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[FUTURISME.]

Réunion de cinq manifestes futuristes.

Milan, Direction du Mouvement futuriste,

11 mars – 29 septembre

[novembre]

1913

.

• APOLLINAIRE (Guillaume).

L'Antitradition futuriste

. 29 juin 1913.

• CARRÀ (C.D.).

La Peinture des sons, bruits et odeurs

. 11 août 1913.

• MARINETTI.

Le Music-hall

. 29 septembre 1913 [publié en novembre].

• MARINETTI (Filippo Tommaso).

L'Imagination sans fils et les mots en liberté

. 11 mai 1913.

• RUSSOLO (Luigi).

L'Art des bruits

. 11 mars 1913.

5 placards in-folio de (2) ff. chacun, repliés : réunis dans un étui en demi-maroquin rouge.

Éditions originales.

Manifestes du monde nouveau.

Le futurisme, “moteur à toutes tendances” selon le mot d'Apollinaire, s'affirme comme un

mouvement pluridisciplinaire qui n'entendait laisser en repos aucun héritage du passé dans le

domaine littéraire, mais aussi politique, artistique ou musical.

Marinetti promeut “l'imagination sans fils” et l'usage du verbe à l'infinitif, la suppression de la

ponctuation, l'usage des signes mathématiques et des onomatopées, la révolution typographique,

etc. Il pose l'horreur de tout ce qui est vieux et connu, l'amour du nouveau et de l'imprévu. Son

Music-hall

, plus explosif encore, eut un retentissement international : “Il glorifie ce spectacle sans

traditions, qui mêle l'électricité, le cinéma, les numéros les plus curieux et traite tous les sujets

sans ordre, avec irrespect et dynamisme. Son analyse prend le contrepied de l'opinion ‘élitiste’ qui

déprécie ce spectacle considéré comme vulgaire et de simple divertissement” (Emmanuelle Toulet).

Et Marinetti de déclarer : “

Le futurisme veut transformer le Music-hall en Théâtre de la stupeur, du record et de la

physicofolie

”.

À rebours du bel canto et des “

sanglots longs des violons

” des concerts bourgeois, Luigi Russolo

revendique pour le musicien moderne tous les bruits, des percussions primitives au cri humain

comme expressions matérielles.

Afin d'obtenir ce qu'il nomme la “

peinture totale

(…)

, peinture état d'âme plastique de l'universel

”, Carrà

recommande de peindre “

comme les ivrognes chantent et vomissent, des sons, des bruits et des odeurs

.” C'est-

à-dire d'utiliser “

les rouges, rououououououges, très rououououges qui criiiiiient ; les verts, les jamais assez verts, les

très veeeeeerts striiiiiiiient ; les jaunes, jamais assez jaunes et explosants, les jaunes safran, les jaunes cuivre, les jaunes

d'aurore. Toutes les couleurs de la vitesse, de la joie, de la bombance, du carnaval le plus fantastique, des feux d'artifice,

des cafés-chantants et des music-halls, toutes les couleurs conçues en mouvement dans le temps et non dans l'espace

.”

L'Antitradition futuriste

, le

Manifeste-synthèse

d'Apollinaire dénote dans cet ensemble. Seul à avoir été

imprimé sous une forme proche du calligramme, il a parfois été pris pour la preuve d'une adhésion

du poète au mouvement futuriste quand il n'est que la manifestation d'une sympathie envers le

mouvement.

Le rédacteur du catalogue

1913

de la Bibliothèque nationale en relève l'ambiguïté : “Les deux

premières pages (…) présentent un collage de slogans empruntés aux manifestes précédents du

Mouvement. Quant au futurisme… : si les dédicataires du “merde” font sans nul doute l'unanimité

des futuristes, on est plus surpris à la lecture des bénéficiaires de la “rose” : ils représentent la

pléiade des amitiés et des sympathies d'Apollinaire en cet été 1913, et on y trouve les noms de bien

des opposants (quand ce ne sont pas simplement des indifférents) au futurisme.”

Très bel ensemble.

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