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B
ELLE
LETTRE
PARLANT
DE
LA
GUERRE
DE
S
EPT
A
NS
,
ET
DU
BAPTÊME
DU
FUTUR
L
OUIS
XVI
ET
DE
SES
FRÈRES
ET
SŒUR
.
« Vous ne m’avez pas fait part Monsieur de vos derniers succès, qui renferme ce que dit La Fontaine, premierement son bien et
puis le mal dautruy ; ce nest que de vostre armée que nous relevons des nouvelles agreables et interessantes lautre semble morte,
lon avoit dit que le M
l
de B
ROGLIO
etant allez voir sa femme a Cassel, il si trouvoit bloqué et navoit plus de comunication avec son
armées mais cela nest pas vray. Lon dit le traité avec l’Espagne signé du 24 sept. Sy lon en devine juste les conditions nous allons
recomencer une nouvelle guerre, sur dautres principes sans occuper preferablement de la marine la retablir la recreer et pour en
faciliter les moyens la reunir au ministere de la Guerre »… Elle pense que la Marine va revenir à C
HOISEUL
… Le Roi vient d’arriver
à Fontainebleau, où l’on prépare le baptême des Princes (enfants du Dauphin) ; on a demandé au Roi d’Espagne « de tenir sur les
fond M. le comte d’Artois [futur Charles X], avec M
e
Sophie ; le roy Auguste avec Madame doit tenir M. le duc de Berri [Louis
XVI] et le roy Stanislas avec M
e
Victoire M. le comte de Provence [Louis XVIII], et M. le duc de Berri avec M
e
Louise la petite
Madame [Marie-Clotilde, future Reine de Sardaigne] »… Elle est venue s’établir à Versailles « pour tous ces evenemens en moy
reside tous le servisse de M
e
la Dauphine il faut bien montrer un ombre de dame dhonneur »…
Ancienne collection Marcel P
LANTEVIGNES
(Versailles, 8 mars 1977, n° 171).
282.
Louise-Florence T
ARDIEU D
’E
SCLAVELLES
, marquise d’ÉPINAY
(1726-1783) femme de lettres, amie des philosophes
et protectrice de Jean-Jacques Rousseau.
Pièce autographe signée « D’Esclavelles d’Epinay », Paris 2 octobre 1762 ; demi-page oblong in-8.
250/300
« J’ay receu de M. D’E
PINAY
par les mains de M. R
OUSSEAU
, la somme de douze cent livres, acompte de ce qu’il me doit pour ma
rente viagere et interest de neuf mille livres »…
283.
Julie de LESPINASSE
(1732-1776) femme de cœur et d’esprit, épistolière, qui réunissait dans son salon philosophes
et encyclopédistes.
Lettre autographe, samedi 16 [octobre 1762, à T
URGOT
] ; 3 pages et demie in-4.
2 500/3 000
M
AGNIFIQUE
ET
LONGE
LETTRE
EN
GRANDE
PARTIE
CONSACRÉE
À
J
EAN
-J
ACQUES
R
OUSSEAU
ET
À
SON
C
ONTRAT
S
OCIAL
,
OÙ
ELLE
PARLE
AUSSI
DE
D
’A
LEMBERT
ET
DE
L’E
NCYCLOPÉDIE
.
« J’aimerais beaucoup mieux Monsieur, vous parler de vous que de nouvelles », mais elle lui obéit et traite tout d’abord de
politique. Elle a appris que M. de B
EDFORD
, ayant reçu un courrier d’Angleterre, est parti pour Fontainebleau : « les uns disent
que ce courier aporte la paix, d’autres
pretendent qu’il demande la Floride en
echange de la Havane […]. Il paroit bien
certain que c’est l’Espagne qui acroche
la paix il faut avouer que nous avons
fait dans toute cette guerre des alliances
bienheureuses ». Et elle cite une lettre
du « general anglois qui commande les
portugais » adressée au maréchal de
Beauvau.
Puis elle parle de R
OUSSEAU
: « Lédition
du
Contrat social
que vous me demandés
est fort rare ici. M.
D
’A
LEMBERT
à qui
j’en ai parlé n’a vu personne qui la
conoisse, pas meme l’abbé T
RUBLET
qui
conoit tout ; elle existe cependant, car
M. de C
ONDOM
[L
OMÉNIE DE
B
RIENNE
] me
la fit voir l’autre jour et ne put me la
laisser que pour un moment je n’eus pas
le tems de la lire en entier il m’assura
que cette lettre ne valoit pas grand
chose. On a imprimé une critique du
livre de Rousseau, dont Mad. D.D. [D
U
D
EFFAND
] avoit dabord été tres engoüée.
M.
D
’A
LEMBERT
qu’elle ne croit pourtant
plus gueres, la fait changer d’avis, le
commencement de cette critique [...]
voudroit estre gaye et ne l’est pas trop,
la fin ma parut detestable. Le roi de
Prusse [F
RÉDÉRIC
II] a écrit à M
ILORD
M
ARECHAL
d’avoir soin que Rousseau ne
manqua de rien, et que comme il etoit
un peu reveche a prendre l’argent, il lui
donnat sil en avoit besoin son necessaire
en nature en pain en bois en chandelle
&c &c ».