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110.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « H. », 1807 ; 1 page et demie in-8 à bordure gaufrée, et 1 page in-8.
600/800
Difficultés conjugales, et projet de mariage d’Adèle Auguié avec le général de Broc (11 avril 1807).
Ce dimanche [Wiesbaden début 1807 ?]
. « Adèle t’aura instruite ma chère Eglé de ce que nous allons devenir. C’est un peu plus gai que
ce que nous redoutions, cependant j’ai un petit chagrin c’est de me séparer de mon petit Louis il faut absolument qu’il retourne près
du roi, qui sera peut-être fâché de le voir arriver seul. Je pense que nous ne resterons pas longtems à Berlin Enfn je serai aux ordres de
mon mari s’il consent au voyage, et je ferai ce qu’il voudra. Je n’ose pas penser à bien du bonheur près de lui. […] Je n’en reviens pas
de la manière aimable dont Caroline [Murat] parle de ce qu’elle aime [Charles de Flahaut] c’est vraiment bien tendre. Je t’avoue que
je méprise ces manières là. […] Depuis longtems je voulois te parler d’Adèle – tu sais que tout le monde désire Mr Broc. Je crois que ce
sera un mariage avantageux mais je n’ose rien dire parce que je ne veux pas être égoïste et quoiqu’elle doive venir toujours avec moi en
France, cela la fxe loin de sa famille. C’est donc à vous décider et non à moi. […] Je pense souvent à Mme Campan et mon voyage de
Berlin fxera j’espère toutes ces incertitudes ».
[La Haye] 5 avril [1807]
. « J’ai reçu ta lettre ma chère Eglé par Madame de Villeneuve, je la fais bavarder depuis son arrivée et toutes
les plus petites choses m’intéressent. J’ai lu votre comédie et je sais comment tout le monde a joué. Cette pauvre Adèle c’est donc
pour cette semaine ce n’est pas une plaisanterie. Mon Dieu pourvu qu’elle soit heureuse. Ne sois pas inquiète de ma santé, je me porte
mieux, j’ai attrapé un fort coup d’air qui est venu un peu rhumatismal mais cela se passera. J’ai cependant encore un peu de frisson mais
ce n’est pas étonnant dans ce pays. Dis à Mme Campan que je la remercie de son intérêt, que je me porte mieux et que je lui écrirai
bientôt. Adieu ma bonne Eglé écris moi souvent, ta lettre m’a fait plaisir. Je crois que tu as bien fait de te retirer de la comédie cela
n’en est guère, il me semble, le tems ».
111.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S., [Paris juillet] 1808 ; 3 pages in-8.
500/700
Après la naissance du futur Napoléon III, Charles-Louis-Napoléon, le 20 avril 1808.
… « Je viens d’être encore bien tourmentée. Mon pauvre petit garçon a été bien mal. Ce pauvre petit mourroit de faim, sa nourrice
n’avoit plus de lait et elle ne le disoit pas. Heureusement j’étois ici, car si j’avois été aux eaux comme on me le conseille depuis long-
tems, les médecins n’auroient peut-être pas voulu changer de nourrice. Mais je n’ai pas balancé un instant et malgré cette phrase qui
m’a tant fait de mal,
qu’il ne fallait rien hasarder sur un enfant aussi précieux
, j’ai la satisfaction de voir que depuis que mon petit garçon a
changé de nourrice [Mme Bure] et qu’il prend de la bouillie il vient très bien ; mais tu juges le tourment que tout cela a dû me donner,
j’en ai eu la fèvre ; mais à présent j’espère que j’irai mieux, quoique je ne le quitterai certainement pas. L’impératrice m’avait écrit ainsi
que l’E. pour aller aux eaux des Pyrennées, mais tu vois que je suis nécessaire ici ; cela m’auroit cependant fait bien du bien d’aller où
tu es ; mais je ne le puis. Pour me distraire un peu et pour remettre un peu mes nerfs, je me promène beaucoup, ne pouvant pas encore
aller demeurer à St Leu à cause de mon fls. J’y vais quelques fois passer la journée et je reviens le soir. Je sens que je suis nécessaire à
mes enfants et cela me donne du courage pour faire ce qui est nécessaire à ma santé. Je ne vais pas encore au spectacle parce que je
crois que cela m’ennuyeroit. Je rentre chez moi le soir, je fais un peu de musique. Quelquefois la Grassinie vient ou bien Garat. Je vois
aussi le général Sebastiani Mr de Ségur et Lavalette. J’ai aussi un nouvel assidu. Tu te souviens de Mr de Laborde qui étoit à Plombière
avant mon mariage, il me fait des romances et je les mets en musique mais il m’ennuye parce qu’il m’admire trop. Nous sommes incon-
cevables nous autres femmes je vois qu’on ne peut jamais nous contenter. Quand à moi, je vois bien que je ne serai jamais contente
car il me suffroit d’être aimée comme je sais aimer et c’est une chose dont il faut prendre son parti, car c’est impossible »... Elle parle
ensuite de la « pauvre Mélanie qui vient de perdre son frère ». Elle attend Adèle le lendemain. « Pour Antoinette elle ne m’écrit pas
cependant je compte sur elle pour les descriptions des montagnes »...
