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161.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « Hortense » et « H. », [Rome] 21 janvier et 3 mars 1828 ; 2 pages et demie in-8
chaque.
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21 janvier
. Elle évoque le mariage de Fortuné de Brack : « je l’avois même beaucoup engagé à faire une fn aussi honnête, il est amoureux
comme un fou et trouve très raisonnable de renoncer à la fortune pour l’amour et la simplicité. Peut-être a-t-il raison, s’il sait se contenter
toujours des avantages dont il fait tant de cas à présent. Rome devient tous les jours plus brillant et le soleil nous donne tous les jours
une fête de printems qui fait qu’on oublie l’hiver complettement, et c’est charmant […] Mlle Rabié paroit si contente de tout que je lui
en sais gré »… Elle évoque ses comptes avec Ferdinand Devaux, et va pousser Devaux à faire de nouvelles démarches auprès du nouveau
ministère en France « pour retrouver ce qu’on me doit – réclamation que M. de Villèle avait éloignée – ce qui est juste peut à la fn se
faire et je voudrais que Ferdinand apprit de son père tout ce qu’on peut faire et qu’il s’en chargeat car j’ai beaucoup plus de confance dans
sa bonne tête que dans celle de son père »...
3 mars
. Elle a été un peu souffrante : « Le printems vient, mes vieilles années commencent à s’en ressentir. J’éprouve encore le plaisir
de la jeunesse à revoir les feuilles mais la santé en souffre, cependant je ne puis pas me plaindre cette année ». Il faut que Ferdinand
Devaux règle toutes ses affaires : « payer mes pensions et mes objets de toilette mois par mois, […] rembourser de suite toutes mes
dettes, son père vient encore d’emprunter et c’est ce qui me fâche car je ne veux plus avoir affaire qu’au fls ». Elle lui propose un
arrangement : « S’il a de l’argent à moi il m’en donne cinq pour cent, s’il m’en avance je lui donne cinq pour cent ». Elle veut mettre
de l’ordre dans ses affaires. « J’ai l’espoir de vendre enfn mes tableaux »…
162.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., [été 1828] ; 2 pages in-8.
300/400
« Le beau tems est revenu depuis deux jours et je m’en trouve bien. J’ai trouvé le petit fchu de foulard charmant. Je regrette une robe
comme cela, ce sera pour une autre occasion puisqu’il n’y a plus de caisse que cet automne, car je veux mettre de l’ordre dans tout cela et
j’en ai grand besoin je t’assure. […] Je vais faire un beau
budjet
de toilette que je t’enverrai pour que je me rende compte de l’argent que
je veux y mettre et de ce qui m’est indispensable, en laissant une petite somme pour les niaiseries dont tu disposeras ad libitum »… Elle
lit « les mémoires du duc de Rovigo [Savary]. Dis à Mr Devaux que je ne veux plus de livres parce que je n’ai pas un ouvrage complet. Le
libraire m’envoyoit les abonnements à sa fantaisie […] c’étoit trop mal en ordre et sa caisse de 60 volumes qu’il vient de m’envoyer sans
ordre ne me fait pas du tout plaisir. Il me parloit encore de la vie de mon frère mais l’auteur me l’a envoyé directement »…
163.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « H. » et « Hortense », [Arenenberg] 9 août et 5 octobre 1828, à « la maréchale prin-
cesse de la Moskowa » ; 3 pages in-8 et 1 page in-8 avec adresse.
500/600
9 août
. Conseils pour la décoration du petit cabinet d’Églé : « la meilleure chose pour les rideaux c’est de la mousseline »… Com-
missions pour ses toilettes, pour ses chapeaux : « un chapeau de satin noir plutôt qu’un béret car j’en ai eu un l’hiver dernier et cela
auroit l’air d’être la même chose ». Elle prie aussi de « m’envoyer les rubis par la caisse ou par une occasion »… Elle reste « au coin du
feu car le tems est abominable, ce qui ne guérit guère ma gorge […] Nous lisons, nous dessinons et nous attendons le beau tems. […]
Louis chasse, travaille à la chimie aux mathématiques, il est toujours très bon enfant ». Elle espère terminer la vente de ses tableaux :
« J’en ai bien besoin ». Elle demande le livre de Maussion, élève d’Isabey :
Lettres sur la miniature
… « Dis à Ferdinand que je suis bien
inquiette de la réponse de mon mari, s’il est vrai qu’il n’aye pas payé sa maison, il m’a joué un tour terrible, car il est très vrai qu’il a fait
mettre dans notre acte de séparation que toutes les réclamations à venir pour les affaires de Paris seroient à ma charge, […] je ne puis
pas croire qu’il n’ait pas payé cette maison dans notre tems de fortune c’était alors si peu de chose et c’est tout à présent ».
