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la fait voir […] je crains qu’elle ne me séduise, et la mère seule comme tu le dis à cause de sa réputation est un obstacle que je crois très
grand et par lequel je ne voudrois pas passer à cause de mon amour pour la musique. […] Mlle Le Camus sauroit-elle nous accompagner
tout Rossini lorsque nous voulons chanter ? »… Puis elle parle de toilettes : « Veux-tu m’acheter une robe de cet joli lavande et brodée
en pareil. Le petit fchu simple en tul brodé blanc comme tu le propose avec manches »… Elle est arrivée « le 6 au soir après avoir
encore passé le Bernardin avec trente pieds de neige »… Elle en revient à Mlle Le Camus : « si je n’ai qu’une écolière qui ne saura pas
occuper mon salon, faire danser mes enfants, je perds un des premiers agréments auquel je tenois […] Ensuite si l’on est diffcile si l’on a
des prétentions je n’ai plus une cour ni tous les agréments qui y étoient attachés en voyage, et il faut savoir s’arranger toute seule, enfn
de ne pas être diffcile […] Tu dois montrer tout cela en laid, car je sais bien qu’on peut être heureux chez moi ce qu’on n’y gagne qu’un
défaut, c’est de ne pouvoir plus vivre ailleurs ; mais comme je suis peut-être trop facile et trop complaisante, je veux qu’on sache qu’on
n’a droit à rien, car les prétentions et les plaintes qui viennent d’ordinaire que parce que les désirs sont insatiables et qu’on les contente
toujours, je veux y mettre un terme »…
21 juillet
. Elle se plaint qu’on espionne son courrier, parle d’un portrait qui « n’est pas mal hors le bandeau qui tombe sur le nez », parle
du choix d’une dame, a éconduit Mme Gay et sa charmante flle… « J’ai ici ma chère nièce Eugénie qui est charmante, elle me rend
heureuse. Son mari est parfait. C’est elle qui fera notre chef d’orchestre faute de mieux »…
159.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense » et L.A., [Arenenberg] septembre 1827 ; 2 et 3 pages in-8.
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7 septembre
. Instructions pour le voyage à Rome de la future lectrice, qu’elle attendra le 20 octobre à la villa Pauline… « J’ai tiré mon
compliment à M. Le Bas, mon fls [Louis-Napoléon, futur Napoléon III] n’a plus besoin de lui et nous nous quittons fort bien. Je voya-
gerai dorénavant avec mon fls, une dame et une femme de chambre, et cela ne me ruinera plus ni ne m’ennuyera plus. Eliza va aussi à
Paris soigner sa santé. Je doute qu’elle se marie [elle épousera Casimir Delavigne], ce seroit folie, sans fortune des deux côtés. Enfn il
faut pour tous ces arrangements que je trouve de l’argent pour arranger chacun en leur donnant ce qui leur faut ». Elle espère donc fnir
l’affaire de son domaine de la Chaussée…
24 septembre
. Elle connaît de réputation Mlle Rabié, mais craint « qu’elle ne soit pas assez forte musicienne, car tu sais si j’y tiens […]
Je n’offre que 1200 fr, on fera tout soi-même, une femme à moi aidera, et je ne veux plus de dame diffcile près de moi ». Elle avait
pensé à une dame de Saint-Denis, « excellente de caractère et de talents hors la laideur »… « Si je donne la préférence à ta protégée,
je ne veux m’engager que pour un an et que son talent soit des plus distingués. Dans cette affaire tu dois penser à moi avant de penser
à elle, car j’ai été assez malheureuse pour tout cela et je ne veux plus l’être, je veux me faire un cœur de roche ». Si Mlle Rabié « est
dans le genre femme de chambre à se plaindre, ce n’est pas mon fait et je préfère la laide douce, et bonne qui n’a été que dans sa famille
et qu’on dit un ange »… Elle part dans huit jours, et veut que la dame soit à Rome à la fn d’octobre… « Hier j’avois ici à déjeuner le
prince et la princesse Furchtenberg, la grande duchesse et sa flle, la princesse de Hohenzollern et le prince et le princesse de Salm et
les deux Landamman. Ma table tenoit juste et le hazard a fait cette grande réunion de princes qui sont venus me rendre une visite. La
moitié seule étoit invitée ».
160.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Rome] 9 novembre 1827 ; 4 pages in-8.
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Elle regrette le départ pour Rome de Mlle Rabié, dont on lui avait dit le talent médiocre. « Mlle Le Camus n’étoit aussi qu’une écolière
et elle avoit des avantages ; mais c’est en pesant les uns et les autres qu’on arrive à trouver ce qui convient. En Allemagne on m’en
proposoit deux, une surtout Baronne possédant le chant la harpe le piano mais jolie ! jolie ! j’ai trouvé que c’étoit trop de biens réunis.
Et je penchois pour une françoise ». Pour Mlle Rabié, « j’aurai encore plus peur qu’elle, que son talent ne soit médiocre car c’est un
des agrémens de ma vie. Si elle peut faire des progrès, arriver à m’écrire mes romances, alors nous nous arrangerons. […] une bonne
conduite, une bonne tenue et des talents voilà tout ce qu’on doit ambitionner dans ceux qu’on prend près de soi ». Elle l’attend donc
« avec impatience, tu sais que tout en voulant être diffcile je ne le suis pas, je sais m’arranger de tout, depuis quelques années. Je puis
dire que je me suis passée de dame, car la belle Eliza ne se gênoit guère ; mais j’avois recours à des artistes pour la musique, cela me
revenoit fort cher, et souvent je n’en trouvois pas. J’espère que Mlle Rabié me remplacera tout cela ou du moins qu’elle y arrivera
puisqu’elle sait que j’y tiens beaucoup… Elle espère se loger en ville, « car je suis bien seule à ma campagne et le froid arrive. Pour
moi je m’arrange de la vie la plus monotone mais pour mon fls [Louis-Napoléon, futur Napoléon III] je crains qu’il ne s’ennuye et le
seul moyen, après une morale constante pour que nos garçons ne fassent pas de sottises, c’est de les amuser. Quand je serai en ville,
je prierai quelques personnes le soir, et s’il danse au son du piano la soirée se passera bien ; depuis que je suis ici nous sommes tous les
deux tête à tête, et le cher enfant, malgré tous mes frais, sent souvent le sommeil le surprendre. Au reste tous les deux nous préférons
notre solitude à l’humeur, à l’ennuye de ceux qui nous ont quittés cette année. Les françois les anglois viennent de remporter une belle
victoire [Navarin]. Cela m’a enchanté j’ai bien senti que j’étois françoise en apprenant que notre escadre s’était si bien conduite. Le
cœur m’a palpité comme autrefois en face de nos rivaux je me suis sentie toute fère – et tout en sentant l’avantage qu’il y avoit pour la
cause intéressante qu’on défendoit j’ai jouis aussi d’un petit orgueil national »…
On joint une L.A.S. « Hortense », [Rome fn 1827] ; 2 pages et demie in-8 (le bas du dernier feuillet a été coupé sous la signature).
Commissions diverses ; reproches au cordonnier au sujet de ses bottines… « La bonne chaleur que j’ai retrouvé ici m’a rétablie
j’engraisse beaucoup, et bientôt il faudra refaire mes corsets ; mon mal de gorge est mieux quand je ne chante pas ni quand je ne parle
pas »… Elle est contente de Mlle Rabié : « c’est une excellente personne, je crois qu’elle m’est attachée et qu’elle se plait avec moi je
la forme un peu pour sa tenue et son ton et cela viendra »… Elle aimerait pouvoir vendre ses rubis…
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