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DERAND, François.
L’Architecture des Voutes, ou l’art des traits, et coupe des voutes : traicté très-
util, voire nécessaire a tous architectes, maistres massons, appareilleurs, tailleurs de pierre, et tous ceux
qui se meslent de l’architecture, mesme militaire.
Paris, Sebastien Cramoisy, 1643.
In-folio (439 x 293
mm) de 14
ff.n.ch., 453 pp., 1 f.n.ch. (privilège), 125 gravures sur cuivre à pleine page ; veau brun, dos
à nerfs, tranches mouchetées
(reliure de l’époque)
.
1 000 / 1 200
€
Fowler, 101 ; Kat. Berlin, 2539 ; Vagnetti, EIIb35.
Édition originale, rare.
Ouvrage richement illustré de 125 gravures à pleine page décrivant entre autres la construction des
voûtes, dômes, toits, et coupoles. François Derand (1588-1644) entra en 1611 au noviciat des jésuites
à Rouen et enseigna par la suite les mathématiques au collège de La Flèche. Ordonné prêtre en 1622
il participa à la reconstruction de la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans, puis, en 1629, intervint à
Paris pour achever la construction de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, commencée par le frère jésuite
Étienne Martellange. Son
Architecture des Voutes
est considérée comme son chef-d’œuvre. Il applique
les théories de Desargues de la géométrie dans l’espace pour la création de ses constructions. Les belles
gravures, agrémentées de petits cartouches décoratifs, sont toutes incluses dans la pagination. Cet
exemplaire contient, comme celui décrit de la collection Fowler, un carton de la gravure placée en face
de la page 127. Le carton est monté sur de petits points de colle et laisse encore apparaître une grande
partie de l’image initiale. L’
Architecture des Voutes
devint rapidement un ouvrage de référence et fut
réimprimé à plusieurs reprises.
Petites taches occasionnelles ; reliure frottée, coins et coiffes restaurés.
Provenance : bibliothèque Saint-Joseph à Poitiers (cachet sur le titre et dans le corps de l’ouvrage) -
trace de cachet gratté sur le titre.
Rare first edition of a richly and clearly illustrated text book on the perspectival designing and drawing
of vaults, vaulted arches, domes, arches roofs, cupolas, etc. François Derand applied Desargues’ views
of spacial geometry to his perspectival and architectural designs. As in the Fowler copy, the engraving
facing page 127 is a cancel.
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DIANO, Ferdinando di.
Occhio errante dalla ragione emendato. Prospettiva.
Venise, Lucio Spineda,
1628.
In-4 (197 x 146 mm) de 8
ff.n.ch., 223 pp., 2
ff.n.ch., quelques gravures sur bois dans le texte ;
vélin souple, dos avec titre manuscrit
(reliure de l’époque),
étui moderne de demi-maroquin saumon.
4 000 / 5 000
€
Vagnetti, EIIb17 ; Riccardi, I, 408 & II, 56 ; Vitry, 228.
Première et unique édition.
Ferdinando di Diano (né vers 1571) était un mathématicien italien, abbé, philosophe et théologien,
auteur d’une quinzaine de textes aux sujets variés, allant des sciences naturelles à l’histoire religieuse
au cœur de la Contre-Réforme. C’est dans ce contexte, et à partir de la différentiation entre
perspectiva
naturalis
(l’optique physiologique) et
perspectiva artificialis
(la méthode graphique qui permet la
rationalisation de l’espace), que Diano affirme sa défense de la seconde dans son traité. L’auteur
considère la
perspectiva naturalis
comme une « tromperie de l’esprit » – l’homme ne sachant pas si
les images qui lui parviennent sont déformées entre temps par son esprit – et envisage à contrario la
perspectiva artificalis
comme la possibilité pour le sujet d’exercer son libre arbitre et d’affirmer la fiabilité
de ses sens en participant activement à la représentation de l’espace. C’est cette mise en valeur de la
capacité des hommes à déjouer les illusions de la perception visuelle qui est au cœur du
Occhio errante
dalla ragione emendato.
Pour ce mathématicien, la perspective devient alors un gage essentiel de la spécificité de l’âme humaine :
«
j’estimerai être devenu non point bête, mais immortel en raison de la renommée que cette science confère à
celui qui la pratique
» (p.4, traduit par J.-V. Blanchard,
L’Optique du discours au VII
e
siècle
, 2005). Pour
étayer sa vision, Diano se réfère à ceux qui l’ont précédé et cite Kepler, Maurolico, Aguilon, tandis que
certaines figures reprennent explicitement celles de Dürer.