Previous Page  40 / 200 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 40 / 200 Next Page
Page Background

38

I

ncunables

. C

ollection

de

J

ean

-B

aptiste

C

olbert

de

B

eaulieu

(1905-1995)

Exemplaire entièrement rubriqué en rouge

et bleu, pourvu d’une lettrine peinte et

dorée, et enrichi d’une vignette gravée du

XVI

e

siècle collée sur la première page de

texte. Il comporte également quelques notes

manuscrites de l’époque ou du début du XVI

e

siècle.

SUPERBE RELIURE À ENTRELACS EXÉCUTÉE

DANS LES ANNÉES 1880 PAR LE CÉLÈBRE

FAUSSAIRE THÉODORE HAGUÉ (1823-1891).

Hagué avait été formé à Reims chez le relieur

Jean-Baptiste Tinot dont la spécialité était,

d’après sa publicité, la « Reproduction de

Reliures Antiques de toutes les époques ».

Il partit pour Londres en 1858 où il travailla

dans l’atelier du relieur Joseph Zaehnsdorf

(1816-1886), relieur du roi de Hanovre, qui

réalisait des reliures « in the Monastic, Grolier,

Maioli and Illuminated styles ». C’est dans la

capitale anglaise qu’il rencontra le fameux

libraire Bernard Quaritch (1819-1899) ainsi

que Guillaume Libri (1803-1869) qui le guida

dans la restauration des reliures anciennes

authentiques. C’est à son retour en France

à la fin des années 1860, qu’il commença la

restauration d’ouvrages anciens et la réalisation

des fausses reliures, ayant alors pour clients

Joseph Renard ou encore Ambroise-Firmin

Didot. Après la guerre franco-prussienne, il

fut contraint par ses créanciers de quitter la

France pour la Belgique. Il installa son atelier à

Bruxelles sous le faux nomde J. Caulin et réalisa

de nombreuses reliures rétrospectives du XVI

e

siècle qu’il proposait comme authentiques

à Quaritch. Celui-ci finit par avoir des doutes

quant à l’authenticité des reliures vers la fin des

années 1880, renvoyant à Caulin une reliure

aux armes de Catherine de Médicis qui lui paraissait récente. Hagué mourut en Normandie en 1891. (Éléments biographiques

tirés de l’article

Nouvelles découvertes sur le relieur Théodore Hagué

de Jean-Paul Fontaine publié en 2013).

Dans les années 1880, Quaritch vendait les reliures de Hagué à Charles-Fairfax Murray, mais surtout à l’homme d’affaires

John Blacker (1823-1896) qui devint le seul client de ces reliures à partir de 1885 ; il en acheta 109, toutes avec des supposées

provenances prestigieuses (Diane de Poitiers, Jean Grolier, Thomas Mahieu, Anne de Montmorency, François I

er

, Henri II, etc.),

qui furent dispersées dans une vente anonyme chez Sotheby’s en 1897.

Cet exemplaire fait partie de l’une de ces 109 reliures acquises par Blacker, décrite sous le numéro 59 du catalogue de la

vente de 1897. Il s’agit d’une des 11 fausses reliures Grolier qu’il posséda, celle-ci reproduisant un décor d’entrelacs peints,

typique des années 1550 faites par le relieur du roi Estienne Gomar. Au centre du premier plat figure le super libris de Grolier

« Io Grolierii et amicorum », indication que, soit dit en passant, l’on trouve habituellement au bas du premier plat des reliures

authentiques, et sur le second plat la devise du collectionneur « Portio mea Domine sit in terra viventium » signifiant « Que

ma part, Seigneur, soit sur la terre des vivants ».

Exemplaire complet et très bien conservé, malgré un petit accroc sans gravité sur un bord du second plat et le premier et le

dernier cahiers légèrement décalés.

Provenances : John Blacker (cat. Sotheby’s,

Catalogue of a remarkable collection of books in magnificent Modern bindings,

11 novembre 1897, n° 59). - J.B. Colbert de Beaulieu, avec ex-libris. - Cachet noir sur le premier feuillet.