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j’ai eu de la peine, on se rapproche tant qu’on peut. […] j’aurai encore de petits caquets c’est naturel, mais l’essentiel c’est qu’on ne
fasse plus partie de ma maison. Quand on se plaindra de moi, de mon ingratitude, d’abandonner après 18 ans des personnes attachées à
moi, je répondrai qu’on vienne voir Sandeck dont ma campagne n’aura jamais la prétention d’approcher, et j’espère qu’alors on ne me
jugera plus si sévèrement ; mais pour être mon amie il faut avant tout avoir de l’élévation et de la noblesse, quant à être protégée par
moi je le ferai toujours avec plaisir tant que je pourrai ». Sa santé est bonne : « je ne suis ni engraissée ni maigrie ». Elle évoque un pro-
jet de mariage de Clémence Gamot (nièce d’Églé, flle de sa sœur Antoinette), « mais les hommes aiment le célibat, au reste son éloge
court encore parmi de bons jeunes gens ; mais le millionnaire que j’avais annoncé veut rester garçon ». Elle parle de sa chienne Amine,
malade de la gale. Puis elle cite longuement (sans mentionner le nom) un passage d’une lettre de Charles de Flahaut parlant de sa flle
et de l’être qui aurait dû lui « montrer la source du vrai bonheur »… Elle en a été « touchée aux larmes »…
140.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., Bade 13 juillet 1821 ; 2 pages in-8.
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Cure à Baden avec Madame Campan. Elle remercie pour les bonbons, « arrivés fort à propos pour me faire prendre une mauvaise
drogue qui m’étoit ordonnée, et les litographies sont charmantes, tous ces petits souvenirs m’ont fait grand plaisir, et tu dois penser de
celui que j’ai eu à les recevoir de la main de celle qui les a apportés [Mme Campan]. Je trouverai ma vie très agréable si tous les ans je
puis avoir une pareille visite, et tu sais combien la tienne me rendra heureuse. Ces eaux sont bonnes ; ta tante s’en trouve très bien,
moi aussi ; mais je ne voudrois pas les prendre trop longtems, elles sont fondantes et fniroient par affoiblir. Mais c’est le séjour de ma
petite campagne qui est excellent. L’année prochaine, je serai riche en chambre et tes garçons ne me gêneront nullement. Je ferai un
dortoir, entre amis on s’arrange toujours et si Antoinette veut venir aussi nous tiendrons tous dans mon Ermitage. Il sera charmant, la
vue est magnifque, et je m’y trouverai bien heureuse avec vous. Nous prenons ici les eaux le matin, nous nous promenons quand il ne
pleut pas, et le soir nous fesons la conversation entre nous, car il n’y a pas un chat à voir. […] je compte aussi prendre quelques bains
froids dans mon lac en retournant, et je crois que cela vaut mieux pour fortifer que les eaux chaudes. Ces deux remèdes l’un après
l’autre peuvent être bons, surtout pour Antoinette qui en a tant besoin. Tu vois que je te fais un cours de médecine. Tes chers enfants
travaillent beaucoup à ce qu’on dit, mon petit Louis en fait autant, il va venir me rejoindre au mois d’août. C’est surtout pour nos
enfants que les bains du lac seront excellents car il ne faut pas les rendre savant au dépend de leur santé »…
141.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », Crémone 8 octobre [1821], à « la princesse de la Moskowa » à Paris ; 1 page et
demie petit in-4, adresse avec cachets postaux.
