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BOURRU (Edme-Claude, 1741-1823) médecin, bibliothécaire et dernier doyen de l’ancienne Faculté de Médecine, il fut également président de la
Société Royale de Médecine.
Discours prononcé le 28 mars 1814 jour des obsèques de M. Guillotin
… Manuscrit autographe, signé en tête ;
7 pages in-4.
Éloge de Guillotin.
Après avoir esquissé l’enfance de son ami, ses principales qualités et traits de caractère, il retrace son parcours et note son goût très tôt affirmé pour la
médecine. Il mentionne ainsi sa thèse au Collège d’Aquitaine à Bordeaux pour passer maître ès arts, son entrée dans l’ordre des Jésuites pour lequel il
professa quelques temps dans un collège ; “cependant l’obéissance passive était trop opposée à sa façon de penser pour qu’il restât longtems attaché à
cette société”… ; puis son inscription à la Faculté de Médecine à Paris où il obtint la licence qui lui permit d’être reçu Docteur… Bourru revient sur
les travaux les plus marquants de Guillotin, notamment ses études sur le “Magnétisme animal” au sein d’une commission nommée par Louis XV,
avec Franklin, Bailly, Le Roi entre autres savants célèbres : “on lui doit d’avoir imaginé diverses épreuves au moyen desquelles le charlatanisme qui
fit alors tant de bruit, fut réduit à sa juste valeur et comparé à peu près à ces extravagances qui avoient eu lieu une cinquantaine d’années auparavant
au cimetière de St Médard de Paris” [les Convulsionnaires]… Il évoque également l’entrée en politique de Guillotin avec sa
Pétition des six corps de
Marchands de la Ville de Paris
en décembre 1788 : “cet ouvrage concis, clair et fort de raisonnement lui acquit une célébrité qui le mena à être élu
membre des États generaux”. Ses connaissances médicales lui valurent d’être nommé à la tête d’une commission relative à l’état sanitaire “pour
tout ce qui tenoit à l’état sanitaire” de cette nombreuse Assemblée : “Le zèle de M. Guillotin ne se borna pas là. Il eut quelque part à la fameuse
declaration des droits de l’homme et à la constitution qui en fut la suite. Il presida pendant les années 1790 et 1791 une commission instituée pour
proposer la meilleure organisation d’Écoles de Medecine, de Chirurgie et de Pharmacie. Enfin, lorsque toute l’Assemblée eut decidé que les crimes
etoient personnels et que les parens des criminels ne devoient participer en rien à la honte qui les accompagne, M. Guillotin proposa de substituer
la décapitation à tout autre supplice ; se fondant sur ce qu’il etoit reçu en France que cette peine n’etoit point infamante pour la famille du supplicié
qu’elle ne deshonoroit point. Malheureusement pour notre confrère sa notion philanthropique qui fut accueillie et a donné lieu à un instrument
auquel le vulgaire a appliqué son nom, lui a attiré beaucoup d’ennuis ; tant il est vrai qu’il est difficile de faire du bien aux hommes, sans qu’il en resulte
pour soi quelques désagrémens. Qui sait même si ce n’est pas par suite de ces inimitiés qu’un homme dont la vie a été si utilement employée au bien de
l’humanité, soit dans sa carriere politique, soit dans sa carriere medicale, n’a pas été distingué par le gouvernement ou par quelque decoration, ou par
quelque place éminente ? Qui sait encore si ce système de philanthropie qu’il professoit ouvertement n’a pas été la cause de ce qu’on l’a vexé et même
cherché à le faire punir ?”… Bourru rappelle ainsi l’emprisonnement de Guillotin auquel seuls des “hazards inesperés” mirent fin, avant de conclure
par une brève évocation de ses derniers moments, où il paraissait “dormir du sommeil le plus calme”…
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