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accepteront ma proposition. Louis part pour les chercher. C’est réellement un événement affreux pour eux sous tous les rapports ». Elle
ajoute : « Je crois avoir vendu mon collier pour une rente ma vie durante à un souverain. Je t’écrirai quand cela sera terminé. C’est
mal vendu ; mais enfn cela m’empêchera de renvoyer toute ma maison »…
20 décembre
. Le collier est livré déjà, et elle ne veut rien regretter. L’ouvrage de Louis a du succès. « J’ai déjà donné une leçon à mon
neveu [le prince Napoléon (Jérôme)] qui est un enfant charmant et très beau de fgure. Le père [le roi Jérôme] et Mathilde doivent être
aujourd’hui à Stuttgart »…
186.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Arenenberg] 3 janvier 1836 ; 2 pages in-8.
400/500
Elle a chez elle son beau-frère [Jérôme] « qui a laissé sa flle [Mathilde] à Studgard. Il me laisse son fls et va en Italie pour voir ce que
sa mère peut faire pour lui, et je crois pas grand chose car malgré les bavardages des journaux la pauvre femme n’a pas grand chose non
plus ; mais mon beau-frère n’a absolument rien, c’est bien triste. J’ai du guignon pour mon collier, croirais-tu que de Florence on m’en
offre aujourd’hui 400, parce que c’est fni, tandis que pendant vingt ans il a été en vente, et ce qu’il y a de pis c’est que le roi de Bavière
ne commence à me payer qu’au mois d’octobre prochain ! Enfn, n’en parlons plus, c’est encore un bon débarras pour moi. Je suis bien
contente de la fn de cette campagne d’Alger qui me fesait tant de peur […] Adieu je gèle c’est positif nous avons 12 à 19 degrés tout
le lac est pris mais nos poêles vallent mieux que vos cheminées et nous nous en tirerons bien j’espère, et peut être mieux que si nous
avions été à Genève où on gèle encore plus parce qu’il n’y a pas de poêle »...
187.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Arenenberg] 18 février 1836 ; 2 pages in-8 (petit deuil).
400/500
Mort de Letizia Bonaparte (2 février). « Tu vois que l’une après l’autre toute notre famille s’en va dans l’autre monde, quant à ma
pauvre belle-mère on ne peut ni en être étonnée ni le regretter trop en pensant à toutes ses infrmités et à toutes ses douleurs ; hélas
quand ce ne sont plus les jeunes qui meurent, je me sens toute résignée. Mon neveu [Napoléon (Jérôme)] donne du mouvement à
notre vie uniforme. Il est fort gentil et rempli d’esprit. Tes idées pour sa sœur [Mathilde] conviendraient certainement ; mais quand de
part et d’autre on n’a absolument rien à donner il est diffcile de les réaliser. La mort de ma pauvre belle-mère n’enrichira pas beaucoup
ses enfants malgré les millions qu’on se plaisait à lui donner. S’ils ont tous une quinzaine de mille francs de rente ce sera encore beau-
coup, et mon mari infrme et aussi gêné que chacun écrit à son fls que sa position l’empêche de rien faire pour lui. Même en ayant mal
vendu mon collier je suis pourtant bien contente de l’avoir fait. […] Je ne suis pourtant pas au bout de mes défcits. Il me faut encore
de quoi assurer mes pensions, et je fais la revue de mes débris pour les vendre encore, j’ai encore un beau tableau de Corège estimé 50
mille francs. Si tu trouves des amateurs, parles-en, et une tapisserie des Gobelins avec des N et des aigles, si je pouvais faire rentrer tout
cela en France je crois que ce serait plus facile de vendre là qu’ailleurs »…
188.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « H. » et « Hortense », [Arenenberg] mai-juillet 1836, à « Madame la Maréchale Ney
princesse de la Moskowa » à Paris ; 2 pages in-8 à son chiffre (petit deuil), et 3 pages in-8 à son chiffre, adresses avec cachets postaux.
