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« Pauvre petite, elle sait à présent ce que c’est que le malheur, elle qui n’avoit jamais pleuré que sur les nôtres. […] je ne sais plus ce
qui console. Dis-lui cependant qu’elle a une famille, qu’elle peut pleurer avec quelqu’un c’est bien quelque chose. Mais adieu il ne faut
pas parler de ce qui touche trop, il faut mieux s’occuper de ce qui nous attache encore, et je te dirai que Napoléon [son fls aîné] se
porte bien, le roi [Louis, son mari] le gâte un peu, mais il est si heureux que je ne puis rien dire ». Elle parle encore d’Alexandrine, du
mariage de Louise et « cette idée consolante qu’après malheur peut venir bonheur. Mais quand on a tant souffert peut-on sentir encore
même ce qui seroit bon »… Elle a tout arrangé pour que la Grande Duchesse de Toscane [Élisa Bonaparte] prenne Caroline « pour
sous-gouvernante de ses enfants »…
Voir la reproduction.
114.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « Hortense » et 1 L.A., Aix[-les-Bains] août 1810 et s.d. ; 1 page in-8 à bordure gau-
frée, 1 page et quart in-8, et 1 page in-8 à bordure gaufrée.
600/800
Cure aux eaux d’Aix.
13 août
. Elle est « bien aise de savoir Adèle mieux. Vous devez être tranquille à la campagne et je sens que c’est un bon tems que celui
du calme qu’on y passe. Je prends exactement les eaux d’Aix et je sens qu’elles m’étoient nécessaires. Ma poitrine étoit si faible qu’il
faut absolument la fortifer. Je suis un peu mieux mais je ne suis pas encore à l’abri d’un orage. Cela me donne presque la fèvre tant
je suis foible. J’espère retourner après ma saison ; mais il faut que je profte autant que possible du beau tems, car il faut pouvoir passer
l’hiver et il me faut des forces pour cela »...
29 août
. « Tu es vraiment bien
nigaude
de croire que je ne te réponds pas parce que je suis fâchée d’un conseil que tu me donnes pour
ma santé. En vérité cela ne ressemble ni à toi ni à moi, j’ai été tout simplement malade des maux de tête comme à Paris et encore
du quinquina. Enfn, j’ai du malheur pour souffrir car les eaux me fesoient beaucoup de bien ; mais j’ai une résignation qui m’étonne
encore plus que la souffrance, et je dirois du bien de moi, si cela étoit déçament permis. Mais je sais que l’amitié en pense autant et
peut-être trop. Aussi je me livre à toi en te priant cependant une autre fois de ne pas me croire de si royale manière, que de ne pas
répondre parce qu’un conseil me déplait. Rien ne peut déplaire, quand on sait que tout vient des sentimens qu’on inspire. Adieu je te
gronde en t’embrassant »…
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