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135.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Arenenberg] 13 juillet 1819 ; 1 page in-8.
200/300
… « tu seras contente d’avoir une romance que je viens de faire et qui a assez de succès, tu vois que je deviens foible car tu m’as assez
reproché mon avarice pour mes compositions ; enfn je me laisse aller, et crois que je trouverai du plaisir si je puis t’en faire un peu.
[…] Je viens de recevoir le portrait de ta tante Campan qui est frappant et qui me fait grand plaisir ». Elle part « après demain pour
quelques tems chez mon frère »…
136.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., [Arenenberg] 8 novembre 1819 ; 3 pages in-8 à bordure gaufrée au Cupidon. 400/500
« Ma chère Eglé, je te vois bien établie à Paris, dans un endroit retiré, suivant l’éducation de tes enfants, jouissant d’être entourée de
ta famille, de quelques amis. Que faut-il de plus dans cette vie ? et bien fou qui chercheroit un autre bonheur, aussi tu me pardonneras
d’envier ton sort, et rien que ton sort. Il m’est doux d’apprendre par toi que quelques personnes veulent bien se rappeller encore de
moi. Tout ce qui me vient de mon pays m’est cher, même le plus foible des souvenirs. Ceux qui me trouvent bonne ne savent pas à quel
point je l’ai été, et je ne m’en repentirai jamais ». Elle fait une mise au point au sujet de « mon raccommodement avec mon mari »
dont aurait parlé Mme Lacroix : « ma femme de chambre a un grand empire sur ma toilette car tu sais que je m’en occupe peu mais ce
n’est pas à elle que je parle de mes projets, ni de rien de ce qui me touche, […] ceux qui questionnent ces personnes-là courent risque
souvent de ne pas savoir toute la vérité ». Elle n’est pas dévote, mais « de grandes injustices, de grands désapointements, m’ont prouvé
qu’il devait exister une autre vie où l’on recueille davantage ce que l’on sème. Si cette idée consolante m’a fait du bien en me fesant
pardonner plus facilement à tous ceux qui ont tant froissé mon cœur, je dois en remercier la providence et comme la véritable religion
n’est qu’amour, je prie cette providence, de fortifer en moi ces douces impressions qui me font aimer vivement mes amis et oublier tout
le mal que m’ont fait mes ennemis. […] je suis loin de cette rigidité que l’on appelle dévotion ». Elle aimerait qu’Églé vienne la voir
dans son isolement : « ce sera un tems de bonheur. Je m’occupe beaucoup. Je viens de fnir mon portrait pour toi. […] Eliza [de Cour-
tin] lit très bien, enfn le tems passe et même assez vite. Les jours où je vois du monde on me montre tant de plaisir de venir chez moi
que j’y suis sensible. Le jour de ma fête toute la société est venue faire un salon de Curcius en costumes différents qui représentaient
des sujets d’histoire. C’était fort joli, et l’intention est toujours sure de me toucher. La belle Sophie va revenir bientôt elle est au fond
bonne personne et son talent pour la musique est d’une grande ressource »...
137.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Augsbourg ?] 28 janvier 1820 ; 1 page et quart in-8.
400/500
Ses romances. « Tu parois regretter dans notre belle capitale ce beau ciel de l’Italie. Tu dois penser que je dois sentir autrement. Si je
suis forcé, comme je le pense, d’aller encore en Italie, ce sont toujours des tourments qui m’y attendent, même dans une autre ville que
celle habitée par ma famille, je dois m’attendre à ne pas y être tranquille et je regretterai bien que tu ne sois plus là pour consoler mes
petits tourments ». Elle reçoit les joujoux : « Louis est en admiration du jeu de carte et tout le choix est fort de notre goût, sans comp-
ter l’intention qui est la mieux sentie. […] Pour ton rhume, l’air de ma petite campagne seroit excellent. Je veux faire un joli recueil de
mes romances et tu auras le premier. Je pense que tu as reçu mon portrait »…
138.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [Arenenberg] 30 mai 1820 ; 2 pages in-8.
