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174.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. Lettre en partie a.s. et L.A.S. « H », mai-août 1831, à « la Maréchale princesse de la Moskowa »
à Paris ; 3 et 2 pages in-8, adresses avec cachets postaux.
500/700
Après la mort de son fils aîné (17 mars), et sa fuite hors d’Italie avec le futur Napoléon III.
Londres 21 mai
. La lettre est d’abord écrite par Valérie Masuyer, pour annoncer l’arrivée à Londres de la duchesse de Saint-Leu, « après
des traversés, des épreuves de tous les genres et le voyage le plus long, le plus pénible et le plus fatiguant qu’il soit possible de faire. Sa
santé pourtant n’en a pas souffert autant que ses amis pouvaient le craindre et ils doivent peut-être aux soucis sans cesse renaissants que
lui donne celle de son fls l’espèce d’agitation qui l’a soutenue jusqu’à présent. Depuis deux mois que nous sommes en route le prince
a eu successivement la rougeole, une infammation d’estomac et de gorge, et en ce moment la jaunisse »… Hortense ajoute : « j’étais
bien sure que tu penserois à moi et que tu partagerois toute ma douleur ; mais il me faut encore du courage et je ne puis penser à moi. Je
suis toujours dans des inquiétudes pour mon fls et vraiment la force est souvent prête à m’abandonner ! »…
Arenenberg 27 août
. Elle est enfn arrivée chez elle, « et c’est pour me retrouver, et sentir davantage toute ma douleur. Les tourments,
les inquiétudes sont peut-être un bien pour forcer à se distraire d’un si grand malheur. Ici je le sens plus que jamais ; mais c’est pour la
vie, le tems n’y fait rien, et si aux yeux des autres on peut paroitre comme avant, votre cœur seul vous apprend tout ce que vous avez
souffert »…
175.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Arenenberg] 17 mai 1833, à « Madame la Maréchale princesse de la Moskowa »
à Paris ; 2 pages in-8, adresse avec cachets postaux.
400/500
Elle attend la visite d’Églé : « j’espère que le bon air de nos montagnes et mes soins te feront du bien, je serai bien aise aussi de
connaître ta belle-flle qu’on dit charmante. Nieves [la veuve de Duroc] s’annonce aussi et je crois qu’elle viendra la première. De voir
mes amies ainsi me fera oublier ma triste solitude de l’hiver ; tu trouveras ma campagne bien embellie puisque je ne compte plus en sor-
tir. Il a fallu m’y arranger surtout pour l’hiver, et rien n’y étoit chaud. À présent petit à petit j’arrive au comfortable. J’attends mon fls,
il a été bien malade à Londres de la grippe ; mais il est en route ». Elle reproche à Devaux de l’avoir volée « d’une manière affreuse, un
collier de diamant dont il a reçu le paiement qu’il devait m’envoyer en Italie, ma terre de la Chaussée qu’il étoit sensé vendre à un ami
et qu’il fesait démolir sans m’en prévenir et sans me la payer. […] Je compte avoir perdu par sa mauvaise foi (car tout ce qu’il avait à
moi devait être regardé comme dépôt) près de 4 ou 5 cent mille francs. Enfn il est dit que dans ma vie je serai toujours trompée. Aussi
je me résigne et pourvu que je meure avant ceux que j’aime je ne demande pas autre chose »...
176.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A. et 2 L.A.S. « H. », [Arenenberg] janvier-mai 1834, à « Madame la Maréchale Ney prin-
cesse de la Moskowa » ; 2 pages à son chiffre, 1 page et demie et 1 page et demie in-8, adresses.
