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L’
EXEMPLAIRE DE
M
ALLARMÉ
127. ZOLA
(Émile).
Messidor
. Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, 1897. In-18, 69-(3 blanches) pp.,
couverture un peu insolée, rousseurs, étui-boîte de percaline bleue, titre imprimé au dos.
12 000 / 18 000
É
DITION ORIGINALE
.
P
REMIER
DRAME
LYRIQUE
DE
Z
OLA
et première collaboration avec Alfred Bruneau,
Messidor
fut créé au Palais
Garnier le 19 février 1897, et accueilli par la critique avec des réserves notamment dues à l’usage de la prose
dans un opéra.
U
N NATURALISME DE L
’
UTOPIE
.
Dans cette histoire mêlant injustice sociale, amour contrarié et légende féérique,
Zola entendait «donner le poème du travail, la nécessité et la beauté de l’effort, la foi en la vie, en la fécondité
de la terre, l’espoir aux justes moissons de demain». En effet,
Messidor
, comme les autres drames lyriques de
Zola, est à « relier à l’inspiration romanesque des
Quatre Évangiles
, qui abandonne le naturalisme de constat
pour un naturalisme de l’utopie, de la foi lyrique dans la science, le travail, le progrès technique et moral, la
fraternité universelle » (Henri Mitterand).
E
NVOI AUTOGRAPHE
SIGNÉ
«
À
S
TÉPHANE
M
ALLARMÉ
,
son ami...
»
M
ALLARMÉ
FUT
UN
DE
CEUX
QUI
COMPRIRENT
LE MIEUX
«
L
’
ART
ÉVOCATOIRE
»
DE
Z
OLA
:
il connut Zola chez Manet
en 1874, et fréquenta parfois les Jeudis du romancier tandis que celui-ci assistait parfois aux Mardis du
poète. Mallarmé eut en outre de la sympathie pour l’action de Zola dans l’affaire Dreyfus. «Zola envoyait
régulièrement ses œuvres à Mallarmé [...], sensible à ce qu’il apportait de nouveau. Il exprima cette admiration
dans de longues lettres à l’écrivain ou devant Jules Huret : “[Zola] a fait moins, à vrai dire, de véritable
littérature que de l’art évocatoire, en se servant le moins qu’il est possible des éléments littéraires ; il a pris
les mots, c’est vrai, mais c’est tout ; le reste provient de sa merveilleuse organisation et se répercute tout de
suite dans l’esprit de la foule. Il a vraiment des qualités puissantes ; son sens inouï de la vie, ses mouvements
de foule, la peau de Nana, dont nous avons tous caressé le grain, tout cela peint en de prodigieux lavis, c’est
l’œuvre d’une organisation vraiment admirable !”» (
Dictionnaire Zola
). Zola, en revanche, ne comprit pas les
recherches de son ami, qu’il prenait pour un «pur travail de la langue et du rythme».