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PERRET, Jacques.

Des Fortifications et artifices architecture et perspective. [

Paris, 1601].

In-folio

(435 x 292 mm) d’un titre gravé sur cuivre, 11

ff.n.ch.

de texte, 22 planches doubles gravées sur cuivre

accompagnées de texte explicatif ; vélin souple

(reliure de l’époque)

.

25 000 / 30 000

Millard, 139 ; Brunet, IV, 511-512 ; Graesse, V, 206-207 ; E. Balmas, « Jacques Perret architetto riformato »,

Protestantesimo

, 1, 1950, p. 15-34 ; 1958, p. 22-28 ; E. Balmas, « La citta ideale di Jacques Perret »,

Studi

di Letteratura francese

, 2, 1969, p. 3-45 ; D. W Booth,

Architecture and its Image

, Montréal, Éditions du

CCA, 1991, p. 183 ; cat. 19.1, 19.2 ; G. Germann, « Les temples protestants dans les traités d¹architecture du

XVII

e

siècle »,

Bulletin de la Société de l¹Histoire du Protestantisme en France

, 152, 2006, p. 345-362 ; J.

de Laprade, « Un architecte méconnu du temps d’Henri IV : Jacques Perret et son ouvrage

Des fortifications

et artifices. Architecture et perspective

, Paris, 1601 »,

Revue française d’histoire du livre

, 25, 1979, p.

867-896 ; M. Ng, « Collage, Architectural Inscription, and the Aesthetics of Iconoclasm in Jacques Perret’s

Des fortifications et artifices

(1601) »,

Journal of Medieval and Early Modern Studies

, 45-3, Septembre

2015, p. 573-584 ; M. Pollak,

Military Architecture, Cartography and the Representation of Early

Modern European City. A checklist of Treatises on Fortification in the Newberry Library

, Chicago, The

Newberry Library, 1991, p. 80-81 ; N. Westphal, « La place du temple dans un modèle de ville protestante :

les propositions de Jaques Perret dans son traité

Des fortifications et artifices

(1601) »,

Bulletin de la Société

de l¹Histoire du Protestantisme en France

, 152, 2006, p. 263-374.

Édition originale de ce magnifique livre de perspective, de fortification et d’architecture.

D’origine savoyarde, Jacques Perret (vers 1540- vers 1610) occupa d’abord la chaire de mathématiques

du collège Jésuite de Chambery. Actif en Savoie jusqu’en 1575, Perret émigra probablement à Paris à

la fin du XVI

e

siècle après s’être converti au protestantisme. C’est là que, jouissant de la protection du

duc de Rohan, dont les armes figurent sur quinze planches du livre, il lui fut possible de publier son

ouvrage.

L’ouvrage est divisé en trois grands thèmes : villes idéales fortifiées et citadelles, architecture religieuse et

architecture privée. Perret propose tout d’abord une série de cinq villes régulières fortifiées composées de

différents types de front allant du carré aux polygones de cinq à vingt-trois bastions. Accompagné de plans et

de perspectives urbaines à grande échelle qu’il appelle « perspective du dehors » et « perspective du dedans »,

ce travail présente une iconographie de villes idéales où tous les ouvrages sont répétés à l’identique. (…) Cette

systématisation de fortifications régulières s’inspire à la fois de traités militaires majeurs du XVI

e

siècle dont

ceux de Pietro Cataneo

I quattro primi libri di architettura

(1554)

et de Girolamo Maggi et Giacomo

Castriotto

Delle fortificazione della citta

(1583), de réalisations iconiques dont les citadelles de Turin et

de Milan (qu’il cite dans son texte) et de programmes urbains royaux initiés durant le règne de Henri IV.

Ce dernier point place Perret au cœur des recherches urbaines contemporaines qui seront consacrées par la

réalisation des places royales parisiennes. La deuxième partie du traité de Perret, consacrée à l’architecture

religieuse, est dédiée aux temples huguenots. Tout comme pour la série de villes idéales fortifiées, Perret

décline ses trois modèles en plusieurs dimensions (petit, moyen et grand) et accompagne chacun d’entre

eux de courts commentaires. Ce mélange des genres, architecture militaire et religieuse, est sans précédent

dans l’ histoire des traités de fortifications et, si l’on considère que le traité de Perret a été publié trois ou

quatre ans après la proclamation de l’Edit de Nantes, il prend une valeur de manifeste. La précision de ses

perspectives, plus proches visuellement de « vues » que de projets participe aussi certainement de cette volonté

de légitimation de la religion protestante. La dernière partie du traité concerne différents types d’architecture

privée : métairies, habitations, maisons, châteaux et pavillon royal.

(…)

Le traité de Perret représente une

œuvre à part parmi les écrits militaires français de la première moitié du XVII

e

siècle. Son titre, celui d’un

opus

militaire dédié à l’art de la fortification moderne, l’a desservi. Alors que la première moitié du XVII

e

siècle constitue une époque charnière pour la mise en place de nouveaux systèmes de bastionnements « à la

française », expérimentés par Jean Errard de Bar-le-Duc, contemporain de Perret, et immédiatement repris

et adaptés par Blaise de Pagan, Jean Fabre et Antoine Deville,

Des fortifications et artifices

est apparu

comme une oeuvre hybride et superfétatoire. L’extrême sophistication des dessins de Perret « inventor », mis

en valeur par les gravures de Thomas de Leu, a également participé de ce courant d’opinion. La régularité de

ses villes fortifiées et citadelles idéales et la qualité picturale de ses perspectives, notamment celles en « haulte

assiette » proches des

scenographiae

de du Cerceau, ont rapidement fait classer son ouvrage comme une

« curiosité » architecturale, précieuse dans les collections princières pour ses gravures exceptionnelles, sans que

l’on rende hommage à la vision très personnelle de ce mathématicien huguenot utopiste

. ” (Émilie d’Orgeix.

Docomomo International, Cité de l’architecture et du patrimoine, 2006).