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213.
Pierre SONNERAT
(1748-1814) naturaliste, explorateur et dessinateur. L.A.S. (duplicata), Pondichéry
1
er
novembre 1788, au comte d’Angiviller ; 4 pages in-4.
1 000/1 500
Longue et intéressante lettre sur le projet d’expédition française en Cochinchine, et la situation
en Inde, un an après le traité d’alliance entre Louis XVI et le prince Nguyen Anh (futur empereur Gia Long),
protégé de M
gr
Pigneau de Béhaine, évêque d’Adran.
Les papiers anglais annoncent la mort du comte de Buffon : tout en regrettant « l’homme de genie », Sonnerat
se félicite d’être sous les ordres d’Angiviller, et annonce l’envoi prochain d’objets rassemblés à Ceylan. Puis
il aborde la question de l’expédition française en Cochinchine : « l’eveque d’Adran qui est à la tête de cette
expedition est ici avec le petit prince cochinchinois [le prince Canh, fils du prétendant], il ne se possede pas et
enrage de ce qu’elle n’a pas eu lieu cette année, les gabares qui apportoient l’argent (dit-on) pour cet objet sont
arrivées, il est vrai un peu tard, mais le prince de l’eglise et celui de la Cochinchine n’en sont pas plus avancés,
notre general ainsi que le commandant de mer ne paroissent point de tout portés pour cette expedition qu’ils
regardent comme folle et ils ont de leur coté tous les gens sensés et ceux qui connoissent un peu le païs ; car
enfin comment imaginer d’aller detroner un prince qui est infiniment plus aimé de ses sujets que celui qu’on
veut y mettre à sa place et qui est affermi sur le trône depuis douze ans […] mais ce qui surprend le plus ici,
c’est que ce soit un evêque qui donne le projet de detroner un prince chretien, pour placer sur le trône l’ancien
Roi qui est idolâtre. Je pense bien que ce ne sera que d’après des ordres nouveaux qu’on enverroit des forces à la
Cochinchine, ce qui renverroit le voyage au mois de juin 1789. Quant à moi qui ne suis point politique, et qui
aurai toujours un grand plaisir à trouver un animal inconnu, un bel oiseau, une plante nouvelle, je desire bien