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TAJAN - 24
MANUSCRITS
114
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114 — Donatien-Alphonse-François marquis de SADE.
1740-1814. Écrivain.
L.A. (à M. Gauffridi).
Paris, ce 13 germinal (2 avril 1795)
. 4 pp.
bi-feuillet in-8.
3000/4000 €
Longue et intéressante lettre dans laquelle le marquis fait part de diverses
affaires, et d’abord de ses démêlés avec Mme de Villeneuve ;
(…) Vous désirez
la réponse de Mme de Villeneuve à votre modèle de lettre, transcrit par moi mot-
à-mot, la voilà : je vous prie d’admirer comme cette épitre est douce, honnête,
peu égoïste et surtout jésuistique. Je n’ai point répondu à cette charmante lettre
parce que je me serais mis en colère et que le respect m’a contenu (…).
Il va lui
envoyer un modèle de lettre qu’il trouve encore trop doux ;
il faut en employer de
meilleurs. Vous jugerai vous-même des sophismes dont cette femme use pour
me chicaner cet héritage (…).
Sade se plaint encore de la lenteur de son chargé
d’affaire pour l’envoi d’argent en numéraire, mentionnant sa situation difficile et
ces années passées en prison ;
Ma santé est très mauvaise, c’est tout ce que
je puis faire que de tenir ma plume pour vous écrire. Je vais faire des remèdes
sérieux et fort chers dans les deux mois d’avril et mai. Je vous demande deux
grâces pendant ce temps-là, de ne pas me laisser manquer d’argent et de ne me
rien dire d’affligeant ou d’inquiétant (…). Vous n’imaginez pas à quel point ma
dernière détention a dérangé ma santé (…).
Il parle ensuite de Mme de Sade ;
elle
ne peut pas exiger son remboursement de mon vivant (…). Elle voudrait à
présent du numéraire ou des assignats au cours, et le payement me ruinerait (…).
À propos de la vente de son château dont il désire tirer
le meilleur parti possible ;
il en a
absolument nul besoin
, mais demande qu’on lui envoie sa batterie de
cuisine, car il en est dépourvu et le prix des ustensiles est ruineux à Paris. Il lui
demande de s’intéresser
au nouveau papier monnayé connu sous le nom de
mandat et qui va remplacer les assignats,
qu’il croit très avantageux ; il exige
cependant qu’on lui paye ses différentes rentes en numéraire, donne diverses
instructions concernant des ventes dont celle de "Mazan" pour laquelle il exige
notamment que son ami Charles fasse le voyage d’Arles, etc. Et de faire allusion à
un trésor caché ;
Rien ne presse pour le second calice, il ne faut déterrer la caisse
que dans des temps parfaitement calmes mais avec celui de La-Coste, n’oubliez
pas d’envoyer la patène (…).
115 — Donatien-Alphonse-François marquis de SADE.
1740-1814. Écrivain.
L.A.S. (à M. Gauffridi).
Paris, prairial an IV (juin 1796).
8 pp. bi-feuillet
in-8.
3000/4000 €
Le marquis de Sade démontre à son avocat Gauffridi, que sa dernière lettre
porte
à la fois les caractères de l’impudeur, de la fausseté et de la méchanceté. Sont-
ce là, Monsieur, les fruits de la reconnaissance que je croyais avoir mérité de
vous et des vôtres ? Si cela est, ils sont bien amer… bien à la mode et je vous
félicite d’avoir d’aussi bonne heure monté votre âme au ton du jour (…).
Il ne
veut être responsable des dettes de ses fermiers et réclame le produit de ses
domaines ;
(…) Je n’ai pas un seul créancier en Provence. Il y a des charges sur
mes terres, mais en laissant mes terres à mon régisseur, ces dettes deviennent
les siennes (…). Oh tout cela n’est pas sorcier, tout cela se devine aisément.
Enfin, les dettes existent et sans doute il faut les payer, mais moi aussi j’existe
et moi aussi je veux vivre. Or je ne le puis vu l’extrême cherté des choses (…).
Il a besoin d’ici au 1
er
mai 1797 "exclusivement" de 800 francs en numéraire
par mois.
À cette époque du 1
er
mai, vous pouvez compter (…), je vous en
donne ma parole d’honneur que de nouveaux arrangemens se prendront (avec
ses fermiers…). Je ne puis aujourd’hui entrer dans d’autres détails, mais ils
seront pris et nous serons tous en paix, c’est de quoi je puis et dois vous donner
ma parole d’honneur la plus sacrée et la plus authentique. Je vous prie donc,
Monsieur, et vous devez le peu de baume aux playes que votre lettre m’a faite
(…). Ou sinon, Monsieur, vous m’obligeriez à des partis violens et je les prendrai,
parce que je n’ai pas envie de mourir de faim pour réparer les sottises de celui
qui (…) laisse accumuler des dettes (…).
Il fixe le prix des baux pour les terres
de La-Coste et de Mazan et s’indigne "des pots de vins énormes" donnés à
Mde de Sade. Le marquis poursuit :
Monsieur, je vous demande avec instance
de prendre bien garde à ce que vous dites lorsque vous parlez de la vente de
la grande bastide ; il ne vous appartient pas d’en parler comme vous le faites ni
d’oublier que c’est votre père qui l’a vendue (…).
Il détaille encore ces comptes
et reproche la mauvaise gestion de ses affaires par Mde de Sade pendant ses
13 années de détention ; j’eux alors obtenu à ma sortie un bien, clair et net. C’eut
été ce qui s’appelait régir en mère de famille et non en mère de couvent comme