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YOURCENAR, Marguerite Cleenewerck de Crayencour, dite.
Alexis
ou le Traité du vain combat.
Paris, Librairie Plon, 1952.
In-12 : broché.
Deuxième édition, en partie originale.
Le texte, paru pour la première fois en 1929, a été légèrement remanié. La préface est inédite.
Exemplaire du service de presse portant ce très bel envoi de l'auteur sur le faux titre :
à Nathalie
[sic]
Clifford-Barney
Amazone qui pense,
ces réflexions
de Narcisse,
Marguerite
Yourcenar
L'envoi marque les débuts de l'amitié entre l'auteur et Natalie Clifford Barney (1876-1972) qui se
poursuivit jusqu'à la mort de cette dernière. Une amitié nourrie par une passion commune pour
la poésie, mais aussi pour les “secrètes amours” à la Lucie Delarue-Mardrus, les lettres “sous le
manteau” et toute cette littérature souterraine, libératrice qui, du
Puits de solitude
de Radclyffe Hall à
Alexis
de Marguerite Yourcenar, en passant par
Corydon
d'André Gide, contribua à délier les corps et
les esprits.
La correspondance des deux femmes, conservée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet,
témoigne amplement de cette communion par le
verbe
et le
genre
, ainsi que de l'admiration de
Natalie pour sa cadette et pour
Alexis
qu'elle venait de recevoir (lettre du 3 juin 1952).
Au-delà de la poésie, de l'écriture, de Renée Vivien même, Natalie Barney fut, pour Yourcenar,
un modèle, un objet d'estime et d'admiration. “Car pour elle, la fameuse Amazone chère à Remy de
Gourmont, qui a fasciné et inspiré Colette, Radclyffe Hall, Djuna Barnes, Lucie Delarue-Mardrus
et bien d'autres poètes et a reçu dans son salon les écrivains les plus en vue de l'avant-guerre,
est l'incarnation d'une sorte d'âge d'or littéraire et culturel, le produit d'une époque pendant
laquelle, comme elle l'écrit à Natalie Barney, ‘la notion de plaisir restait civilisatrice (elle ne l'est
plus aujourd'hui) ; je vous ai partiellement su gré d'avoir échappé aux grippes intellectuelles de
ce demi-siècle, de n'avoir été ni psychanalysée, ni existentialiste, ni occupée d'accomplir des actes
gratuits, mais d'être au contraire restée fidèle à l'évidence de votre esprit, de vos sens, voire de votre
bon sens.’ (…) Grâce à sa relation avec l'auteur des
Pensées d'une Amazone
(...) elle a pu pénétrer dans
le cercle défunt des écrivains et poètes qui ont marqué la vie littéraire du premier quart du siècle
dernier : Apollinaire, Max Jacob, D'Annunzio, Rilke, Proust, Valéry, Tagore... et bien d'autres
familiers du salon de Natalie Barney” (A. Halley,
Marguerite Yourcenar en poésie : archéologie d'un silence
,
2005, pp. 178-181).
Volume uniformément bruni. Marges un peu cassantes et petits manques aux coins supérieurs des
pages 152 à 176.
2 000 / 3 000 €
A une
“Amazone
qui pense”