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COUSIN, Jean.
Livre de Perspective.
Paris, Jean le Royer, 1560.
In-folio (416 x 274 mm) de 71
ff.n.ch.(dernier blanc ôté par le relieur), titre avec grande marque d’imprimeur, frontispice dépliant combinant
les cinq ordres sur une seule grande gravure, 58 gravures sur bois dont 7 dépliantes. Collation : A
5
B-I
4
K
6
L
4
M
5
N-R
4
(sans le dernier blanc) ; veau brun, plats ornés d’une roulette et de filets à froid, fleurons
d’angle et médaillon central dorés, dos à nerfs, tranches rouges
(reliure de l’époque).
8 000 / 10 000
€
Mortimer, French, 157 ; Brunet, II, 339 ; Brun, pp.6-8 et p. 161 ; Vagnetti, EIIb16 ; Kat. Berlin, 4690 ;
V. Auclair, « La Quadrature dans le livre de Perspective de Jean Cousin (1560). Réflexions sur l’ histoire
d’une notion » in Quadratura : Geschichte, Theorie, Techniken, Berlin/Munich, Deutscher Kunstverlag,
2011, p. 65-80.
Édition originale jamais réimprimée par la suite d’un des plus beaux livres illustrés français de la
Renaissance.
Né à Soucy, près de Sens, Jean Cousin reçut sa formation artistique dans le milieu des peintres et des
brodeurs sénonais et des sculpteurs troyens. Dans sa jeunesse, il exerça les fonctions de géomètre et
d’expert arpenteur avant de figurer comme architecte dans les comptes royaux des bâtiments pour
la construction du château de Fontainebleau. Sans doute dès les années 1530, tout en gardant un
domicile et des activités à Sens, il s’installa à Paris où il fut chargé par le Roi de travaux dans tous
les domaines artistiques : peinture, tapisserie, broderie, vitrail, architecture, sculpture, gravure,
illustration de livres et création typographique. C’est lui qui fut chargé de réaliser les décorations pour
l’entrée de Charles IX dans la ville de Sens.
«
Dans le
De artificiali persectiva
, Jean Pèlerin, dit Viator, avait mis au point une méthode basée sur
deux « tiers points » équidistants du point de fuite, sur la ligne d’ horizon, pour calculer la diminution des
parallèles en profondeur. Méthode adoptée et perfectionnée par Jean Cousin, qui donne à son exposé une
rigueur géométrique nouvelle.
Le
Livre de perspective
suit un plan en trois parties : la mise en perspective de figures planes ; puis en trois
dimensions ; enfin, suivent des exemples de bâtiments, d’escaliers, de colonnes, et de volumes géométriques
(dont les « cinq corps réguliers » mentionnés par Platon, dans le Timée, par Euclide, ou par Dürer dans son
Underweysung der messung
, 1525). Le plan de Cousin est simple et rigoureux : il expose des problèmes de
difficulté croissante et envisage à chaque fois plusieurs cas. La clarté de ses démonstrations tient également au
grand format du livre, et à l’élégance des schémas (dessinés par l’auteur lui-même sur des plaques de bois à
graver), où des lettres permettent un jeu de renvoi rapide et clair avec le texte explicatif.
La plus importante des innovations de Cousin par rapport à la méthode de Viator consiste à distinguer
deux plans de nature différente pour tracer une figure en perspective. Ces deux plans sont dessinés l’un au-
dessus de l’autre : le plan géométral, c’est-à-dire orthogonal, où les figures ne subissent pas de déformations
optiques ; et le plan perspectif, défini par le point de fuite et les deux tiers points. On obtient une figure en
perspective en reportant sur le plan perspectif les coordonnées de la figure définie dans le plan orthogonal.