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170.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », [Rome] 27 avril 1830 ; 3 pages et demie in-8.
400/500
Elle est depuis huit jours « garde malade de ma pauvre belle-mère [Letizia] qui vient de faire une chûte, simplement en se promenant
à la Villa Borghese. Le vieux M. Colonna lui donnoit le bras elle a fait un faux pas et s’est cassé l’os au-dessus de la cuisse
le fémur
. Elle
a beaucoup souffert ; mais chose extraordinaire, malgré son grand âge elle n’a pas de fèvre et il y a tout à espérer pour sa vie. C’est
pourtant bien triste si elle doit rester toute sa vie estropié et ne pouvant plus marcher. Tous ses fls sont près d’elle, mon mari arrive
aujourd’hui »... Elle engage Églé à venir passer le mois de juillet avec elle, et lui donne des conseils concernant le ménage de Léon [son
fls aîné Napoléon Ney] : « je t’engage à m’imiter ! les belles-mères ne sont
jamais rien
. Il faut en prendre son parti, et ne rien exiger.
Sans cela l’on éloigne les enfants, et si le fls s’en apperçoit cela nuit à l’accord du ménage. Si l’on vient te voir une fois par mois il faut
recevoir aussi bien que si l’on étoit venu tous les jours. Crois-moi c’est dans la nature des choses, il n’y a pas besoin d’être
extraordinaire
pour cela. Une belle-flle qui a un mari vous enlève votre fls » …
171.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », Arenenberg 30 juin 1830, à « Madame la maréchale princesse de la Mos-
kowa » à Paris ; 1 page et demie in-8, enveloppe avec cachets postaux.
250/300
Elle avait fait le projet de venir avec « Niévès » [Maria de las Nieves de Hervas, sa condisciple chez Mme Campan, et veuve de Duroc], qui
est restée avec le colonel Fabvier, malade à Rome : « je ne crois pas du tout qu’elle l’épouse. Il n’y paroit rien et la pauvre femme est loin
encore de chercher une consolation à son affreux malheur. La pauvre duchesse Decrès doit être aussi désolée, c’est réellement affreux ! »…
172.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « Hortense », Arenenberg 7 et 20 août 1830 ; 2 pages et demie et 2 pages in-8.
600/800
Après la révolution de Juillet.
7 août
. « Après bien des avanies vous devez être bien heureux à Paris. J’ai partagé les craintes, je dois partager le bonheur, ce drapeau
tricolore est donc revenu, il va protéger toutes nos gloires et relever notre ferté nationale. Il est impossible de ne pas être émue d’un
si beau changement et obtenu d’une manière si noble. On est fère d’être françois et si le sort doit nous éloigner encore de notre belle
patrie jouissons au moins de son bonheur, ne pensons pas à nous. Au reste nous avons gagné aussi puisque la justice doit régner en
France. Ses enfants seront protégés partout ». Elle était inquiète, « sachant qu’on se tuoit à Paris, on disoit tous les Suisses égorgés et
mon fls étoit seul au milieu d’eux ! […] Mets moi au fait de tout ce qui te touche, ainsi que tes enfants. J’apprendrai toujours avec plai-
sir tout ce qui leur sera avantageux. Tous les intérêts particuliers doivent se confondre dans l’intérêt général, et j’espère que les étran-
gers verront dans l’union des François qu’il seroit honteux et dangereux de les troubler et que la paix est toujours le premier besoin de
l’humanité »…
20 août
. « Je partage bien sincèrement tout le bonheur qui va résulter pour mes amis des derniers événements, je pense bien que pour
moi, je vais y gagner aussi beaucoup ; car je ne doute pas de la bienveillance du souverain à mon égard […] Si la France ne pense pas
à réparer une grande infortune, nous devons donc y rester dans cette infortune, cela ne dit pas que je n’accepterai toutes les bontés
qu’on peut avoir pour moi ; mais je ne puis aller me montrer seule quand j’ai des enfants qu’on sembleroit rejetter ». Elle va donc partir
pour l’Italie en octobre… « Il me tarde que mon fls revienne, le tems devient mauvais et cela attriste encore. Il n’y a que deux choses
dans la vie, la patrie ou un beau soleil »… Elle a reçu ses romances : « tu devrais m’en prendre une œuvre avec les douze dédiées aux
Grecs et les faire relier de la même façon avec un A couronné et les envoyer à l’adresse de l’impératrice du Brésil par l’ambassade qui
est à Paris. Tu mettras sur l’adresse de la part de la duchesse de St Leu. Elle m’a prié de lui envoyer mes romances pour l’Empereur qui
chante bien ».
On joint une petite L.A.S. « Hortense », 10 octobre 1830 (1 page in-8), avant son départ pour l’Italie : « j’espère ne pas aller encore
courir les avantures et revenir au printems et j’espère qu’alors tu viendras me voir »…
173.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », Rome 19 janvier 1831 ; 3 pages et demie in-8.
500/700
Longue lettre sur ses démarches pour rentrer en France, et les troubles insurrectionnels en Italie auxquels prennent
part ses fils.
Elle a été troublée par le départ de son fls : « je déteste tant tout ce qui est troubles et révolutions que j’étois moi-même bien inquiette
de ce qui se passoit ici, et j’étois bien aise malgré mon chagrin de voir mon fls éloigné d’un endroit où l’on me peignoit des dangers. Il
étoit certainement fort innocent de tout cela mais son nom, ces couleurs tricolores qu’il avoit été si content de revoir, et qu’il portoit,
pas de protection, puisque tous les rois vous repoussent et par contradiction les peuples peuvent vous accueillir, toutes ces raisons, moi
qui n’aspire qu’à la paix, m’ont fait trouver très bon qu’on l’éloignât. Mais quand je vois dans les journaux qu’on le met à la tête d’une
conspiration, je regrette de n’avoir pas résisté à un ordre émané de la peur et qu’aucune raison ne justife. […] mais la malveillance
prend toujours le dessus quand il s’agit de personnes sans protection. […] J’ignore quelles sont les démarches faites pour nous. Nous ne
pouvons approuver que celles qui sont toutes claires et sans détour. Quant à moi à qui le roi a fait dire qu’il s’occuperoit de moi je me
serois fait un scrupule de rien demander, et mon rôle étoit d’attendre avec patience, d’autant plus que mes désirs sont très bornés. Je ne
demande pas à retourner en France si tout n’est pas tranquille. Je ne veux pas que mon nom ou celui de mes enfants serve de prétexte à
la moindre intrigue. Tout ce que je puis désirer c’est d’être protégée par la France puisque je suis françoise et de retrouver ce qu’on me
doit ». C’est ce « pauvre duc de Rovigo » [Savary] qui a osé parler à Louis-Philippe « pour les réclamations que la famille Bonaparte a
tant besoin de voir réaliser », et le roi a nommé « une commission pour reconnoitre nos droits » ; elle a donc « envoyé au duc la note
de ce que j’avais droit de réclamer. […] comme le seul bonheur auquel j’aspire est d’être dans la position de fortune de pouvoir marier
Louis à mon gré, d’avoir des petits-enfants à gâter, alors je ne désirerois plus rien dans le monde, tout ce qui me porte vers ce but est
pour moi une douce chose et des intérêts de cœur de ce genre deviennent toute mon ambition »...
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