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105.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S., [Saint-Amand] 11
fructidor [XIII : 29 août 1805] ; 2 pages in-8.
400/500
Séjour au camp de Boulogne, et projet de mariage d’Adèle
Auguié avec le général Bertrand.
« Tu as sans doute appris à Boulogne […] que j’y étois restée deux
jours de plus. J’ai été à Ambleteuse par mer. Le jour de mon départ
l’amiral batave et le maréchal Davout sont venus audevant de moi
dans une chaloupe charmante, nous sommes entrés dans le port au
son de la musique et au milieu de tous les généraux et colonels de
l’armée, ils ont tous déjeunés avec moi sous une tente. On a chanté
des couplets et des rondes. Ainsi tu vois que notre voyage a été fort
gai. Avant mon départ j’ai parlé à l’empereur d’Adèle [Auguié, sœur
d’Églé] je lui ai dit qu’il falloit absolument la marier avec le général
Bertrand, que j’avois dit au général Dutaillis qu’elle étoit promise. Il
m’a toujours fait quelques objections sur la fortune mais je crois que
je l’ai emporté car il m’a dit que cet hiver il verroit cela, qu’à pré-
sent il ne falloit pas penser à se marier à cause de la guerre mais que
dans le tems des bals on n’avoit que cela à faire. En arrivant de chez
toi j’ai été à la tour d’ordre, notre général était de service, et je crois
m’être apperçu qu’il fesoit beaucoup d’attention à Adèle. Au reste
tout le monde en dit du bien. Savary qui est venu me voir pour me
parler de sa femme m’a dit qu’il avoit eu l’idée de ce mariage et qu’il
étoit sur qu’elle seroit bien heureuse avec lui, qu’ils étoient fort liés
et qu’il lui parleroit quelque fois d’Adèle pour voir ce qu’il diroit. Si
tu vas à Boulogne tu pourras peut-être en savoir davantage ; mais
d’après tout cela j’espère beaucoup. Adieu ma bonne petite Eglé
remercie bien ton mari [Ney] de la manière aimable dont il m’a reçu
et […] je t’embrasse bien tendrement »…
106.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « ton Hortense »,
[début juin 1806] ; 1 page in-8 à bordure gaufrée.
300/400
Avant son départ pour la Hollande (12 juin). « Tu diras qu’Hor-
tense est bien paresseuse n’est-ce pas ma chère Eglé mais tu la
connois et tu sais que si elle n’écrit pas elle aime et elle pense bien à
sa chère Eglé. Je suis toute triste de partir bientôt et surtout sans te
voir. Tu sais combien cela me coûte je laisse tant de choses à Paris qui
m’y attachent ! Nous avons déjà recommencé nos soirées et nous te
regrettons ainsi qu’Alexandrine »…
107.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « H. », [près de La Haye] ce vendredi [20 juin 1806] ; 1 page petit in-8 à bordure décora-
tive gaufrée.
500/700
Arrivée de la Reine Hortense en Hollande (le Roi et la Reine arrivèrent au palais du Bois, près de La Haye, le 18 juin, et y res-
tèrent jusqu’à ce que fût prêt le palais de La Haye, où ils frent leur entrée solennelle le 23 juin).
« Je suis arrivée mercredi soir, ma chère Eglé. En entrant dans le Palais je ne puis te dire l’impression que j’ai éprouvée en entendant
tous ces cris qui me perçoient le cœur. En recevant tout ce monde je me suis bien apperçue que ce n’étoit plus un rêve, surtout en quit-
tant la France en passant cette colonne qui sépare la Hollande. J’ai senti que je n’avois plus de courage mon Dieu combien il m’en faut.
Cependant nous sommes avec de bien bonnes gens. Ils m’ont quelquefois attendrie en me priant d’être leur mère. Je tâcherai de faire
leur bonheur ; mais qui est-ce qui fera le mien. […] Adieu je t’embrasse comme je t’aime. L’éloignement ni l’absence ne changeront
jamais mon cœur, assure-en les personnes que j’aime. Si je suis en Hollande mon cœur et ma pensée ne quittent pas la France ».
108.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense », [La Haye] lundi [7 juillet 1806] ; 2 pages in-8.
400/500
« La première lettre que j’ai écrite en arrivant ici a été pour toi ma chère Eglé, et c’est mal à toi de me négliger car je n’ai encore reçu
qu’une lettre de toi. Je n’ai aucune nouvelle de Paris et mon bonheur seroit d’en recevoir. Sois donc moins paresseuse je t’en prie. J’ai
appris avec plaisir l’heureux accouchement d’Antoinette [sœur aînée d’Églé]. Si cela avoit pu lui faire plaisir j’aurois tenu sa petite flle.
Cela m’en auroit fait deux du même âge et que j’aurois aimé bien tendrement à cause de leur mère »… Elle reçoit sa lettre, et ajoute :
« Je suis heureuse quand je crois qu’on pense à moi. J’en ai plus besoin que tu ne peux le penser. Mr Broc est nommé grand maréchal
du palais. Il est toujours bien triste. Je lui ai parlé raison. Il a appris le mariage d’Adèle à Paris. Je suis fâchée qu’on en parle tant mais
j’espère cependant qu’il aura lieu. […] Je ferai écrire à M de Talleyrand ». [Le général de Broc (1772-1810), qui est nommé grand maré-
chal du palais du roi de Hollande, épousera fnalement Adèle Auguié, la jeune sœur d’Églé le 11 avril 1807.]
Voir la reproduction.
109.
HORTENSE DE BEAUHARNAIS
. L.A.S. « Hortense B », [Mayence] ce samedi [18 octobre] 1806, à « Madame la Maréchale
Ney » à Paris ; 1 page in-8, adresse.
400/500
Bataille d’Iéna (14 octobre). « Ma chère Eglé je ne t’aime pas moins si je t’écris rarement. C’est qu’à présent je compte sur Adèle
pour te donner des nouvelles et d’ailleurs je suis depuis quelque tems toujours courant. Ton mari [Ney] se porte bien il y a eu une vic-
toire complette sur les Prussiens. Toutes nos connoissances se porte bien 25 mille prisonniers 100 pièces de canon plusieurs généraux
prussiens blessés, la reine et le roi ont manqué être pris. Enfn j’espère que tout cela nous donneront la paix »… Elle charge Églé de
donner de ses nouvelles à Mme de Souza (mère de son amant Charles de Flahaut).
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