500/600
Installation à Arenenberg et rédaction de ses Mémoires.
« Me voilà dans mon petit hermitage au bord de mon lac, je voudrois bien t’y voir, tu ne regretterois pas l’Italie je t’assure car la nature
n’est pas si belle que cela ». Elle parle de son ancienne lectrice Louise Cochelet (renvoyée car trop intrigante) dans « son castel » [de
Sandegg] : « Nous nous sommes revues comme si de rien n’étoit. Je ne voulois pas non plus me brouiller avec elle ; mais je ne la dési-
rois plus attachée à ma personne et j’ai été bien aise de choisir le moment où elle agissoit tout comme si elle n’étoit plus rien près de
moi et dans ma belle position cela l’auroit perdue ce que j’étois loin de vouloir, car je voulois toujours la marier et je crois qu’elle fnira
par rester flle. Au reste la pauvre flle est bien triste ». Elle évoque ses nouvelles lectrices : « Je suis contente d’Elisa [de Courtin]. Elle a
très bonne tenue et tout ce qu’on disoit d’elle est faux. Mlle de Mollenbeck a toujours son beau talent et son originalité ordinaire ; elle
t’adore
c’est le mot, car chez elle tout est exagéré mais au fond c’est une bonne flle. Je m’amuse à écrire mes souvenirs. C’est pénible de
se rappeller de bons moments dans l’enfance et de si tristes dans la jeunesse. Enfn c’est une occupation nécessaire et que je veux faire
de suite ici ». Elle évoque son départ d’Augsbourg : « c’étoit un chagrin universel. Ils croyent toujours que je parts et que je ne veux
plus revenir. Mon voyage d’Italie pour cet hiver les effrayent et moi encore plus ; mais il faut bien le faire. Je viens d’arrêter un gouver-
neur [Philippe Le Bas] dont on dit grand bien. Cela m’était bien nécessaire car notre pauvre abbé est trop vieux et je ne veux pas que
mon fls soit quitté d’un instant. […] J’espère que mon mari ne viendra pas gâter tout cela »…
139.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., [Arenenberg] 22 novembre 1820 ; 4 pages in-8 à bordure gaufrée.
500/700
Longue lettre sur son ancienne lectrice Louise Cochelet. Elle parle d’abord parlé robes… « Veux-tu connoître ma passion do-
minante ? C’est ma petite campagne : c’est une véritable jouissance de se trouver seule, sans société qui p laise, d’ouvrir sa fenêtre et de
se croire un peu dans le ciel. Il n’y a pas de jour que je ne répète,
ah que c’est beau
et cependant je n’ai qu’une petite chaumière ; mais
c’est encore ce qui me convient on doit donc se trouver heureux dans un lieu qui plait, avec contentement de soi, douces occupations,
et voilà de ces bonheurs que personne ne peut vous ôter, ni envier peut-être ». La Grande Duchesse [Stéphanie de Bade] « est venue
me voir cette année. J’ai été enchantée d’elle, esprit, agrément, solidité, sensibilité, elle réunit tout, il ne lui manquoit qu’un peu de
malheur pour être parfaite. Aussi ne lui manque-t-il plus rien. Pour ma voisine de Sandeck [Louise Cochelet] je ne t’en ai jamais parlé
parce que je n’aime pas à donner mauvaise opinion de ceux qui ont été si longtems placés près de moi, mais le fait est qu’au milieu de
beaucoup de défauts je croyois à beaucoup d’attachement et de
vérité
, j’ai pu douter de l’un et de l’autre et je conçois qu’un tel caractère
ait pu me faire grand tort. Je voyois bien le ridicule de vouloir passer pour mon amie et d’en faire tous les embarras, parce qu’elle ne
l’étoit pas, mais on passe les ridicules lorsqu’on ne voit que cela et qu’on reconnoit des qualités À présent j’ai vu beaucoup de choses,
que je garde pour moi, je ne veux pas nuire mais j’ai dû éloigner de moi le plus possible, cependant comme je ne veux pas de brouille
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