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« Les eaux me font du bien et quoique la vie que nous menons
soit un peu triste je me sens beaucoup mieux. La réunion
de femmes est assez bien ; mais comme partout il n’y a pas
d’hommes. Ainsi on ne pourroit nous envier que Mr de Semon-
ville qui du moins sait causer. La dame que j’ai vue et avec qui
tu étois un peu brouillée m’a parlé de toi […] Elle m’a dit avoir
eu tort ce qui lui donnoit beaucoup d’embarras »…
115.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A. et L.A.S. « H. »,
[1811-1812 ?] ; demi-page in-8 avec adresse « A Madame la
duchesse d’Elchingen », et demi-page in-8.
400/500
3 heures
. « On n’a pas le sens commun dans la montagne mais
comme il y a là une autorité masculine il faut dire
ainsi soit-il
.
J’ai mes enfants aujourd’hui qui se fesoient une fête d’aller à
âne et je vous prie de croire qu’on ne craint pas les orages chez
moi, et demain je serai seule. Ainsi pour le portrait ce sera donc
pour demain. Viens-tu toujours dîner aujourd’hui ? Je pense
que non puisque tu attends le beau tems, ah qu’on a de peine à
s’entendre même quand on est à une demie lieue »…
4 heures
. « Je ne demande pas mieux d’aller te voir entre deux
eaux, je ne crains plus rien depuis les bains de mer. Mais je
n’ai rien de couvert, ainsi viens avec ta charmante voiture, ou
envoye la moi. Je suis seule et des plus seules, la belle Morenbert
est dans son lit. Je vais dîner solitairement. Adieu donc à ce soir
si le ciel le permet »…
116.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense »,
[Saint-Leu] ce 24 [septembre 1812] ; 1 page in-8.
500/700
Bataille de la Moskowa (7 septembre 1812). « Ma Chère
Eglé, les détails de la grande bataille arrivent. Heureusement ce
qui nous est le plus cher se porte bien ; mais que c’est triste de
penser aux pertes que l’on a fait. Ce pauvre Auguste Caulain-
court que je regrette bien vivement et que je puis bien dire
que je pleure, le petit Canonville, les généraux Montbrun,
Plauzonne, et plusieurs autres que nous ne connoissons pas. Ton
mari se porte bien, nos connoissances aussi. Je m’empresse de t’écrire tout cela, pensant que je te fais plaisir et je t’embrasse comme je
t’aime »… Elle ajoute : « La garde n’a pas donné. Le p. d’Ecmul [Davout], Nansouty et Rapp blessés mais légèrement ».
117.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », Aix[-les-Bains] 15 juin [1813] ; 1 page et demie in-8 à bordure gaufrée
(lég. rouss.).
500/700
Mort d’Adèle de Broc (le 10 juin, Adèle, la sœur d’Églé, est morte noyée sous les yeux de la Reine Hortense, qu’elle accompagnait
dans une excursion à la cascade de Grésy).
« Ma chère Eglé, j’ai besoin de pleurer avec toi. Nous venons d’éprouver un malheur affreux, et je sens que rien ne pourra jamais me
consoler de la perte d’une si tendre amie. Dis-moi savoit-elle à quel point je l’aimois, je sais si peu le dire mais le besoin que j’avois
d’elle se sentira tout le tems de ma vie, elle me connoissoit si bien, aucune de mes impressions ne lui étoient cachées, la perte d’une
telle amie est un malheur affreux. Elle doit être heureuse à présent mais c’est moi qui vais me trouver bien seule dans la vie, elle étoit
si pure si vertueuse, je me reposois sur elle de tout le bien que je pouvois faire et avec elle je ne devois jamais craindre de faire trop
mal. Mais le ciel me la retire. Plains moi ma chère Eglé autant que je pense à toi. Notre commun malheur doit encore resserrer notre
amitié et c’est en pensant que tous les liens ne causent que des chagrins que j’ai encore besoin de me reposer sur toi de cette perte
affreuse. Tu connois mon cœur aussi, le tien m’entendra toujours malgré les devoirs qui nous séparent, il faut penser à ces devoirs qui
nous sont imposés, à nos enfants qui ont tant besoin d’une mère, pour supporter cette vie que le ciel nous a faite si triste. Mais c’est
en la remplissant le mieux possible jusqu’à la fn, que nous serons digne de rejoindre celle qui nous a quitté. Je ne te parlerai pas de
tout ce que j’ai éprouvé, de ma santé, tu devineras tout ; mais crois que j’ai besoin de toi et en pensant à ton amitié je ne croirai pas
avoir tout perdu »...
118.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », Aix[-les-Bains] 16 juin [1813], à Pierre-César Auguié ; 1 page in-8 à
bordure gaufrée.
400/500
Émouvante lettre au père d’Adèle de Broc. « Monsieur Auguié, vous m’aviez donné une amie, qui étoit bien digne de toute mon
affection, elle avoit partagé ma vie, mes souffrances, et si le ciel a voulu la rendre heureuse à présent il me prive de ma plus douce
consolation. Je ne me consolerai jamais de sa perte. Sa vie si pure, si vertueuse, étoit nécessaire à mon bonheur, une amie comme
celle-là ne se retrouve jamais, j’ai besoin de mêler mes regrets aux vôtres ; mais croyez que c’est moi qui suis la plus à plaindre, et
donnez moi aussi de cette affection paternel dont elle se trouvoit si heureuse »…
Voir la reproduction.
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