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BEAUX-ARTS

Lorsque Brel compose « Amsterdam », il imagine une chanson de

marin ressemblant à un tableau de Bruegel, avec une note classique

d’accordéon en sourdine (Jacques Perciot, Cinémonde 13/10/1964).

Dans son cahier, Brel commence par écrire ce couplet « Dans le

port d’Amsterdam / ya des marins qui boivent / qui boivent et qui

reboivent/ à [la santé des dames] et qui boivent encore », chiré 2 et

corrigé par un 3, au-dessous il compose un autre couplet chiré 2 et

corrigé par un 4, les derniers vers sont écrits à la fin du cahier. Ces

couplets seront respectivement les trois et quatrième de la version

définition de la chanson.

Sur la page suivante il écrit « Buvons à la santé des femmes qui nous

attendent » et quelques lignes plus bas « Dans le port d’Amsterdam ya

d marins qui boivent » avec encadré à côté quatre verbes conjugués à

la troisième personne du pluriel qui vont former la chute des deuxièmes

vers de chaque couplet : « pleurent », « dansent », « chantent » et

« mangent ». Il élabore ensuite sur deux colonnes la matrice du

deuxième couplet notant seulement la chute de chacun.

Vient ensuite des poissons « ruisselants / sur des nappes trop blanches »,

deux vers annotés d’une double flèche signifiant leur inversion dans la

version finale, le reste du couplet comporte de nombreuses ratures

et corrections.

Sur une troisième page, Brel a rédigé un autre couplet, 3 strophes de

quatrains dont « Dans le port d’Amsterdam / ya d marins qui pleurent

/ qui pleurent sans faire de larmes / qui pleurent de l’intérieur » ;

les deux autres strophes du couplet portent une accolade signifiant

que Brel les conservera dans la version finale pour les inclure dans

le premier couplet.

La chanson fut interprétée pour la première fois sur scène en 1964.

Brel aimait faire découvrir ses chansons à son public quelques

jours après les avoir achevées. Chantée en ouverture à Versailles,

le public ne l’accueillit pas avec enthousiasme, Brel préfèrera la

chanter en troisième position à l’Olympia. Dès le premier couplet,

le public est interloqué puis au terme de l’interprétation, le succès

est total. (Marc Robine)

Précieux et extraordinaire cahier de travail de Jacques Brel dans

lequel figure l’une des plus célèbres et géniales œuvres de la

chanson française.

PROVENANCE :

Vente Sotheby’s du 08/10/2008.