600/800
9 mai
. Elle espère qu’Églé a bien reçu le paquet confé à la princesse de Salm, tombée malade à Mulhouse. Elle aimerait avoir « deux
petits bonnets de soie couleur de mes cheveux ». Elle évoque une des nièces d’Églé : « Mlle G[amot] est fort recherchée, elle a 30 à 40
mille livres de rente et veut choisir elle-même. Pour l’épouser il faut donc lui plaire, c’est le seul moyen, et il faut aller chez sa mère
souvent. C’est une charmante personne sous tous les rapports, c’est l’aînée à laquelle on trouvait de la ressemblance avec notre chère
Adèle mais en moins bien ». Elle a toujours chez elle le prince de Montfort [Jérôme] et ses enfants : « le prince parle de retourner bien-
tôt en Italie, mais les enfants se plaisent ici et je ne sais qui l’emportera »…
15 août [pour juillet]
. Elle fait faire « une grande toilette à ma petite maison, c’est-à-dire je mets du papier neuf dans tout le rez de
chaussé. Depuis 20 ans c’était assez nécessaire mais c’est une affaire ici. Voilà trois ou quatre semaines seulement pour une chambre et
si l’on ne suit pas les ouvriers ils font tout de travers et c’est à recommencer. Ma patience est quelque fois à bout. La sale de billard est
devenue un garde de meuble. J’ai fait venir de Rome la tapisserie de l’Empereur, car je ne puis vendre une chose aussi précieuse et elle
a de la peine à tenir dans ma petite maison, elle va pourtant prendre place dans cette sale de billard. J’ai fait une vente de tout ce que
j’avais de mobilier à Rome et je ne sais où placer mes grands portraits de famille ». Puis elle parle de son désir de marier son fls Louis
[futur Napoléon III] : « il ne pouvait y avoir encore rien de décidé pour des arrangements qui ne dépendent pas seuls de moi. Il est dans
ce moment à Baden. Comme il a de tems en tems une petite douleur au foie, on les dit bonnes pour cela ! Il est vrai qu’il a sauvé une
pauvre femme et ses enfants qui étaient emportés par un cheval. Avec son dévouement habituel, son adresse et la vitesse de son cheval
il s’est jetté sur la bride et a arrêté l’animal emporté près de la porte du paradis à l’endroit où il y a des grands faussés. Le cocher, le mari
étaient restés bien loin avec les brides cassées dans la main. Tu sais comme on aime Louis à Constance, toutes les dames l’ont embrassé
de cette bonne action »… Elle rapporte les succès à Berlin d’Aloïs Ney, et parle de la famille Tascher qui est chez elle, où « on étouffe.
La chaleur n’a jamais été plus grande, mais je me porte bien, j’engraisse encore je crois et je deviens lourde ». Elle prie Églé de donner
200 fr à Marco Saint-Hilaire « dont la mère était 1
re
femme chez l’Impératrice Joséphine », et qui est en prison pour dettes à Clichy :
« Il a fait un bête de journal nommé
Napoléon
et il me l’envoye relié magnifquement, malgré toutes les niaiseries qui s’y trouvent je
suis forcée de l’accepter et de payer malgré mes faibles moyens »…
189.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Arenenberg] 9 octobre 1836, à « Madame la Maréchale Ney princesse de la
Moskowa » à Paris ; 2 pages et quart in-8, adresse avec cachets postaux.
400/500
« C’est un tourbillon de monde qui encombre mon petit ermitage. Je ne m’en plains pas ; mais je ne serai pas fâchée de retrouver mon
calme habituel. Le prince de Montfort avec son fls, la duchesse de Raguse avec son neveu, mon oncle avec sa flle », et son neveu
« Max le fls de mon frère ! Il a passé quatre jours chez moi, c’est un beau garçon, bon, gracieux, et il a plu à tout le monde, on s’est
mis à jouer des proverbes dans ma serre, des proverbes on en vient à la comédie, qu’on nous donne ce soir, aussi dans ma serre, et on se
remue ! Napoléon ne tient pas en place ! c’est un vacarme à n’y pas tenir ! Le prince de Montfort veut acheter un petit pied à terre ici,
et il faut courir pour aller y faire ses plans, tout mon monde est en l’air pour cela, […] je ne serai pas fâchée de les voir partir demain et
de retrouver ma tranquillité ordinaire, car je ne suis plus habituée à tout ce remue-ménage surtout avec si peu de domestiques qui sont
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