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186

COCTEAU, Jean.

Le Requiem.

Paris, Gallimard, 1962.

In-4, broché.

Édition originale : elle a été tirée à 125 exemplaires numérotés.

Un des 25 exemplaires sur parcheminé azuré des papeteries Dujardin.

Cet ensemble, d’une étonnante ampleur (plus de 4 000 vers), est une manière de testament

poétique, un

fleuve d'encre

, écrit Pierre Bergé, “sur lequel, Siegfried anémié, Cocteau entreprend

une héroïque dérive de plusieurs semaines. Saga rétrospective, sténographiée plutôt qu'écrite,

Le Requiem

nécessitera un patient travail de décryptage. Il se présente comme une châsse incrustée

de pierres disparates. (…) Cocteau s'est refusé à toute ponctuation, qui serait

comme les moustaches

dessinées par des galopins sur un buste

. Disposées comme des bancs tout au long du poème, des “haltes”

permettent

de s'asseoir et de quitter les spectacles extérieurs pour ceux du souvenir

.”

Le Requiem

est un rappel de toutes les manières poétiques de Jean Cocteau et “un autoportrait

d’ordre interne” qui s’achève sur la fameuse épitaphe finale :

Halte pèlerin mon voyage

Allait de danger en danger

Il est juste qu'on m'envisage

Après m'avoir dévisagé

Précieux envoi autographe signé :

à Pierre Bergé

Mon Pierre

Je sais bien qu'il faut porter sa croix – la mienne est lourde.

Je t'envoie ce fleuve dans lequel on crache. Je te l'envoie sur un des exemplaires bleus pour te dire ma tendresse.

Jean

1962

Cet envoi, qui sonne comme un passage de témoin, fait foi de l'amitié qui lia les deux hommes.

Quelques années plus tard, l'héritier de Jean Cocteau, Edouard Dermit, devait à son tour confier à

Pierre Bergé la gestion de l'œuvre, prolongeant ainsi la mission qu'il avait reçue du poète.

Petit accroc au bas du dos ; bords de la couverture légèrement jaunis.

Brenner,

Histoire de la littérature française de 1940 à nos jours

, Fayard, 1978, p. 119 : “Le couronnement de son œuvre et de sa vie.”-

Bergé,

Album Cocteau

, Pléiade, 2006, pp. 326 et 339.

2 000 / 3 000 €

“Pense

à moi

et ouvre

Le Requiem

n’importe où.

Tu verras

que c’était

mon adieu”

Cocteau,

Lettre à

Milorad,

7 juillet 1963