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BEAUX-ARTS
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COCTEAU JEAN 1889 1963
Ensemble de documents autographes au sujet de
l’interdiction en 1938 de sa pièce « Les Parents Terribles ».
20 pages autographes in-4 et in-12 et 3 pages
dactylographiées corrigées.
3 000 / 4 000 €
Il s’agit de brouillons de lettres de Jean Cocteau destinées à diverses
instances dont le Président de la République, le Préfet de Police et
le Conseil Municipal de la Ville de Paris.
« Les Parents terribles », Georges et Yvonne, vivent dans le désordre
et l’inconscience. Yvonne aime son fils Michel d’un amour excessif,
elle est déchirée lorsqu’il lui révèle qu’il veut épouser sa maîtresse
Madeleine. Laquelle fréquente un homme âgé qui n’est autre que
Georges le mari d’Yvonne. La pièce se clos sur le suicide d’Yvonne
rongée par la jalousie.
Le rôle d’Yvonne devait être tenu par la grande Yvonne de Bray dont
on lira dans cet ensemble un magnifique éloge, immense comédienne
qui en raison de son état de santé fut remplacée par Germaine
Dermoz. Jean Marie lui jouait Michel.
Créée le 14 Novembre 1938, la pièce fut immédiatement un triomphe
malgré les attaques violentes d’une certaine presse qui y voyait une
apologie de l’inceste.
Tout allait pour le mieux lorsqu’un incident créa le scandale :
le directeur du Théâtre des Ambassadeurs où se jouait la pièce songea
à orir des matinées gratuites à la jeunesse des écoles. On parle alors
d’invitation à la débauche et un tollé se déclencha.
Les documents de cet ensemble permettent de suivre toute l’aaire
et montrent à quel point Cocteau en fut aecté, comparant le sort de
son œuvre à celui des livres brûlés dans l’Allemagne nazie. La Ville
de Paris, représentée par le Conseil Municipal (47 Messieurs incultes
selon Cocteau) étaient en eet pour partie gérante du Théâtre et elle
l’obligea à retirer l’œuvre. Le dramaturge Henry Berstein appuyait
ces manœuvres. Cocteau lui adressera une lettre dont une copie
autographe figure ici. L’on joint également la réponse dactylographiée
et signée d’Henry Berstein.
Cocteau réagit en plusieurs temps contre le Conseil Municipal :
« Le Conseil Municipal vient de se couvrir de honte et de ridicule.
Je ne le répèterai pas, ce serait enfoncer une porte ouverte. De quel
droit, je le demande, quarante-sept Messieurs incultes osent-ils
prendre, vis-à-vis de la jeunesse des écoles, des mesures qui ne
devraient être prises que par leurs Maîtres.
Un long post-scriptum figure ici, raturé et resté inédit, véritable défi
aux autorités : « Depuis trente ans, j’habite une maison de verre.
Si je fais des choses terribles, je les crie sur les toits, je ne demande
qu’un scandale… »