amours insipides auprès de celui qui est maintenant toute ma vie. Ma vie parsemée en arrière de doux
regards de femmes comme une prairie où paraissent quelques fleurs est maintenant un beau parterre où ton regard est à la fois
toutes les plus belles fleurs du monde. Qu’est-ce que le passé ? Qu’importe l’avenir ?
[…]
O Lou, Lou câline et tendre, je t’adore
car tu es ce que l’univers a de plus parfait, tu es ce que j’aime le mieux, tu es la poésie, chacun de tes gestes est pour moi toute la
plastique, les couleurs de ta carnation sont toute la peinture, ta voix est toute la musique, ton esprit, ton amour toute la poésie, tes
formes, ta force gracieuse sont toute l’architecture. Tu es pour moi le résumé du monde.
Puis il évoque le corps de Lou dans une sorte de litanie :
Sois bénie pour t’être donnée complètement, sans restriction. Sois bénie
d’être belle comme tu l’es, sois bénie dans tes yeux, dans ta bouche, sois bénie dans tes seins qui sont comme de petites juments
faisant des caprioles
[sic]
, sois bénie dans tes lombes où vibre la noire et terrible volupté, sois bénie dans tes jambes qui sont comme
de beaux canons peints en blanc, sois bénie en tes pieds qui sont les socles du plus beau monument que la terre ait vu, ton corps de
déesse
[…].
Sois bénie en ta chevelure qui est comme du sang versé. Je t’aime. Bonsoir Amour.
Lettres à Lou
, éd. M. Décaudin, lettre n° 65, p. 151-152. –
Correspondance générale
, édition de V. Martin-Schmets,
t. 2, 1915, n° 713, p. 103-104.
Petite déchirure sans manque à la pliure.
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