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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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JONGKIND Johann Barthold (1819-1881)
L.A.S. « Jongkind », Paris 6 juin 1863, à Eugène BOUDIN ;
3 pages et demie in-8.
« J’ai bien souvent pensé à mon voyage de l’année passer et à tant de
preuve de bonne amitié lorsque j’ai fait votre connaissance à Honfleur
et Trouville ». Il lui présente ensuite ses condoléances pour le décès
de son père « que je me rappelle encore très bien, que cette brave
homme m’a reçu de bonne amitié et de souvenir d’Hollande [...] Il faut
prier Dieu, la grande consolation et aide, et pour la paix de l’ame de
votre bonne père. [...] Il serait bien possible que je vienne cette année au
Havre ainsi je serai heureux de venir vous voir. Je travaille toujours. Mes
tableaux sont parmi des refuser et j’ai du succès. J’ai vu votre tableau
il est assez bien placer et très bon. Pour le reste je soufre toujours, et
il faut du temps et du repos pour me rétablir »…
800 - 1 000 €
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JONGKIND Johann Barthold (1819-1881)
L.A.S. « Jongkind », Honfleur 1
er
octobre 1863, à Eugène BOUDIN ;
4 pages in-8.
Le temps est « tellement contraire », que la pluie a plusieurs fois arrêté
tout projet de visite au « bon Boudin », ainsi « la desicion de madame
Fester et moi est de quitter Honfleur, dans huits jours […]. Je vous dirai
que les pluies et les vents m’ont beaucoup deranger de pouvoir peintre et
travailler après nature – ensuite pour profiter avec succès de mes études
après nature il me fallut – au mois deux mois de plus »… Il espère être
plus heureux l’année prochaine. « En attendant je vous remercie pour
toutes preuves de bonnes amitié jusqu’au l’avantage de vous revoir »…
800 - 1 000 €
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KANDINSKY Wassily (1866-1944)
L.S. « Kandinsky », Berlin-Südende 8 juin 1933, à André de RIDDER ;
demi-page in-4 dactylographiée (marque d’adhésif sur le bord supérieur) ;
en français.
Au rédacteur en chef de
Sélection, chronique de la vie artistique
,
dont le cahier 14 (juillet 1933) sera consacré à Kandinsky
.
Il lui enverra les 200 Reichsmark dès qu’il aura reçu les corrections.
« Malheureusement ça m’est
impossible
d’acheter les clichés ! Les
conditions pécuniaires sont difficiles et mon revenu personnel a subit
un changement peu agréable – je suis forcé de faire des économies.
J’ai parlé à M. Grohmann en le priant de se bien dépêcher avec les
corrections. Il est de mon avis que c’est très important de se dépêcher
avec la parition du cahier. Quant à lui il ferra les corrections dans un
seul jour »… Il se défend d’avoir été cause du retard de deux mois du
cahier de « M. W. » [Edward Wadsworth, n° 13, mai 1933] : « Ça ne
saurrait pas conséquent de me faire porter les résultats de ce retard »…
300 - 400 €
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KOKOSCHKA Oskar (1886-1980)
L.A.S. « OK », [vers 1941, à son amie l’actrice Nelly PALACHE] ;
2 pages oblong in-4 sur papier bleu ; en allemand.
Il lui envoie les aquarelles qu’elle avait vues et le crabe-cauchemar (« die
Alpdruckcrabbe »). Il a donné la feuille avec l’orchidée pour la collection
de Noël de la Free German Culture League, dont il est le président.
Heureusement, la feuille a été vendue très bien en faveur des internés
allemands, autrichiens et tchèques dans les camps anglais. Il a pu y
ajouter 20 livres d’un bienfaiteur tchèque afin que des couvertures de
laine, de la nourriture et du tabac puissent être envoyés en bonne quantité.
Ses économies sont parties en fumée rapidement que ces derniers temps.
Il parle des parents de sa femme Olda [qu’il a épousée en 1941] (le
père est un ami de Benes ; autrefois ministre, il est rémunéré comme
conseiller du président tchèque). Kokoschka doit vivre de ses mains,
de son cerveau et de son cœur (« Ich muss aber von meinen Händen,
meinem Gehirn und meinem Herz leben »). Il doit se constituer une
réserve secrète pour Olda et lui, elle veut vivre avec luile plus tôt pos-
sible. Jusque là il a dû payer pour deux appartements, deux ménages,
des vêtements, des dépenses supplémentaires, il n’a pu s’occuper des
choses les plus nécessaires comme les soins dentaires, etc. Pour les 3
aquarelles encadrées, qui sont d’une qualité spéciale, il veut au moins
50 livres chaque. Les autres entre 30 et 40 livres. Il serait très, très
heureux si Nelly pouvait faire une vente, car il est arrivé au bout de son
propre argent et n’arrive pas à demander à Olda le moindre schilling
supplémentaire. Il est trop vieux pour le rôle de gendre entretenu, ce
qu’il n’est pas non plus légalement. Les montants demandés ne sont
pas élevés car la livre n’a qu’un pouvoir d’achat réduit et un barbouilleur
anglais obtient des prix supérieurs parce que le hasard lui a donné le
bon passeport. L’année prochaine j’essaierai d’aller en Amérique où j’ai
un très bon nom et un marché brillant. Il n’est pas permis d’envoyer d’ici,
ni de peindre (paysages) et les gens d’ici sont trop stupides pour me
comprendre ou me promouvoir. Ce n’est pas la faute de la guerre, c’était
pareil il y a 15 ans ! Ils ne s’en tiennent qu’au dadaïsme, ils n’ont aucune
idée de l’art. Nous avons obtenu le meilleur art en Angleterre où tout est
le meilleur, y compris l’antisémitisme et les camps de concentration.
(« Die obigen Beträge sind nicht hoch weil das Pfund ja doch bloss eine
verringerte Kaufkraft hat und ein englischer Schmierant kriegt andere
Preise weil der Zufall ihn mit dem richtigen Pass ausgestattet hat. Im
kommenden Jahr versuche ich nach Amerika zu gehen wo ich einen
sehr guten Namen habe und einen glänzenden Markt. Hinschicken von
hier ist nicht erlaubt, malen auch nicht (Landschaften) und zu blöd siind
die Leute hier auch noch dazu um mich zu verstehen oder zu fördern. Es
ist nicht der Krieg schuld, es war vor 15 Jahren ebenso ! Sie halten erst
beim Dadaismus, von Kunst haben sie keine Ahnung. We got the best
art in England where everything is the best, auch der Antisemitismus
und die Concentration-Camps. ») Il souhaite à Nelly une bonne année,
et la remercie pour sa fidélité à un homme très seul (« deine Treue zu
einem sehr isolierten Menschen »)...
300 - 400 €
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