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tous sur les dents. Mon cher enfant [Napoléon III] seul est encore absent et n’aura vu ni ses oncles ni ses cousins, il était à ce camp de
Thun qui ne fait que fnir et je l’attends dans quelques jours. Je vois que la r. Caroline [Caroline Murat, reine de Naples] a beaucoup
de succès à Paris et j’en suis bien aise qu’elle y ait une tenue dont elle pourrait manquer d’habitude, quand elle est livrée à elle-même.
Elle y est donc bien conseillée tant mieux pour le nom qu’elle porte, car dans les tems de passions, chacun voudrait l’exploiter à son
proft ce nom qui doit toujours rester pur d’intrigues comme de basses complaisances ». Elle apprend par les journaux « que la Suisse et
la France cessent une harmonie qui date pourtant de bien des siècles. Je pense que cela s’arrangera à l’amiable. Je le désire, car notre
position n’y serait pas agréable »…
190.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », [Arenenberg] 25 novembre 1836, à « Madame la Maréchale Ney princesse
de la Moskowa » à Paris ; 1 page in-8, adresse avec cachets postaux.
500/600
Après la tentative de coup d’État à Strasbourg (30 octobre) et l’expulsion du futur Napoléon III vers les États-Unis (21
novembre), pour laquelle sa mère a multiplié les démarches.
« Ma chère Eglé, j’ai fait un voyage bien rapide pour revenir chez moi. Il me tardait de venir me reposer un peu de si fortes émotions. Je
ne doute pas de ton intérêt c’est pourquoi je veux te dire que je ne suis pas aussi mal que je devrais l’être, je veux pourtant me soigner.
J’avais les nerfs si tendus ! et maintenant je ne suis pas encore dans mon état naturel. […] Ici je ne vois que des visages en larmes, et j’ai
besoin d’avoir encore du courage pour tout le monde. Mon fls m’a écrit tout son chagrin si je m’exilais avec lui, je tacherai de lui per-
suader que je ne tiens plus à l’Europe et que tous les lieux me sont indifférents. J’attendrai de ses nouvelles. Je me contente des femmes
de chambre que j’ai ici, ne te donne donc pas la peine de m’en chercher »…
191.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., [Arenenberg] 5 décembre 1836, à « Madame la Maréchale Ney princesse de la Moskowa »
à Paris ; 3 pages in-8, adresse avec cachets postaux.
1.000/1.200
Très longue et importante lettre sur la tentative de coup d’État à Strasbourg et l’expulsion de son fils vers les États-
Unis, où elle veut le rejoindre.
Elle ne peut vendre Arenenberg, « car je vends ma terre d’Italie et je ne possède plus que cette petite propriété en Suisse », et elle ne pense
pas qu’on la force à la quitter, « car la Suisse sait très bien que j’y vis tranquille et que je ne me mêle d’aucune affaire et ils me pleurent ici ainsi
que mon fls. Pour nous c’est réellement une patrie ; mais je suis fatiguée du monde, des injustices ! […] mon fls est au désespoir de mon projet
de départ. Je compte donc aller au printems à Londres et de là je lui écrirai pour lui dire mon dégoût de l’Europe et je ne ferai que ce qu’il
désirera. Il est assez malheureux pour que je n’augmente pas son chagrin ». Elle veut se justifer, face aux médisances. Elle n’était pas à Bâle.
« Qu’il est absurde de croire que mon fls m’aurait confé une expédition où il allait jouer avec sa vie, il a 28 ans, il est peu communicatif, et
il connaît ma tendresse pour lui et mes inquiétudes ! Chaque fois qu’il m’a montré ses intentions et tout ce que des partis exaltés espéraient
de lui, il sait bien que mes conseils suivaient mes sentimens, c’est-à-dire qu’il ne s’exposât jamais, et qu’il n’enviât pas une position où tout est
chagrin et mécomptes telle que de vouloir faire même le bonheur des hommes ». Elle rappelle qu’elle aurait pu agir autrefois avec Montholon,
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