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Elle écrit d’une auberge à propos « de la dame que tu dois m’envoyer, j’ai peur qu’elle ne soit pas forte sur le piano et on m’en parle
d’une qui réunit encore mieux que toutes les autres tout ce que je puis désirer c’est une demoiselle de Lostange agréable ni jolie ni laide
et forte comme un maître chantant bien ». Elle a été affigée de quitter sa lectrice Élisa de Courtin « après tant de temps, je m’en étois
chargée malgré son caractère et sa volonté je me ferois l’effet de l’abandonner au hazard du sort, d’autant plus que j’ai vu au dernier
moment qu’elle n’avoit rien d’arrêté et qu’elle croyoit peut-être que cela s’arrangeroit et qu’elle resteroit. Au reste elle a beaucoup
pleuré et moi j’en ai été aussi excessivement affigée. J’aurois résolu la donner à un mari et j’aurois été satisfaite »…
142.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A., [Arenenberg] 11 mai et 19 juillet 1822 ; 1 page et 1 page et demie in-8.
400/500
11 mai
. « Tu sais que je me suis engagée, si nous avions le malheur de perdre Antoinette [Gamot, sœur aîné d’Églé], de servir de mère
à ses enfants. Alors je ne pourrois plus avoir Angélique. Elle a tant tardé à se décider qu’on peut lui faire un autre engagement […]
elle peut venir près de moi tout de suite ou menée par toi, et je la garde jusqu’à son mariage. Mais si les enfants d’Antoinette devoient
venir près de moi ne pourrois-tu pas reprendre Angélique »…
19 juillet
, au sujet d’Antoinette : « si sa maladie n’étoit que morale, un voyage lui auroit peut-être fait grand bien je pense qu’il ne faut
plus la porter pour monter l’escalier voilà le seul inconvénient chez moi car mon escalier est encore très petit. Fais lui donc mettre sur
l’estomac une emplatre qui ne cause en dehors qu’une petite irritation et force à manger », dont Mme de Souza a la recette. « Pourquoi
ne viendrois-tu pas avec tous les enfants passer seulement les vacances, les distractions d’ici ne sont pas très grandes, le voyage ne peut
pas être très cher. […] On ne fait pas de toilette, tous les jours en toile ou en percale et pour des extraordinaires apporte une robe de
taffetas voilà tout ce qu’il faut »…
143.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H », [Arenenberg] 27 octobre 1822 ; 2 pages et demie in-8.
300/400
Après le départ d’Églé et de ses enfants, elle a repris sa vie solitaire… « Je ne puis me plaindre cette année j’ai revu de mes anciens amis
et mon ambition ne va pas au-delà. Je ne demande plus à la France que cette jouissance. Je vais planter bientôt ma cour, j’ai fait un
percé près de la tour et cela fait un effet admirable, voilà les plaisirs des champs […] je suis si peu diffcile que j’ai beaucoup à apprendre
pour tenir ma maison, mais j’aime que cela soit bien. Si je n’exige pas trop c’est parce que j’ai autour de moi plus de maîtres que de
domestiques et qu’ayant beaucoup de choses à faire je les laisse un peu jouir de leur liberté dans les moments où l’on peut s’en passer,
l’inconvénient du cuisinier que tu me proposes c’est qu’il est marié, au reste je vais voir si avec un peu plus de sévérité le mien sera
meilleur ». Quant à son homme d’affaires Devaux, elle ne veut « qu’un homme calme qui ne se mêle nullement de politique »… Elle
craignait « d’après les journaux d’être bientôt en deuil de ma belle-mère [Letizia] ; mais je n’ai reçu aucune nouvelle, ce qui me prouve
que la nouvelle est fausse ». Elle charge Églé de diverses commissions à expédier par « la diligence de Basle », et attend cette caisse
« avec impatience car il commence à faire froid et les chapeaux d’été sont bien légers »…
144.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « H. », 17 février et 19 juin 1823 ; 3/4 page et 1 page et demie in-8 (lég. effrang.).
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17 février
. Elle s’inquiète pour Églé en apprenant « que le receveur de Paris venoit de faire banqueroute. J’espère encore que c’est une
fausse nouvelle mais sans cela est-ce que tu aurois encore là ta pauvre petite fortune. Mes avis étoient bien que les rentes d’Etat vallent
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