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HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A., [Augsbourg] 13 mars 1819 ; 5 pages petit in-4.
500/700
Longue lettre. « Ma chère Eglé, je m’attendois bien à recevoir un peu plus rarement de tes lettres, […] vous êtes restée fort longtems
sans m’écrire, je vous le pardonne cependant […] vous perdez toutes les belles descriptions de notre carnaval. J’attendois de vos lettres
pour vous faire ces belles narrations, et à présent c’est déjà si loin que je ne m’en souviens plus. […] mon frère et ma sœur sont venus
passer quelques jours avec moi et m’ont amené leurs deux flles ainées. J’ai été enchanté de ces chères petites. Sans faire tort à nos gar-
çons les petites flles sont cent fois plus gentilles. Je leur avois préparé deux jolies petites robes de bal qu’elles ont portées à celui que j’ai
donné et père, mère, tante et cousin, tout le monde étoit fer de leur beauté. Le prince Charles est venu me surprendre au milieu du bal
et cette surprise a fait grand plaisir à tout le monde, j’ai fait répété le quadrille des jeunes personnes d’Augsbourg et je t’assure que nous
n’avions pas trop l’air d’une ville de province. Je fais les honneurs de cette bonne ville, car ces habitans sont si bien pour moi que je
me crois un peu en droit de les protéger, et de les faire valoir, mais pour en revenir à mon bal c’est que le feu a pris dans la sale de danse
pendant le souper on l’a éteint et ce petit accident n’a fait qu’augmenter le plaisir du bal. Moi je jouissois en maman, car j’avois mal au
pied mais je regrettois bien le grand enfant qui auroit bien fait sa partie avec ses petits cousins. Louis a sauté de son mieux et l’accort
étoit si parfait dans les enfants qu’il y a eu beaucoup de larmes répandus en se quittant »... Elle a retrouvé le calme et repris ses occu-
pations habituelles, « mais je me repose des invitations à souper et je veux faire un peu carême pour me faire plaisir »... Elle évoque le
souvenir de sa chère Adèle : « les avis de cet ange que nous avons perdu sont venus enfn me faire sentir que le bonheur parfait n’existe
pas sur cette terre. Supportons avec résignation les maux qui nous sont envoyés, mais jouissons aussi des consolations que le ciel nous
envoye. Si ta famille te tourmente, songe aux amis qui te donnent des preuves de dévouement. Si le monde est sévère pour toi, pense
que tu ne le mérites pas, en menant une vie pure, réglée, en élevant bien tes enfants et en supportant ton malheur avec courage. […] Il
est tout simple que ta famille te désire en France. Il est vrai que c’est là, où tes enfants trouveront toujours des amis, des protecteurs, et
la marche que l’on suit prouve qu’on fnira par y honorer la mémoire de ceux qui ont donné tant de gloire à leur pays et que le malheur
des circonstances avoit fait oublier »… Elle veut retarder son voyage à Rome : « Tu dois penser que ce séjour
maritale
ne me convient
guère. J’ai toujours peur qu’on ne me garde mon fls cadet. Il n’y auroit donc que pour voir l’aîné que je me déciderois encore à aller de
ce côté et comme Louis [le futur Napoléon III] fera sa première communion avant ici je veux encore me reposer une année où je suis ».
Elle aimerait qu’Églé vienne avec Antoinette, « pour occuper un certain jeune homme de ma connaissance »…
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