600/800
3 janvier
. Elle veut savoir ce qu’elle doit retrancher des lettres de Mme Campan dans ses
Mémoires
, mais l’éditeur est le maître, et a
rétabli « le mot
avare
qui me choquoit lorsqu’il s’agissoit de la reine Marie-Antoinette ; malgré les raisonnements qu’on m’a fait que
je lui fesois du tort puisqu’elle a été condamnée comme prodigue, et que cette phrase la réhabilitoit, j’ai tenu bon, j’ai encore écrit
pour l’ôter, et je le vois imprimé ce qui m’a fâchée. […] au total cela l’a fait connoître avantageusement. C’est l’opinion de tous ceux
qui m’en écrivent, et c’est surtout le noble caractère de Mme Campan, sa morale, son excellent cœur que cela met à découvert, et
pour cela c’étoit un service que j’aimois à lui rendre. Car les libelles l’avoient assez défgurée pour qu’il soit enfn tems à elle comme à
d’autres de lui faire rendre justice »… Son fls Louis « patine avec grand plaisir ou glisse sur la glace du haut de la montagne et moi je
regarde »…
28 février
. « J’ai été passé quelques jours à Sigmaringen avec mon fls, je deviens si paresseuse que c’est une affaire pour moi que de me
déranger ; mais je suis reçue là avec tant de plaisir que j’y vais sans effort. Nous devenons aussi une distraction à leur vie habituelle, qui
est très uniforme mais encore moins isolée que la nôtre. Cependant notre hiver s’est passé très bien ; mon fls travaille, il ne s’ennuie
pas, et pour moi ma tranquillité me vaut tous les bonheurs du monde ». Dans son livre, elle a voulu être vraie : « je n’ai contesté la
puissance et les droits de personne ; mais j’ai du me défendre d’intrigues imaginaires dont on m’accusoit. […] mais pourquoi après cela
venir dire à tout le monde que je conspire, tandis que ma conduite avoit été si franche. Voilà ce qui m’a irrité. Et comme j’ai bien pris
mon parti de ne plus souffrir qu’on répande des erreurs sur moi sans y répondre, je ne serai plus mouton comme je l’ai toujours été. Et
j’irai à la postérité avec mon caractère et non pas avec celui qu’on s’est plu à me faire depuis vingt ans »…
20 mai
. Elle envoie de l’argent pour payer des fournitures. « Ici il fait un tems superbe et je m’en trouve bien. Je regrette que tu ne puisses
venir voir ma campagne. Dans ce moment c’est un petit ermitage vraiment joli à présent et quand il fait chaud, je m’y trouve à merveille ;
mais quand il fait du vent on ne peut s’en garantir, il faut se résigner à en souffrir. J’attends dans quelques jours mon neveu Auguste et sa
sœur Eugénie, qui reviennent d’Italie. Il y a bien longtemps que je ne les ai vus. Tu sais peut-être que la flle de la grande duchesse de Bade
épouse le prince héréditaire de Hohenzollern. Ils se sont vus chez moi l’année dernière et tout est arrangé à présent, ils se conviennent ».
Elle a lu le nouveau livre de l’abbé de Lamennais : « c’est un livre très remarquable et qui donne sujet à bien des discussions »...
177.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 3 L.A.S. « H. », Arenenberg novembre-décembre 1834, à « Madame la Maréchale Ney prin-
cesse de la Moskowa » ; 1 page et demie, 2 pages et quart avec adresse, et 1 page in-8.
500/700
14 novembre
. Elle a été très « heureuse de nous être revues après si longtems, et que ta santé ne se sera pas trouvée trop mal des incon-
vénients des longs voyages et du séjour dans un petit château aérien. Ta bonne société va nous manquer beaucoup. Mais pour nous il
faut savoir nous résigner à la solitude et à toutes les privations. Mon fls est encore plus raisonnable sur ce point que je ne l’espérois car
bientôt il sera absolument seul et cela n’altère pas l’égalité de son caractère ». On a déplacé dans la cour un grand peuplier. « Le soir
nous lisons les mémoires de ton mari [Ney] et j’espère qu’ils seront écoutés beaucoup mieux que ces pauvres romans qui ont si peu de
succès ici. […] Parle de moi à tous ceux qui se souviennent que je suis encore de ce monde »...
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