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44 [PORTULAN]. RUSSO (Jacobo). Portulan de la Méditerranée.

Jacobus Russus me fecit in nobili civitate Messane

Anno D[omi]ni 1588.

Messine, 1588. Manuscrit sur parchemin, 52 x 83,5 cm.

60 000 / 80 000

Précieuse carte-portulan couvrant tout le bassin méditerranéen, exécutée à Messine en 1588 par Jacobo Russo.

Les limites de la carte sont : au nord, les côtes de la Provence et de la Ligurie ; au sud, les côtes de l’Afrique du Nord ;

à l’ouest, les côtes atlantiques de la Péninsule Ibérique et de l’Afrique du Nord ; à l’est, la Mer Noire et la Mer Rouge.

Sur la languette est dessinée une représentation de la Vierge à l’Enfant tenant un globe terrestre. Un peu plus bas à

droite figure la mention

Jacobus Russus me fecit in nobili civitate Messane Anno D[omi]ni 1588

.

Cinq roses des vents, enluminées en rouge, vert et noir, sont disposées autour d’une rose centrale de 32 directions. Les

points intermédiaires des roses des vents ont les lettres M (Mistral ou nord-ouest), G (Greco ou nord-est), L (Libeccio

ou sud-ouest), S (Sirocco ou sud-est). Les bords supérieur et inférieur de la carte sont munis d’une échelle graduée.

Les toponymes, écrits perpendiculairement aux côtes, sont d’une écriture claire et régulière. Le vermillon est utilisé

pour les ports les plus importants, le brun pour les autres. Quelques grandes îles comme la Sicile et Candie (Crète),

quelques presqu’îles importantes telles que la Morée ou la Crimée, les estuaires du Dniepr et du Nil, sont cerclés de

vert, tandis que la Sardaigne ou Eubée sont cerclées de vermillon. Minorque est entièrement peinte en rouge, tandis

que Majorque est peinte de bandes rouges et noires. Les bancs de sable sont pointillés de rouge. La Mer Rouge est striée

de traits rouges.

Aux emplacements de Gênes et de Venise figurent deux grandes vignettes montrant un dessin de la ville (celui de

Gênes est reconnaissable à son port). Onze autres vignettes, de taille moins importante, ont été dessinées à proximité

de Lisbonne, Barcelone, Avignon, Raguse (Dubrovnik), et le long des côtes de l’Afrique (dont Le Caire et Alexandrie).

Trente-cinq drapeaux de onze nations sont dispersés à travers la carte, parmi lesquels on reconnaît la fleur de lys de la

France, le croissant de l’Empire Ottoman, les blasons du Portugal et de la République de Gênes.

Bien avant que les Oliva ne s’y installent, ce sont les Russo, Pietro puis Jacobo (probablement père et fils), qui

ont dessiné les premiers portulans dans la ville de Messine. Le premier portulan connu de Petrus Rubeus ou

Pietro Russo est daté de 1508, le premier portulan de Jacobo Russo est daté de 1520. Le nom de Jacobo Russo était

tout-à-fait inconnu des historiens de la géographie, quand l’écrivain génois M.-G. Canale le mentionna dans son

Histoire du commerce, des voyages, des découvertes et des cartes nautiques des Italiens

, publiée en 1866. Neuf ans plus

tard, en 1875, les bibliographes Amat de S. Filippo et G. Uzielli achevaient leur ouvrage sur l’histoire de la géographie

en Italie, dans lequel ils avaient recensé trois portulans de Jacobo Russo, à Parme, Turin et Florence, tous trois

représentant le bassin méditerranéen. Deux autres portulans furent par la suite découverts, l’un appartenant au

sénateur G. Cittadella à Padoue, et l’autre au comte de San Martino de Valperga. Soit au total cinq portulans : le premier,

daté de 1520, est aujourd’hui conservé aux archives d’État de Florence ; le deuxième, appartenant au comte de Valperga,

porte l’inscription «

Jacobus Russus me fecit in nobili civitate Massanæ a.d. 1535

». Le troisième, aujourd’hui conservé

à la

Biblioteca Palatina

de Parme, porte la même signature et la date de 1549. Le quatrième, conservé à Turin et daté

de 1565, ressemble de très près à celui de Florence. Le cinquième, de la collection Cittadella, est de 1588. Un portulan

daté de 1557, a fait l’objet d’une étude par le Dr. Hamy en 1888. Comme on peut le constater, les œuvres portant le

nom de Jacobo Russo s’échelonnent sur plus de soixante années, entre 1520 et 1588, on peut donc supposer qu’il y a

eu deux Russo, portant l’un et l’autre le prénom de Jacobo (on trouve également les variantes Jacopo ou Giacomo), et

se succédant à Messine.

…/…