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89 MALLARMÉ (Stéphane). L’Après-midi d’un faune. Églogue.

Paris, Alphonse Derenne, 1876.

Grand in-8

(304 x 215 mm), maroquin vert, pièces oblongues de maroquin bleu ou vert clair et de veau rose mosaïquées sur

les plats, tourbillons de lets dorés et argentés, titre et nom de l’auteur dorés en pied surmontés d’une ne bande

de veau rose, dos lisse muet, doublures et gardes de daim vert, couverture, étiquette de prix et cordons de soie rose

et noire conservés, chemise et étui gainés de maroquin vert, emboîtage de toile moderne (

Paul Bonet, 1960

)

.

8 000 / 10 000

É

,

É

M .

Cette illustration, rehaussée d’un léger lavis de rose par Manet lui-même, se compose d’un frontispice, d’un ex-libris

« passe-partout », sur lequel le bibliophile pouvait inscrire son nom, sur chine volant, et deux illustrations gravées sur

bois dans le texte : une étiquette et un cul-de-lampe.

Tirage à

195

exemplaires, celui-ci un des

175

sur hollande, justi é à l’encre rouge par Mallarmé sur l’ex-libris et bien

complet de l’étiquette de prix et des cordonnets de soie noire et rose.

L’Après-midi d’un faune

est considéré comme l’œuvre maîtresse du poète. Mallarmé attacha une grande importance à

sa publication, surveilla tous les détails de son édition. À sa sortie le poème n’eut pas le succès escompté ; Cladel, Dierx

et Mendès furent les seuls du Parnasse tout entier à lui apporter leur soutien. Le poète ne l’offrira ensuite qu’à ses

disciples et amis préférés.

S

P B ,

D

J

.

Elle est décrite sous le n°

1283

des

Carnets

du relieur où Paul Bonet (

1889

-

1971

), pour rappeler le mouvement

tourbillonnaire de l’eau repris sur son décor, cite dans ses notes le début d’un vers de Mallarmé : « Ô bords siciliens d’un

calme marécage… » (n°

1279

de ses

Carnets

).

« D’origine belge, Paul Bonet (

1889

-

1971

), épris de lecture, rêvant de peinture et plus largement de création, est d’abord

électricien puis modéliste en chapellerie, il est bibliophile et c’est le souci de recouvrir ses livres qui l’amène à la reliure.

Il est déçu par les pratiques ordinaires autant qu’envoûté par son strict contemporain, Pierre Legrain, sans lequel il

n’aurait probablement pas franchi le pas. relieur sous in uence avant de se libérer et de créer un style bien à lui. C’est

à compter de

1930

qu’il devient lui-même, c’est-à-dire un homme en proie à l’invention constante. Il ne cesse de

mettre au point des effets nouveaux. Tantôt il recourt à des matières peu usitées, comme le métal, ou à des techniques

singulières comme la découpe, la sculpture ou la photographie. Il scrute aussi les ressources de la tradition et les tourne

en d’autres révélations, ainsi qu’il le fait avec le let des reliures irradiantes. [...] Son œuvre marque profondément la

reliure dans son histoire comme dans sa pratique » (Yves Peyré).

Reproduite dans l’album

Musea Nostra

(Gand,

1996

, p.

82

), cette reliure a fait partie des expositions

Relieurs d’art

aujourd’hui

(Metz,

2001

, n°

5

, ill.) et

Une vie, une collection

(Bruxelles,

2008

, n°

170

, ill.).

Paul Bonet a réalisé pour le baron Louis de Sadeleer une reliure presque identique à celle-ci sur l’exemplaire de Stéphane

Mallarmé de

L’Après-midi d’un faune

. Celui-ci a ensuite appartenu à Édouard-Henri Fischer, dont le catalogue, établi

par Christian Galantaris, cite le présent exemplaire.

De la bibliothèque du poète Leonardo Sinisgalli (vente à Rome,

14

mai

1991

, lot

646

, ill.).

En français dans le texte, n°302 – Galantaris : Rimbaud, Verlaine, Mallarmé, n°321.

Devauchelle, III, 176-196 – Fléty, 27 – Peyré, 199.