C'est par Misia Sert que Chanel avait connu Reverdy et les principaux acteurs de l'avant-garde
littéraire et artistique : Cocteau, Picasso, Stravinski, Diaghilev... Ce groupe influença le goût de
Coco Chanel, dont la bibliothèque abritait aussi quelques exemplaires ayant appartenu à Misia et
qui furent ensuite reliés selon les critères de la couturière.
Pierre Reverdy (1889-1960) joua d'ailleurs un rôle clé dans l'éclosion de Coco bibliophile, rôle qui
avait d'abord été celui de Maurice Sachs, qui se révéla un conseiller plutôt décevant. Coco Chanel,
amoureuse et reconnaissante (“pour la première fois, Coco aime vraiment”, déclarait Misia à
Colette), nomma Reverdy administrateur délégué de l'atelier Chanel d'Asnières.
Germaine Schrœder (1889-1983) exerçait déjà à la veille de la Première Guerre mondiale, puis
travailla pour Jacques Doucet et Louis Barthou. Cocteau lui commanda un modèle de cartonnage à
la Bradel noir pour conserver ses propres livres. Comme Pierre Legrain, pour qui elle avait réalisé
des décors au début de son activité, Germaine Schrœder n'a jamais prévu de chemises pour ses
reliures, ce qui explique la décoloration ou l'usure naturelle de certains dos.
Bien que faisant partie, sans que l'on puisse soulever le moindre doute à ce sujet, du groupe
de reliures réalisées par Germaine Schrœder pour Coco Chanel, celle-ci ne comporte pas la
caractéristique lettre C inscrite au crayon noir dans l'angle supérieur droit de la première garde de
la reliure, marque identifiée par François Chapon. Il est vrai que cette marque, éphémère, a été
effacée de quelques exemplaires.
Mors frottés, comme toujours ; petits manques à la mosaïque du dos, en pied.
Hubert, n° 98.- Isabelle Fiemeyer,
Chanel intime
, Paris, 2011.
20 000 / 30 000 €