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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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BOURDELLE Émile-Antoine (1861-1929)
2 L.A.S. « Bourdelle » et « Émile Bourdelle »
et une L.A., 1900 et s.d., à son ami et mécène,
Jean de MARIGNY ; 6 pages in-8, 10 pages
in-12 sur papier vert, et 5 pages et demie petit
in-12 repliées.
Très belle correspondance sur son art et
son atelier
.
15 mars 1900
. Sur son atelier agrandi, où
ils ont été jusqu’à huit à travailler : « Le rêve
de ma pensée semble vouloir s’accomplir ;
j’ai couru, j’ai voulu, on a bâti, j’ai subjugué
RODIN et nous avons les ateliers de sculp-
ture Rodin Desbois Bourdelle. Une trentaine
d’élèves y sont déjà toutes les nations s’y
croisent et depuis plus d’un mois je suis en-
core l’unique professeur. – J’ai fait un grand
fronton de théâtre au Musée Grévin, pour la
scène, et je prépare des envois importants
aux arts appliqués (sculpture) à l’exposition ».
Il évoque quelques-uns de ses élèves… « J’ai
la vision d’une immense école demain dont les
branches s’épandront dans le monde entier.
Ah ! s’il y a là des hommes c’est à dire des
âmes quelle floraison j’en attends. C’est que
j’ai parcouru un tel chemin voyez-vous ! et
j’ai si bien vu mes années perdues faute de
tradition sérieuse et le peu d’amour du beau
des professeurs, tous des commerçants !
que je sais la nécessité d’un enseignement
sincère »…
« Voici que peut-être je vais pouvoir montrer
à ce ciel que nous voyons de notre terre mon
grain de poussière en tant que proportion,
plus en tant que portée d’âme humaine.
Peut-être que le Conseil Municipal de la ville
de Paris délivrera l’âme de cet homme qui
est votre ami Bourdelle un bon permettant
pour plus ou moins de mille francs de bâ-
tir une colonne ou un palais à sa pensée.
4
CALDER Alexander (1898-1976)
L.A.S. « Sandy », 4 février 1957, au directeur
de la Kunsthalle de Bâle, Arnold RÜDLINGER ;
2 pages in-4 ; en anglais.
Il ne saurait se rendre à Bâle, parce qu’il a
promis à Louisa, et aux Tamayos, d’aller au
Mexique en avril (et fin mars). Mais il enverra à
Noldi des diagrammes clairs de tout… Klaus
Perls désire sa visite ; c’est son marchand,
à New-York… En plus, Calder a la grande
chose à faire pour l’aéroport Idlewild : 46
pieds de long (15 m), et ça, c’est un boulot…
En post-scriptum, suggestion que Noldi ou le
Kunsthalle
autorise W.S. Budworth & Son à
faire l’emballage et l’expédition des objets…
400 - 500 €
5
COROT Camille (1796-1875)
L.A.S. « C. Corot », 21 février 1873,
à Paul CHENAVARD ; 1 page in-12.
« Je suis tellement fatigué par les dîners, que
je me vois forcé de renoncer à la visite chez
Meissonier : c’est tous les jours & il me faut un
peu de repos & de calme de tems en tems »…
300 - 400 €
6
DAUBIGNY Charles (1817-1878).
L.A.S. « C. Daubigny » ; 1 page in-8
(photographie jointe).
Indisposé, il ne peut sortir. « Je suis à votre
disposition pour un dessin dans les chansons.
Maintenant vous pourrez faire dessiner un de
mes tableaux, si vous voulez pour
L’Univers
illustré
excepté celui qui représente les bords
de l’Oise. Nous nous entendrons sur le choix.
Je suis à mon atelier quai d’Anjou 13 tous les
vendredis depuis 9 h jusqu’à 5 »…
200 - 300 €
7
DAUMIER Honoré (1808-1879)
L.A.S. « H. Daumier », Lundi matin [1851],
à CHAMPFLEURY ; 1 page in-8 (légers
défauts).
Rare lettre, acceptant la dédicace du livre
de Champfleury,
Les Excentriques
(Michel
Lévy, 1852).
[L’ouvrage s’ouvre en effet sur une longue
et louangeuse dédicace de 18 pages « À
Honoré Daumier », datée « Neuilly, juin 1851 ».
Champfleury célébrera longuement Daumier
dans son
Histoire de la caricature moderne
(1865).]
« Enfin mon cher Champ Fleuri je vous réponds
et vous prie de ne pas prendre pour de
l’impolitesse mon extrême paresse à écrire [...]
Excusez-moi et recevez mes remerciements
pour votre dédicace que j’accepte de tout
cœur et qui me flatte beaucoup, quoiqu’elle
m’honore trop modestie à part. Il est inutile que
vous vous donniez la peine de venir puisque
vous êtes pressé nous causerons de cela
lorsque nous nous rencontrerons »...
1 500 - 2 000 €
Que cela soit seulement, et je pourrai protes-
ter contre l’asservissement des consciences
d’art ! Il a été toujours de toute urgence qu’une
encre, qu’une main de constructeur, qu’un œil
pénétrant, écrive, dresse ou montre au dessus
des mangeurs au ratelier les nourritures prises
aux rayons éternels de Dieu »... Etc.
« Une idée m’a été apportée peut-être par
quelqu’un, peut-être par le vent ou par elle-
même. [...] Je suis papillon blanc je suis
heureux et ma vie est une reconnaissance
– tout m’enchante, les méchants sont ma
force, les marbres froids les matériaux de mon
art »… Puis il raconte un étrange « roman en
quatre coups frappés à la vitre », avec « une
femme au type espagnol […] J’entrevois du
feu noir, ses yeux. […] J’ai le ruissellement de
la fontaine sur les mains, la même femme aux
yeux sombres à marche glissante qui vient.
[…] je sentais la vraie beauté – dans la rue elle
doit sembler être un suc mais les chaînes du
beau sont comme ça. Elle entre, elle ondule,
je la suis. Un feu noir qui semble vouloir me
consumer. Assise, elle défait des choses et
tout en bas naissent de petites lumières puis
des jambes à vue douces comme du velours
blanc et qui disent à la fois la chaleur des
roses sous le soleil – un cou naît une épaule
des bras sans angles levés aux épingles
des cheveux, c’est le croissant avec des
yeux noirs ». Elle a posé chez Falguière :
« Falguière n’est pas convenable, encore
s’il était jeune »… Et Bourdelle de conclure :
« C’est tragi-comique, pauvre beauté et moi
méchant soldat d’amour, avec la manie de
vouloir l’âme égale à la beauté du corps et
de m’enfuit s’il n’y a cela ».
1 000 - 1 200 €
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