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215. HUGo (Victor). [L

A

P

ente de

L

A

r

êVerie

]. Poème autographe, daté

28 mai 1830

. 6 pages in-4 (235 x 182 mm)

sur papier au filigrane

J. Whatman. Turkey Mill 1827

, sous chemise demi-maroquin noir moderne.

8 000 / 10 000 €

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UPerBe PoèMe MAnUsCrit tirÉ des

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Un PoèMe CAPitAL

.

il s'agit ici de la plus grande partie (du vers 11 à 144) du célèbre poème

La Pente de la Rêverie

, peut-être la plus belle pièce

du recueil.

Ce manuscrit donne la première pensée complète du poème, tel qu'il fut composé le 28 mai 1830.

regardant son jardin par la fenêtre après une averse, Hugo se laisse aller à une longue rêverie et fait défiler devant lui toute

l'histoire passée de l'humanité :

[...]

Je regardais au loin les arbres et les fleurs.

Le soleil se jouait sur la pelouse verte

Dans les gouttes de pluie, et ma fenêtre ouverte

Apportait du jardin à mon esprit heureux

Un bruit d'enfants joueurs et d'oiseaux amoureux …

[...]

Alors, dans mon esprit, je vis autour de moi

Mes amis, non confus, mais tels que je les voi

[sic]

Quand ils viennent le soir, troupe grave et fidèle,

Vous avec vos pinceaux dont la pointe étincelle,

Vous, laissant échapper vos vers au vol ardent,

Et nous tous écoutant en cercle, ou regardant.

Ils étaient bien là tous, je voyais leurs visages,

Tous, même les absents qui font de longs voyages

Puis tous ceux qui sont morts vinrent après ceux-ci,

Avec l'air qu'ils avaient quand ils vivaient aussi. ….

[...]

Je vis soudain surgir, parfois du sein des ondes,

A côté des cités vivantes des deux mondes,

D'autres villes aux fronts étranges

[au-dessus

inconnus

]

, inoüis,

Sépulcres ruinés

[au-dessus

effacés

]

des tems

[sic]

évanouis,

Pleines d'entassements, de tours, de pyramides,

Baignant leurs pieds aux mers, leur tête aux cieux humides.

Quelques-unes sortaient de dessous des cités

Où les vivants encor bruissent agités....

[...]

Les dix premiers vers manquent mais ce manuscrit peut être considéré comme complet tel quel : ces dix premiers vers

formant une sorte d'introduction générale et étant suivis d'un blanc, ils furent très vraisemblablement composés

ultérieurement par Hugo, comme le suppose j. Gaudon dans son étude

Le Temps de la Contemplation

(flammarion, 1969),

où il souligne à la fois l'aspect « maladroit et pesant » de cette introduction, et le « caractère exemplaire » du poème.

Ce manuscrit, avec diverses corrections, ratures et ajouts, est de la première écriture de Victor Hugo ; mais il comporte

également, pour une vingtaine de vers, des modifications et variantes d'une écriture plus tardive, au crayon, variantes la

plupart retenues pour l'édition définitive.

Œuvres poétiques,

éd. P. Albouy, « Pléiade », t. i, 1964, p. 770.

infimes traces de pliures.

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