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ESCHENBACH (WOLFRAM VON).
PARZIVAL
[STRASBOURG], [JOHANN
MENTELIN], 1477
ET
ESCHENBACH (WOLFRAM VON)
(PSEUDO-) [ALBRECHT VON
SCHARFENBERG]
TITUREL
[STRASBOURG], [JOHANN
MENTELIN], 1477
70 000 / 90 000 €
In-folio, 159 ff. pour ww, 1 f. bl. et 306 ff.
pour Titurel, complet [collation : 1-30
10
, 31
8
(de 10, avec les deux derniers feuillets du
cahiers des blancs supprimés] ; texte sur
2 colonnes de 40 lignes, sans réclames ni
signatures, espaces prévus et laissés en blanc
pour accueillir sans doute des illustrations
(miniatures), ici non réalisées; lettres d’attente
imprimées.
Reliure postérieure. Plein veau blond sur ais
de bois, dos à 3 nerfs larges soulignés de
filets dorés. Trace d’une ancienne pièce de
titre arrachée, avec quelques lettres du titre
à l’or encore visibles. Coins frottés. Cette
reliure a probablement été exécutée au XVII e
ou au XVIII e siècle sur les ais de bois de la
reliure originelle, dont on distingue encore
la trace des fermoirs. Boitier de conservation
articulé, plein maroquin (Devauchelle).
Dimensions : 295 x 210 mm.
Rarissime édition princeps de la plus
grande épopée allemande, œuvre fonda-
trice de la littérature de ce pays.
Wolfram von Eschenbach, né vers 1170 dans
le village de Bavière dont il porte le nom, est
mort aux alentours de 1220. Il fut à la fois
chevalier et poète. Son
Parzival
, de près
de 25 000 vers est considéré comme la
plus grande épopée allemande du temps,
la plus haute expression des sentiments
chevaleresques. S’inspirant et se démarquant
à la fois de Chrétien de Troyes, c’est la
première œuvre en allemand consacrée
à la quête du Graal. Eschenbach y narre
l’éducation et la quête de Parzival (Perceval)
ainsi que les exploits de Gawain (Gauvain).
Alors que Gawain représente le chevalier
laïc, triomphant essentiellement par son
art au combat, Parzival est un personnage
torturé, dont la quête est avant tout spirituelle.
Par rapport à Chrétien de Troyes, Wolfram
von Eschenbach a donné à son œuvre une
couleur ésotérique beaucoup plus prononcée
et chargé son œuvre d’une tonalité mystique.
Ici le Graal est représenté sous la forme
d’une pierre précieuse apportée sur terre
par les anges et confiée au roi du Graal et
ses descendants, protégée par les Templiers.
Le texte d’Eschenbach n’est plus seulement
une suite d’aventures, mais il est tout entier
axé autour de la question du bien et du
mal et de la responsabilité devant Dieu. Il
est également beaucoup plus réaliste, avec
notamment la description de son enfance
solitaire aux côtés de sa mère.
Cette œuvre fondatrice, une des premières
manifestations du génie poétique allemand
a directement inspiré Wagner.
Le second ouvrage est désormais attribué au
« Pseudo-Wolfram von Eschenbach ». Intitulé
Titurel
, nom du roi du Graal et arrière- grand-
père de Parzival, ce titre relate les amours
du jeune Schionatulander et de Sigune. Le
jeune homme, pour gagner l’amour de sa
dame, devra faire ses preuves de chevalier
combattant. Celle-ci lui jure en échange que
« les eaux brûleront avant que périsse son
amour ». Ces fragments furent complétés
vers 1260 peut-être par Albrecht von Schar-
fenberg, qui en tira une épopée de près de
50 000 vers. Cette œuvre, qui fut longtemps
attribuée à Eschenbach lui-même, fut l’une
des plus populaires du Moyen Age allemand
et se trouve logiquement relié à sa suite.
les collections aristophil
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