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Livres et Manuscrits
RTCURIAL
14 juin 2017 14h. Paris
Antoine de Saint-Exupéry à New York en 1942.
Photo © Helen K. Taylor.
Publiée dans
The New York Herald Tribune
du 10
octobre 1950.
Lettres et dessins d’Antoine
de Saint-Exupéry provenant
de Silvia Hamilton
C’est une de ces amitiés inattendues
comme il s’en crée en temps de guerre
qui leur a donné naissance. En effet,
sans la seconde guerre mondiale,
St-Ex. ne se serait jamais trouvé
à New-York, pendant ces années
terribles (de 1941 au début de 1943)
et moi, je n’aurais pas passé ces années
à m’efforcer sans grand résultat
d’apprendre le français, afin de
entrer dans mon univers. Certes il
n’était pas le seul expatrié français à
ronger son frein à New-York pendant
les années de guerre – pour autant
qu’un Français authentique ne trouve
pas contradictoire dans les termes
l’expression «expatrié français». Mais
ce qui rendait doublement illogique
et pénible son séjour sur la terre
d’Amérique, c’est qu’il avait avant tout
comprendre un poète dont j’avais lu,
en traduction, l’œuvre que j’adorais,
et de communiquer avec lui qui ne
parlait pas un mot d’anglais. Le cercle
des familiers des cafés littéraires et des
cocktails-parties, grâce auquel nous
fîmes connaissance, était mon univers.
C’est sa situation d’exilé – écrivain
de renom, il devenait nécessairement
une célébrité mondaine – qui le fit
la passion de l’aviation aussi bien que
la passion de la France. Il ne brûlait
pas seulement de revoir son pays.
Il brûlait de mettre à son service les
compétences éminentes qu’il savait être
les siennes.
Silvia Reinhardt, née Hamilton
(extrait de sa préface au catalogue de
la vente du 20 mai 1976)