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L
ivres
modernes
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FLAUBERT (Gustave).
Madame Bovary. Préface par Léon Hennique.
Paris : Librairie des Amateurs, A. Ferroud, F. Ferroud successeur, 1905. —
In-4, 304x223 : (4 ff. premier blanc), IV,
334 pp., (1 f.), couverture illustrée. Maroquin havane janséniste, dos à nerfs, doublures de maroquin vert bordé
d’un filet doré et orné d’un encadrement composé de listels de maroquin rouge formant des compartiments
ornés de filets et de motifs dorés, gardes de soie moirée havane, doubles gardes de papier marbré, tranches
dorées sur témoins, couverture et dos conservés, étui (
Semet et Plumelle
).
1500 / 2000€
Édition tirée à 600 exemplaires.
Celui-ci est un exemplaire unique, sur papier Whatman, dont les compositions initiales d’Alfred de Richemont ont été rempla-
cées par 27 aquarelles originales en couleurs du peintre et illustrateur Fred Money (1882-1956), dont une figurant sur le titre,
6 dans le texte et 20 hors texte. Il porte à la justification, l’indication écrite par l’artiste, signée par ses soins et par François
Ferroud : «Exemplaire orné d’aquarelles originales ».
Fred Money avait été l’élève de Georges Antoine Rochegrosse à l’école des Beaux-arts de Paris. Peintre surtout de paysages,
ami d’Auguste Renoir, il fut influencé par les impressionnistes. Il illustra de nombreuses œuvres de Daudet, Dumas, Loti, Louÿs
ou encore Flaubert et notamment
Madame Bovary
en 1947. « La délicatesse de sa touche et la fraîcheur de sa palette, animée
par un travail approfondi sur la lumière, font de son œuvre un bel exemple de l’art impressionniste» (Benezit).
Les aquarelles figurant dans cet exemplaire furent réalisées en 1928-1929, c’est ce que l’artiste indique dans une des deux
L.A.S. jointes à l’exemplaire, adressées selon toute vraisemblance à François Ferroud. La première, d’une page et demie
in-12, est datée du 25 septembre 1928 : «En même temps que ce petit mot je vous adresse sous pli recommandé une série
d’aquarelles que je viens d’exécuter d’après nature dans le décor où Flaubert a fait vivre et se mouvoir ses personnages de
Madame Bovary. J’ai trouvé là les hêtres magnifiques dont il parle et aussi cette végétation luxuriante et spéciale à la Nor-
mandie […] J’ai fait cette série d’aquarelles très consciencieusement aussi j’espère que vous serez satisfait de l’ensemble de
l’ouvrage».
Dans la seconde lettre, d’une page in-12, Money semble faire référence aux aquarelles réalisées pour l’édition illustrée pu-
bliée par Ferroud en 1947 ; elle est datée du jeudi 22 mai (1947?) : « Je viens de terminer un Bovary. Vous conviendrait-il de
jeter un coup d’œil à ces aquarelles…»
En plus de ces 2 lettres, l’exemplaire est enrichi des pièces suivantes :
- Article de journal de Françoise Escoffier-Robida, intitulé
Le Secret de «Madame Bovary »
,
- portrait d’Anatole France par Henri Bellery-Desfontaines, en deux états, sur japon et sur vélin, tiré du
Génie latin
publié par
Pelletan en 1909,
- portrait de Flaubert gravé par Champollion d’après Caroline Commanville, sur japon, tiré de l’ouvrage de cette dernière
intitulé
Souvenirs sur Gustave Flaubert
publié chez Ferroud en 1895,
- la suite des 26 gravures sur bois d’après Money, sur vélin Lafuma, pour l’édition de
Madame Bovary
donnée par Ferroud en
1947. On voit de cette manière que l’artiste
s’est grandement influencé des aquarelles
faites dans cet exemplaire pour réaliser l’il-
lustration publiée presque 20 ans plus tard, la
plupart des gravures étant placées en regard
des aquarelles évoquant les mêmes sujets,
- suite sur japon avec remarque des 27 com-
positions d’Alfred de Richemont gravées par
Chessa,
- dessin original à l’encre de Fred Money
pour l’une des illustrations de l’édition de
1947,
- deux épreuves sur chine d’une gravure
pour
Madame Bovary
signée Cuisinier
(mouillures),
- reproduction du plan dressé par Flaubert
de la topographie de Yonville-l’Abbaye.
Exemplaire parfaitement conservé, en reliure
doublée de Semet et Plumelle.