112.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. 2 L.A.S. « Hortense », [Saint-Leu vers 1808-1810 ?] ; 1 page et demie et 1 page in-8, bordures
gaufrées.
500/600
Ce dimanche 14
. « Je veux t’écrire un petit mot ma chère Eglé car je ne veux pas que tu croyes qu’il y ait des raisons qui fassent que je
ne t’écris plus aussi souvent. D’abord je veux te gronder de ce que ma phrase de musique n’a pas été bien comprise par toi. C’étoit sim-
plement de l’esprit que je voulois faire ; mais je vois que cela me réussit mal. Je ne t’écrirai plus beaucoup car je parts ce soir pour Paris.
On annonce l’arrivée de l’empereur et tu penses que je vais être un peu en l’air. Hier Alexandrine est venue dîner ici avec sa mère,
nous avons beaucoup parlé de toi et cela nous fesoit plaisir »...
Ce 19
. « Je veux t’écrire deux mots, ma chère Eglé pour te prouver que je pense à toi quoique j’espère bien que tu en sois persuadée. J’écris
rarement parce que cela me fatigue. J’étois à merveille il y a quelques jours. Aujourd’hui je souffre de la poitrine mais c’est sans doute la
chaleur qui me donne de l’irritation. J’espère que cela ne durera pas. Je sais que tu es tranquille à la campagne et je sens pour moi qu’on
redoute de rentrer dans le monde et de quitter ce calme qui est presque le bonheur, aussi y retournerai-je le plus tard possible »…
113.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », Amsterdam 24 avril 1810 ; 3 pages in-8 à bordure gaufrée.
400/500
« Je te remercie des nouvelles que tu me donnes ma chère Eglé. J’ai besoin de ne pas me savoir seule sur la terre car sans cela je n’aurois
pas la force d’y rester ; mais l’amitié que tu me montres et l’intérêt que mes amies prennent à ma santé, en me forçant de la soigner,
me consolera de l’avoir si mauvaise. Je suis toujours bien foible et une petite fèvre des nerfs que j’ai souvent me change extrêmement.
Cependant j’ai reçu aujourd’hui beaucoup de monde, aussi suis-je assez fatiguée. Je passe ordinairement mes matinées seule à lire ; mais
voilà le beau tems et j’irai voir les environs d’Amsterdam. Notre vie sera bientôt plus bruyante à Paris, mais ce n’est heureux que pour
certaine personne, on porte son bonheur avec soi et quand une fois on ne porte plus rien ce n’est pas dans une fête qu’on retrouve
quelque chose de bon ; je ne te souhaite donc pas beaucoup de plaisir, tout au plus de la distraction, on est encore heureux quand on
peut en prendre. J’espère que ton mari sera mieux pour toi ». Elle a écrit à Adèle (qui a perdu son mari le général de Broc le 11 mars) :
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