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226.
[MARIE LESZCZYNSKA]. Marquise d’ESTRADES née de RICHEMONT,
femme de Louis-Godefroy marquis
d’Estrades (1695-1769 ?, officier et maire de Bordeaux) ; belle-sœur d’Élisabeth-Charlotte Huguet de Sémonville,
comtesse d’Estrades (1715-1784, maîtresse de Louis XV).
Lettre autographe signée « Richemont M
se
d’Estrades », Paris 4 novembre 1766, à
LA
R
EINE
M
ARIE
L
ESZCZYNSKA
;
3 pages in-4.
100/150
R
ÉPONSE À DES
CALOMNIES
. « Penetrée de la plus vive douleur, permettés moi de me jetter aux pieds de votre majesté, en implorant
la droiture de son cœur sur la noirceur qu’on a mis en usage contre moi, pour toucher de compassion votre majesté et surprendre sa
religion, j’ai vescu jusquà present sans reproches, mais par la plus innouïe des calomnies, on me taxe, des plus grands déréglements.
On attaque mon honneur et ma réputation, d’une manière dautant plus cruelle, qu’on se sert du nom auguste de votre majesté,
pour appuyer toutes les fausses imputations que l’interest, l’intrigue et l’ingratitude ont pû inventer contre moi, pour exciter par
ces moyens indignes la charité de votre majesté ». Elle évoque des copies de lettres pour se justifier, dont une de la doyenne de
Remiremont. « Je suplie tres humblement votre majesté au nom de la verité et de toutes les vertus émminentes quelle pratique,
de vouloir se faire informer de ma conduitte, et en particulier de celle que jai tenüe visavis de la personne dont il sagit, dont mon
mary et moi avons donné une déclaration a monsieur larchevesque de Paris »…
227.
LOUISE-MARIE DE FRANCE
(1737-1787) « M
ADAME
L
OUISE
» ; dernière fille de Louis XV, elle entra en religion
en 1770 au Carmel de Saint-Denis, sous le nom de Thérèse de Saint-Augustin ; déclarée Vénérable en 1873.
Lettre autographe signée « S
r
Thérèse de S
t
Augustin R. I. », [Carmel de Saint-Denis] 4 mai 1776, à une dame ; 1 page
in-4.
700/800
Elle lui envoie les mémoires apostillés pour ses anciens pensionnaires, et la prie en grâce d’aller trouver M. de M
ALESHERBES
de sa
part « et de luy représenter quil est vraÿs que mon état portoit les pentions tant de tems mais que ce tems expirés j’aurois fait autres
choses pour mes protégez selon les places dont ils auroient été capables. Ne négligez rien je vous suplie Madame pour les peauvres
malheureux. Réelment jaurois de la peine toutte ma vie de les sentir dans le besoin mais je vous prie Madame de vous dépescher
parce qu’on ma dit que M
r
de Malzerbe se retiroit à la Pentecôte. Je nait pas été Dieu merci dans le cas de limportuner pendent quil
a été dans le Ministere jespère que ce sera un motif de plus pour quil expédie mon affaire »... Elle la presse de venir la voir avant
l’Ascension, « aÿant une retraitte qui commence ce jour la a midy jusque la Pentecôte […] vous me dédomagerai du tems passé »…
228.
SOPHIE DE FRANCE
(1734-1782) « M
ADAME
S
OPHIE
», sixième fille de Louis XV.
Lettre autographe signée « Sophie », [Versailles] 14 janvier 1781, [à
SA
SŒUR
M
ADAME
A
DÉLAÏDE
] ; 2 pages petit in-4
(portrait gravé joint).
400/500
I
NSTRUCTIONS
AU
LENDEMAIN
DE
LA
RÉDACTION
DE
SON
TESTAMENT
,
FAISANT DE
SES
SŒURS
A
DÉLAÏDE
ET
V
ICTOIRE
SES
EXÉCUTRICES
ET
LÉGATAIRES
UNIVERSELLES
. [Elle y
avait notamment stipulé de ne pas être autopsiée,
selon la coutume, mais qu’on lui ouvre seulement le
pied pour constater son décès.]
« Je ne sai ma chere Torche [Louis XV surnommait
Adélaïde Madame Torchon] si mon testament est
bon », mais elle prie de « donner entre vous deux
les pentions et les legs aux personnes qui y sont
nommées et surtout je vous recommande l’article de
mon enterement qu’il soit sans aucunes ceremonies
et que je ne sois point ouverte cela me tient bien au
cœur. Je vous recommande toutes mes dames mais
particulièrement M
es
de Montmorin et de Ryantz,
vous savés l’amitié que j’avois pour elles, je voudrois
bien que vous prissiés M
e
de G
ANGES
elle vous plaît et
vous me feriés grand plaisir, je joins à cette lettre une
petite notte de ce que je demande au roy [L
OUIS
XVI].
Je vous prie ma chère Torche de de faire tout votre
possible pour que le roy l’accorde, parlés en a la reine
[M
ARIE
-A
NTOINETTE
] de ma part, et faites bien voir au
roy qu’il gagnera encore beaucoup, je ne vous dis rien
de moi je sai qu’il faut me taire, je me recommande
à vos prieres et à celles de M
e
de Narbonne »… Après
avoir recommandé quelques dernières personnes
de son entourage, dont son chevalier d’honneur
T
ALLEYRAND
, et sa femme de chambre Mme Martin,
elle réitère son souhait de discrétion : « Je vous prie
qu’on ne me fasse pas de service ici. Faites moi dire
des messes de temps en temps lorsque vous aurés un
petit écus de trop »…