5 octobre
. Si son mal de gorge ne s’arrange pas, elle ira aux eaux d’Aix. Puis elle parle d’une « petite négresse de ma mère il faut que je
m’en charge puisqu’elle est malheureuse. Vois avec Ferdinand ce qu’il faut faire pour me l’envoyer, le meilleur moyen et le moins cher.
Je vais m’embarquer dans la neige et il me tarde d’être déjà de l’autre côté des Alpes »…
164.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Bade] 29 septembre [1828 ?] ; 4 pages in-8.
500/700
Elle est chez la Grande-Duchesse [Stéphanie de Bade], qu’elle a « trouvée bien, malgré un œil où elle voit à peine, elle seule s’en
aperçoit et elle a paru si contente de me voir que sa tristesse a disparu, aussi je reste le plus longtems que je peux ; mais ces vilaines
montagnes à passer me forceront pourtant à repartir bientôt. D’ailleurs ce pays quoique bien beau est un peu humide et la grande du-
chesse ne feroit pas bien d’y rester trop longtems, ses flles sont charmantes et moi qui suis toujours si isolée cela me fait du bien de me
trouver un peu en famille, du moins dans la mienne, car celle d’Italie n’est pas tout à fait la mienne ». Puis elle évoque son cordonnier
qui lui fait payer trop cher les bottines. Elle a envoyé à Églé « une robe à faire teindre et des plumes », par l’intermédiaire d’un jeune
homme [Fortuné de Brack] qui « s’est amouraché du pays et je crois encore du bon marché de Sandeck [le château de Louise Cochelet],
et il l’acheté en fesant supporter la moitié à son compagnon de voyage qui demeure au bout du monde mais qui est si riche qu’il n’a pas
refusé la moitié de ce pied à terre. Ils espèrent s’amuser beaucoup là ; mais j’en doute à moins qu’ils n’y amènent tous les plaisirs ». Elle
voulait faire acheter à Nieves [veuve de Duroc] le vieux château de Solchtein, on l’auroit pour 8 mille francs mais pour l’arranger en
gothique il faudroit au moins 30 mille cela l’a effrayée avec raison et elle y a renoncé ». Puis sur la mode et ses robes : « Ta robe manda-
rine m’a effrayé en la voyant et il a fallu se dire c’est la mode, pour ne pas croire que c’est une vieille tenture de grand-mère. Aussi faut-
il vite se dépêcher de la porter et comme on s’habitue vite à ce qui est à la mode, je la trouverai jolie parce que la couleur est jolie, pour
moi c’est le principal. Aussi par la suite change moi les étoffes tant que tu voudras ; mais pas les couleurs. C’est le cas de dire qu’on ne
peut se disputer, car si le vert te va, moi il me va mal. Aussi ferai-je une robe de soir de celle que tu m’as envoyée avec du grèbe et des
manches blanches ce sera mieux. Et pour le matin je veux ou du rose ou des couleurs très sombres pour ne pas être éclatantes. Ce qui
me fait mettre toujours du rose c’est le besoin que j’ai d’être toujours très couverte. Le rose seul permet d’être entortillée jusqu’au col
sans paroître trop déshabillée. Ici où il fait humide je vois tout le monde avec des manches longues, une petite gaze blanche, le bras
est tout nu. Si j’étois ainsi j’aurois mon mal de gorge à l’instant et je n’ai pas quitté depuis mon arrivée un spenser ouaté que je cache
sous du rose, et comme cela j’affronte le tems comme tout le monde et je ne suis pas malade ». En voyant les montagnes des Vosges :
« c’est la France, à cette pensée malgré moi le cœur se serre et je me dis pour calmer cette douloureuse impression là aussi j’ai été bien
malheureuse aussi je ne veux rien regretter »...
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